Il est ressuscité !
N° 262 – Janvier 2025
Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard
De Bethléem à Fatima
SAINT Luc nous apprend que dans la nuit de la Nativité de Jésus à Bethléem, « il y avait dans la même région des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux durant les veilles de la nuit : l’ange du Seigneur se tint près d’eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté, et ils furent saisis d’une grande frayeur. » (Luc 2, 8-9)
Qu’est-ce que la Gloire de Dieu ?
Comment peut-elle envelopper de lumière des bergers ? « Je n’en sais rien », avouait notre Père. Mais il rappelait qu’ « au vingtième siècle il y a eu des bergers qui ont été enveloppés de la grande lumière qui est Dieu. Ils ont dit des choses sur cette présence de Dieu que nulle part je n’ai jamais lues avant eux. »
Lucie, l’aînée de ces bergers de Fatima, après avoir vu et entendu l’ange du Portugal, en 1916, précurseur de la Reine des anges elle-même apparue l’année suivante, fut pénétrée toute sa vie de la présence divine, depuis l’âge de dix ans. Parvenue à sa quatre-vingt-huitième année, elle écrivait :
« Je vois l’ange présent dans l’Être immense de Dieu depuis toujours, et Il l’a envoyé sur la terre au jour et à l’heure qu’Il a fixés dans les desseins et les plans de son infinie miséricorde, comme un nouvel appel à la foi, à l’espérance et à l’amour. »
Sœur Lucie se souvient de cette première visite de l’ange, au printemps 1916 :
« Un jour, le Seigneur envoya son ange avec son message de paix et de prière, qui nous introduisit dans un climat de foi, d’espérance et d’amour, en disant :
“ N’ayez pas peur, je suis l’ange de la paix. Priez avec moi. ”
« Puis, s’agenouillant par terre, il baissa le front jusqu’au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l’avons imité en répétant les paroles qu’il avait prononcées :
« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne vous aiment pas. »
« Après avoir répété trois fois cette prière, l’ange se releva et leur dit :
« “ Priez ainsi ! Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. ” »
À Bethléem, dont le nom signifie « maison du pain », il y a deux mille ans, il en fut ainsi : « L’Ange du Seigneur se tint près d’eux et la Gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté ; et ils furent saisis d’une grande crainte. Mais l’ange leur dit : “ Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David. Et ceci vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. ”
« Et soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste, qui louait Dieu, en disant : “ Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance ! ”
« Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le Ciel, que les bergers se dirent entre eux : “ Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. ” Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire. » (Luc 2, 9-16)
À Fatima comme à Bethléem, dans les paroles de l’ange à Fatima, comme dans le Gloria in excelsis des anges de Bethléem, nous pouvons dire avec sœur Lucie : « Je vois Dieu qui commence, par son ange, à nous ouvrir le chemin de la foi : “ Mon Dieu, je crois ! ” Parce que la foi est le fondement de toute notre vie spirituelle, le terreau d’où provient la sève qui nous alimente et nous donne la vie. C’est par la foi que nous voyons Dieu et que nous le rencontrons, comme le disait le prophète Élie : “ Par le Seigneur Dieu qui est vivant, devant qui je me tiens ! ” Si nous vivons pénétrés de cette vérité, dans cette réalité, notre foi grandira, se fortifiera et nous amènera à entrer dans l’immensité de l’être suprême de Dieu.
« Saint Paul dit que nous sommes le temple de Dieu ; oui, mais c’est plus que cela : Dieu est notre temple ; nous nous y trouvons immergés dans l’Être immense de Dieu qui voit tout, pénètre tout et à tout donne l’être et la vie. De même qu’un poisson ne peut vivre en dehors de l’eau, ainsi nous ne pouvons vivre sans Dieu. Dieu est le vaste océan où nous habitons et agissons, en respirant l’air du Souffle divin, dont Dieu nous gratifie à chaque instant.
« C’est dans cet océan que je vis, immergée en lui et n’en sortant jamais. Il m’a prise dans ses bras de Père et m’a conduite là où il a voulu m’amener. J’ai cru en lui et à lui je me suis remise jusqu’à ce qu’il veuille me prendre et m’amener à ce nouveau jour où je le servirai, je l’adorerai et l’aimerai sans fin, pour toujours.
« “ Priez ainsi ” : avec foi et confiance, en adorant humblement et en aimant, pour que les Cœurs de Jésus et de Marie puissent accueillir votre prière et l’offrir au Père comme l’humble fruit de son œuvre rédemptrice. »
Ainsi, Fatima est comme un nouveau Bethléem « parce que en Dieu, écrit sœur Lucie, il n’y a ni passé ni futur, tout est présent dans son Être immense, comme si tout se passait dans le même instant ».
C’est pourquoi « c’est vers Dieu, par la foi, que je vais fixer mon regard, parce que c’est en Dieu que je trouve le principe qui, lui, est sans principe.
« Je vois Dieu qui commence, par son ange du Cabeço, à nous ouvrir le chemin de la foi :
“ Mon Dieu, je crois ! ” »
Depuis le jour de cette première apparition de l’ange, au printemps 1916, Lucie n’a plus cessé de “ voir Dieu ”.
« Saint Irénée dit que la gloire de Dieu est la vie de l’homme et que la vie de l’homme est la vision de Dieu, écrit-elle. Si la manifestation de Dieu donne la vie à tous les êtres de la terre, combien plus la manifestation de Dieu par le Verbe donne la vie à tous ceux qui voient Dieu ! » Parce qu’ils le voient de leurs yeux, depuis qu’il a pris chair dans le sein virginal de Marie à Nazareth, pour naître à Bethléem neuf mois plus tard.
Tout au long des siècles de l’Ancien Testament, les scribes inspirés expriment l’attente de voir paraître la « Face » de Dieu. Lorsque Marie contemple le visage de l’Enfant qu’Elle vient de mettre au monde, à Bethléem, la « Maison du Pain », Elle “ voit ” Dieu !
Et nous... de même, chaque fois que le prêtre élève l’Hostie qu’il vient de consacrer en célébrant la messe, pour l’offrir à notre adoration puis, au moment de la communion, pour nous la donner en nourriture, nous le voyons... nous regarder !
« Hostie divine, Pain descendu du Ciel,
Que le Père nous a donnée et qui a allumé en moi
Une flamme laborieuse, que ton amour embrase,
Présente en moi, divine Hostie, je t’adore et je t’aime, je veux être avec toi consacrée, offerte au Père,
Flamme ardente, pour me perdre en toi,
Dans l’Éternité de ton Être immense.
« Petite Hostie, je veux être avec toi,
Fais de moi, pour Toi, ton vivant tabernacle.
Que Tu puisses y demeurer, comme cette fournaise ardente
Que ton amour présent ne laisse pas s’éteindre.
Tu resteras là, Flamme toute brûlante,
Que ton amour entretient, avec la lumière de ton regard. »
Ce poème adressé au Cœur eucharistique de Jésus-Marie par la vénérable sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé à l’âge de quatre-vingt-huit ans, est le secret de toute sa longue vie. Il consonne parfaitement avec celui que nous a laissé notre Père, lui-même aujourd’hui occupé avec elle à accomplir leur commune « louange de gloire », à l’honneur du Cœur Sacré de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie qui ne font qu’un.
frère Bruno de Jésus-Marie