Il est ressuscité !

N° 262 – Janvier 2025

Rédaction : Frère Bruno Bonnet-Eymard


Une encyclique sans destinataire 

La lettre encyclique Dilexit nos 
du Saint-Père François sur l’amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ (3)

AVEC cette encyclique, le pape François entend remettre au centre des préoccupations des catholiques,  sinon de tout un chacun, la dévotion au Sacré-Cœur, qu’il veut expliquer dans ce long texte. Intention certainement louable. Mais, menée par l’Esprit qui a prévalu au concile Vatican II, que devient alors la dévotion au Sacré-Cœur ? Un quiétisme tranquille, anesthésiant, que le Pape voudrait utiliser à l’instauration de la « civilisation de l’amour » selon le pape Paul VI, civilisation où le monde est au cœur des préoccupations de l’homme, qui en est le centre. Il suffirait donc d’avoir du cœur, d’aimer, et tout irait mieux dans notre monde, car ce qui manque aujourd’hui, c’est l’amour. Vraiment ? Et pourquoi donc ?

Dans les trois premières parties de ce long texte que nous avons étudiées ces deux derniers mois (cf. Il est ressuscité nos 260 et 261, novembre et décembre 2024), il n’y a point de mention du péché originel, point de sacrifice rédempteur non plus, point de jugement éternel, encore moins de condamnation, point d’enfer et de diable révolté contre Dieu, ni d’ailleurs de ciel. Voilà qui pourrait au moins expliquer que tout aille si mal partout ! Point d’Église où la hiérarchie dépendante du Christ enseigne dans la docilité au Saint-Esprit, procédant du Père et du Fils.

Pour le Pape, il faut d’abord un recentrement du cœur de chacun sur soi-même, pour que chacun se découvre lui-même à lui-même et se grandisse. Alors, une certaine attention à “ l’autre ” lui sera un révélateur pour lui-même de ce qu’il est. Le Pape, qui excelle à mettre en scène l’Évangile, illustre son propos par l’évocation d’un Jésus très attentif, bon et compatissant à toute misère humaine, pour la soulager. Mais c’est en mettant de côté toute controverse du même Jésus, si terrible avec les pharisiens, les scribes, les sadducéens. C’est pourtant dans l’Évangile aussi !

Les manques dans la théologie du pape François sont considérables, et découlent logiquement de la religion conciliaire occupée de construction du monde et du “ culte de l’homme ”. C’est à ce titre que cette encyclique sans destinataire, nous concerne tout particulièrement, nous les Petits frères du Sacré-Cœur, fils de l’abbé de Nantes, le seul théologien du vingtième siècle à s’être publiquement et constamment opposé aux nouveautés pernicieuses de Vatican II, et ce dès avant la clôture du Concile, annonçant le désastre à venir, et qui ne peut plus être dissimulé aujourd’hui. Car, à l’école de notre Père fondateur, nous sommes à même de comprendre, réfuter, mais aussi largement compléter et finalement profiter même de cette encyclique où le Pape, parvenu au soir de sa vie, nous livre ce qu’est sa religion.

Ainsi de la troisième partie de Dilexit nos, où la théologie “ totale ” de notre Père fait merveille, car elle correspond si bien au souci du Pape de proposer une théologie du Sacré-Cœur, cependant en le dépassant largement par des richesses de compréhension de ce qu’est la vie trinitaire, toute de circumincessante charité.

Lorsque le pape François évoque les interventions de ses prédécesseurs au sujet du Sacré-Cœur, il en ressort rapidement que le vrai problème est celui des “ révélations privées ”. Dieu a-t-il le droit de parler à son Église, de faire des demandes à la hiérarchie, de s’occuper de nos affaires humaines, par l’intermédiaire de bergères ou de religieuses ? Notre Père a magnifiquement résolu la question en montrant que si la hiérarchie à le devoir de juger de la véracité et authenticité des faits surnaturels, elle a d’autant plus le devoir de s’exécuter lorsque le Ciel demande, commande même ! (cf. La vraie question : les révélations privées, Excursus in Il est ressuscité no 261, décembre 2024).

Le pape François, quant à lui, termine la troisième partie de son encyclique par une profession de quiétisme sous les prétextes conjugués du rejet d’un prétendu jansénisme moderne et de l’avènement du temps de la Miséricorde de la doctrine faustinienne. « Aucune autre parole n’est nécessaire » que : « J’ai confiance en Toi. » ( no 90)

L’encyclique aurait pu s’arrêter là, dans une indifférence à tout finalement. Mais nous ne sommes qu’au tiers de l’encyclique, et le Pape introduit sa quatrième partie, en annonçant qu’il va traiter d’ « expérience spirituelle personnelle » et d’ « engagement communautaire et missionnaire » ( no 91).

IV. L’AMOUR QUI DONNE A BOIRE
(Nos 92 à 163)

Le pape François a voulu donner à cette quatrième partie plus historique une grande importance, et c’est ce qui fait l’originalité de cette encyclique.

En partant des origines bibliques, le Pape montre une progression dans la compréhension du dessein d’amour de Dieu et veut en nourrir ses lecteurs. Profitons-en à notre tour, d’autant que la plupart des saints abordés et parfois longuement cités par le Pape sont ceux mêmes auxquels notre Père n’a cessé de se référer. Et qu’il a étudié dans ce qu’il a appelé l’orthodromie divine, c’est-à-dire la direction que Dieu imprime à l’histoire dans son éternel présent, même si, ici-bas, nous n’apercevons que l’apparent chaos des événements. La perspective du Saint-Père est-elle identique à celle de notre père ? C’est toute la question.

« 92. Revenons aux Saintes Écritures, les textes inspirés qui sont le lieu principal où nous trouvons la Révélation. »

Principal ? Y a-t-il donc d’autres lieux “ secondaires ” où l’on trouve la Révélation ? Le Pape complète aussitôt : « En elles et dans la Tradition vivante de l’Église, se découvre ce que le Seigneur lui-même a voulu nous dire tout au long de l’histoire. » Aïe ! ces deux petites phrases anodines sont le condensé de toute l’hérésie de Dei Verbum, constitution du concile Vatican II sur les sources de la foi. Et c’est maintenant entré comme naturellement dans la pensée de l’Église : « À la lecture des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, nous recueillerons quelques-uns des effets [sic !] de cette Parole au cours du long cheminement spirituel du Peuple de Dieu. » ( no 92)

Que s’est-il passé ? « Un premier schéma, intitulé De fontibus revelationis, élaboré par la Commission théologique du cardinal Ottaviani en parfaite conformité avec la doctrine traditionnelle de l’Église sur les “ deux sources ” de la Révélation que sont l’Écriture et la Tradition, fut écarté en novembre 1962 à la suite d’une opposition violente des réformistes, conduits par le cardinal Liénart. “ Ce schéma ne me plaît pas, déclarait péremptoirement l’archevêque de Lille, dès l’ouverture des débats, le 14 novembre. Il n’y a pas, il n’y a jamais eu deux sources de la Révélation, il n’y en a qu’une seule, la Parole de Dieu, la Bonne Nouvelle annoncée par les prophètes et révélée par le Christ. La Parole de Dieu est l’unique source de la Révélation. Ce schéma n’est qu’un traité froid et scolastique, alors que la Révélation est un don suprême de Dieu, de ce Dieu qui s’adresse directement à nous [sic !]. Nous ferions mieux de penser un peu plus comme nos frères séparés qui ont tant d’amour et de vénération pour la Parole de Dieu. ” » (Lettre à mes amis no 186, 15 octobre 1964, Préparer Vatican III, p. 40)

Pour donner à comprendre l’enjeu de ce débat sur “ les sources ” de la Révélation, l’abbé de Nantes compare la Vérité divine contenue dans notre Credo à « une eau vive dont Jésus-Christ est la source historique terrestre et le Collège apostolique le bassin d’accumulation. La tradition ecclésiastique, par son culte, ses dogmes, sa discipline, la véhicule et en est à travers les siècles le canal, unique et continu. Enfin l’organe de distribution, c’est l’Église enseignante, c’est le Magistère infaillible, auquel nous autres ne demandons rien autre chose que l’eau de Source, et non pas l’eau fétide ou sucrée de leurs puits ni le vin de leurs tonneaux. » (ibid., p. 43)

« Ainsi nous avons accès par l’Église à la Tradition apostolique où nous entendons et lisons la Parole de Dieu, sans autre voile que celui de la foi. L’œuvre de l’Église elle-même a consisté en une “ tradition ” continue et fidèle de cette Révélation première aux générations successives [...]. C’est l’Esprit-Saint qui garantit ce travail zélé et attentif des serviteurs de la Parole de Dieu. De l’Église et de Jésus-Christ, de la Tradition ecclésiastique et de la Révélation il ne faut faire difficulté, c’est tout un. » (ibid., p. 44)

« L’enseignement de l’Église, c’est la foi, et la foi c’est la tradition par l’Église de la Parole de Dieu reçue de Jésus-Christ et enseignée d’abord par les Apôtres. C’est net. » (ibid., p. 45)

Au Concile, le réformisme eut gain de cause par ruse. La Tradition de l’Église fut rejetée au profit de l’Écriture. Non pas seule, et c’est ici l’astuce diabolique, mais adjuvée du concept semi-moderniste inventé par Maurice Blondel de « Tradition vivante » pour échapper aux condamnations de saint Pie X. Notre Père continue sa parabole en mettant en scène la pensée du réformisme conciliaire :

« Nous voilà donc bien séparés de la Source, du fait de cette douteuse et malencontreuse canalisation ecclésiastique ! Ne l’accablons pas cependant, changeons plutôt la représentation que nous nous en faisions, en suivant Blondel ! La Parole de Dieu, le Christ n’est plus alors une source lointaine dans un désert, mais plutôt une nappe d’eau souterraine qui imprègne et envahit les consciences et sourd invisible dans toute l’humanité. Chaque siècle doit forer ses puits et c’est toujours la même Eau vive qu’il retrouve, mais jeune, nouvelle, toujours meilleure. Plus besoin de l’eau vieillie de nos manuels, cherchons la Vérité moderne d’aujourd’hui et découvrons dans les aspirations obscures de la conscience humaine les paroles neuves de l’éternel Mystère du Christ ! “ Il nous plaît que le texte propose de la Tradition une conception vive, dynamique, en la faisant consister non seulement dans les écrits, mais encore dans le culte et dans la pratique de l’Église. Nous aimons cette affirmation selon laquelle la Tradition croît ou se développe par la contemplation intérieure, à l’exemple de la Vierge Marie ”, disait encore le cardinal Ritter. Cette “ croissance de la Tradition ” est “ un approfondissement de la connaissance du mystère du salut sous l’influence permanente du Saint-Esprit ”.

« La conséquence immédiate, – elle est déjà signalée par saint Pie X dans Pascendi –, le Père Wenger la tire avec les réformistes : “ La tradition vit dans tous les membres de l’Église, donc aussi chez les laïcs... Le rôle du magistère est d’interpréter cette Tradition, en sorte qu’elle présente aux yeux des fidèles le caractère d’authenticité (vous entendez bien ! seul est authentique ce qui exprime et traduit la vie profonde et mystérieuse que le Peuple de Dieu porte en soi !) qui se vérifie dans sa conformité et son harmonie avec l’Écriture. ” C’est tout Blondel ! C’est l’immanentisme le plus absolu. Ce qui passe de génération en génération, ce n’est pas la vérité d’une doctrine claire dont le Magistère a la garde. C’est une vie, un mystère, une conscience chrétienne, ce sont des expériences divines dont la hiérarchie n’a qu’à être le récipiendaire et le témoin, à charge pour elle de bien faire ce travail de représentation des masses divinisées, en s’aidant de l’Écriture. “ Aime, et crois ce que tu veux ”, enseignait le Père de Lubac ; maintenant nous savons que les évêques et le Pape sont faits pour t’écouter, dire ta croyance et la transformer en “ dogme ” du moment ! Selon les novateurs, le Concile ne parle qu’au nom du Peuple et la fidélité à Dieu passe par cette auscultation du Mystère de ce Peuple où vit le Christ et dans lequel il se révèle ! » C’est exactement ici le propos du pape François.

Et notre Père concluait son analyse sur le moment même, en octobre 1964 : « L’hérésie est au Concile. » (ibid. p. 50-51)

SOIF DE L’AMOUR DE DIEU.

« Dans l’allégresse, vous puiserez de l’eau aux sources du Salut. » (Is 12, 3) En latin, « Haurietis aquas in gaudio », c’est par ces mots que Pie XII avait commencé son encyclique sur le Sacré-Cœur, en 1956. Et c’est par cette prophétie messianique que le pape François introduit son explication biblique. La « source » purificatrice, vivifiante, le Pape la contemple encore sourdre du côté du Temple, selon l’oracle d’Ézéchiel, grandiose : « Cette eau redonnera au peuple une plénitude d’existence, telle une source qui jaillira du Temple et répandra la vie et la santé sur son passage :  Voici qu’au bord du torrent il y avait une quantité d’arbres de chaque côté [...]. Partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmille vivra [...] car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent (Ez 47, 7. 9). » ( no 93)

Puis, tout naturellement, le Pape résume en un paragraphe les prescriptions de la mishnah rabbinique pour décrire la cérémonie de la fête des Tentes : « Une grande procession se rendait au Temple où, à la fin, on faisait sept fois le tour de l’autel, et l’eau était offerte à Dieu au milieu d’un grand vacarme. » ( no 94) On se frotte les yeux ! Frère Bruno nous a souvent expliqué comment ces textes rabbiniques sont la compilation au troisième siècle après Jésus-Christ de traditions orales, antiques certes, mais post-chrétiennes, et même anti-christ en réalité. Cela est très bien connu, et c’est dommage qu’aucun bibliste romain ne l’ait fait remarquer au Pape. Comme aussi qu’il avait omis un détail dans son résumé : la libation d’eau devait être accompagnée d’une libation de vin, mais bien séparée. On ne peut s’empêcher de voir ici un démarquage de la messe où le prêtre, depuis les liturgies primitives de l’Église, offre le calice du vin où une goutte d’eau a été mêlée, qui deviendra le Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ à la consécration. Notre-Seigneur qui a dit être le Temple, et qui a eu le Cœur transpercé d’où ont jailli le Sang et l’eau. Ces prescriptions de la mishnah pour la fête des Tentes, datent d’un moment où le Temple n’existe plus, et en réalité, ne représentent qu’un démarquage des sacrements de l’Église, en particulier de l’Eucharistie, pour faire accroire que les Évangiles ont copié les usages des juifs. Or, c’est tout le contraire. Mais le Pape ne s’en rend pas compte.

Il poursuit le figuratif de la source jaillie du Temple, avec la prophétie de Zacharie si émouvante : « Je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé [...]. En ce jour-là, il y aura une fontaine ouverte pour David et pour les habitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure. » (Za 12, 10 ; 13, 1) ( no 95)

Suit un paragraphe, chef-d’œuvre classique de modernisme : d’abord « les premiers chrétiens ont vu cette promesse s’accomplir dans le côté transpercé du Christ », ensuite « l’Évangile de Jean », et enfin « l’évangéliste » ( no 95). Remettons les choses à l’endroit : c’est d’abord Jean, fils de Zébédée, qui est présent au calvaire et qui voit le côté transpercé de Jésus, et qui l’atteste dans son Évangile, pour que tous croient !

Le pape François affirme quand même : « La source ouverte, c’est le côté blessé de Jésus-Christ » ( no 96). Et il enchaîne sans sourciller : « Nous constatons que l’Évangile situe ce moment sacré précisément  le dernier jour de la fête  des Tentes (Jn 7, 37). » Quel « moment sacré » ? Le Calvaire, le vendredi où Jésus fut cloué en croix et eut le Cœur transpercé ? Au jour de la fête des Tentes ? La formulation française est pour le moins incohérente et ambiguë... (en tout cas beaucoup plus que la version italienne). Mais c’est une bonne explicitation de tout ce qui précède, car pour un moderniste, au fond, il n’y a pas d’inconvénient à télescoper les événements : « Jésus proclame au peuple qui célèbre la grande procession [prescription de la mishnah, mais inconnue de l’Ancien Testament] : “ Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive [...]. De son sein couleront des fleuves d’eau vive ” (Jn 7, 37-38). C’est pour cela que son  heure devait venir, car Jésus n’avait pas encore été glorifié (Jn 7, 39). Tout s’accomplira dans la fontaine débordante de la Croix » ( no 97).

Pour le Pape, Jésus accomplit donc la prophétie de la mishnah (IIIe siècle après Jésus-Christ). Que nous sommes loin du témoignage de saint Jean (voir encart ci-dessous) !

LE TEMOIGNAGE DE SAINT JEAN : LE SANG ET L’EAU DU CŒUR DE JESUS
par frère Bruno de Jésus-Marie
31. « Comme c’était la Préparation, les juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat – car ce sabbat était un grand jour –, demandèrent à Pilate qu’on leur brisât les jambes et qu’on les enlevât. »

La fête a commencé par l’immolation de l’Agneau pascal en cette fin de journée du Vendredi ; chacun va retourner chez soi pour le manger en famille. Le lendemain, qui coïncide avec la fête de Pâque cette année-là, est un jour saint entre tous. Il ne faut pas que les cadavres souillent la terre sainte. Il faut enlever ça !

« Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l’autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils virent qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage – son témoignage est véritable, et Celui-là sait qu’il dit vrai – pour que vous aussi vous croyiez. Car cela est arrivé afin que l’Écriture fût accomplie : Pas un os ne lui sera brisé. Et une autre Écriture dit encore : Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. »

Avec une solennité extraordinaire, Jean témoigne de ce qu’il a vu, et du mystère aperçu dans ce geste insolite du soldat transperçant le côté du supplicié. S’il n’avait été pénétré de respect pour cet Innocent, ce soldat lui aurait brisé les jambes comme aux autres. Or, il n’en a rien fait. Pourquoi cette exception ? Pour accomplir la prophétie qui promettait la protection de Dieu au juste persécuté :

« Yahweh garde tous ses os, pas un ne sera brisé. » (Ps 34, 21)

Bien plus : la Loi de Moïse prévoyait qu’on mangerait l’agneau pascal sans lui briser aucun os (Ex 12, 46), parce que cet agneau représentait Quelqu’un de sacré. Le soldat a eu, par quelle inspiration divine ? cet égard pour le véritable Agneau de Dieu (Jn 1, 29) qui venait de sacrifier sa propre vie pour le salut du monde. Une fois de plus, les juifs qui avaient demandé à Pilate qu’on brisât les jambes des condamnés, sont frustrés.

Ébloui de ce qu’il a saisi de son regard d’aigle, le disciple en appelle au témoignage du Maître : « Celui-là sait qu’il dit vrai », sûr de convertir quiconque apprendra ces merveilles : on ne Lui brisa pas les jambes, mais on Lui transperça le côté, d’où il sortit du Sang et de l’Eau. Deux mille ans après, nous savons nous aussi qu’il dit vrai. Nous le vérifions sur le Saint Suaire : la silhouette visible sur le Saint Drap montre des jambes intactes. Sur la poitrine, on distingue l’empreinte de la Plaie ouverte par le fer de lance, de forme ovale, un peu oblique. Une massive coulée de sang a dessiné une tache découpée par des échancrures arrondies et par des espaces clairs qui sont non pas des “ manques ” dans l’empreinte, mais des marques de l’ « eau » jaillie du péricarde.

Tout cela est criant de vérité, comme une expertise de médecin légiste, reconstituant le geste noble, précis, du soldat achevant le condamné, geste non seulement légal, mais véritablement guidé par la main de Dieu même, et c’est par là que le témoignage de saint Jean transperce notre cœur de sa pointe lumineuse : « afin que vous croyiez ». Car le prophète l’avait annoncé : Jérusalem en viendrait, dans son endurcissement, à transpercer Celui qui lui serait envoyé comme Bon Pasteur. Mais, son forfait commis, saisie de repentir, elle se convertirait : tribu par tribu, famille par famille, tous tour­neraient les yeux vers Celui qu’ils avaient transpercé et ils feraient un grand deuil, le retrouvant comme Sauveur :

« Mais je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé : ils se lamenteront sur lui comme on se lamente sur un fils unique ; ils le pleureront comme on pleure un premier-né. » (Za 12, 10)

Après avoir annoncé que Jérusalem et tout le pays, « clan par clan », mèneront grand deuil sur ce mystérieux Transpercé, le prophète passe soudain des larmes versées à une source mystérieuse, comme si elles en jaillissaient :

« En ce jour-là, il y aura une fontaine ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem, pour laver péché et souillure. » (Za 13, 1)

Au même moment où Jérusalem verra le Messie transpercé, ce sera comme une source jaillissante qui les aspergera tous pour les purifier, les sanctifier, enlever leurs péchés, les convertir. Le moment est venu. Saint Jean a véritablement assisté à l’accomplissement de cette prophétie. Déjà coulent à flots le Sang de la Rédemption et l’Eau du Baptême fécondée par ce Précieux Sang, eau purifiante et vivifiante qui confère l’Esprit-Saint.

(Bible, Archéologie, Histoire, t. 3, p. 39.)

Le Pape poursuit en citant encore le livre de l’Apocalypse : « 98. Dans le livre de l’Apocalypse, le Transpercé réapparaît :  Chacun le verra, même ceux qui l’ont transpercé  (Ap 1, 7). »

Le Pape a coupé ici la citation de saint Jean, et pour cause ! Car voici la fin du verset qui plante un tout autre décor : « et sur lui se lamenteront toutes les races de la terre. Oui, Amen ! » (Ap 1, 7) Ici, saint Jean annonce le jugement qui va venir pour le crime, car il y a bien eu un Sauveur transpercé, même s’il « réapparait » (sic !), “ ressuscite ” serait plus exact...

Mais le Pape n’a pas parlé un seul instant de la culpabilité des juifs.

Alors, tout est irénique dans ce quiétisme sans jugement ni péché de déicide : « La fontaine est ouverte : Que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie, gratuitement ” (Ap 22, 17). » ( no 98) « Gratuitement », c’est cela qui attire le pape François, sans voir que c’est pour le Ciel, et pour ceux qui y parviendront, après le jugement (Ap 22, 14-15). Car il y aura un jugement, c’est toute la teneur du livre de l’Apocalypse de l’annoncer.

Pour le pape François, cela ne compte pas.

« 99. Le côté transpercé est en même temps le siège de l’amour, un amour que Dieu a déclaré à son peuple avec des paroles si variées qu’il vaut la peine de les rappeler. » Et de citer les plus beaux passages de l’Ancien Testament.

Le Pape ne présente pas leur contexte, et c’est dommage, car cela retire à ces passages de leur saveur, et surtout une dimension essentielle : l’amour de Yahweh, la miséricorde, certes « gratuite », vient après le châtiment pour l’infidélité, aux jours du repentir.

Le premier ensemble de citation est tiré de la deuxième partie du livre d’Isaïe, dont l’auteur, l’Inconnu de l’Exil comme l’appelait notre Père, chante l’Espérance d’Israël alors en exil à Babylone. Les juifs ont été infidèles à Yahweh qui les en a punis durement : prise de Jérusalem en 586 avant Jésus-Christ, déportation à Babylone, horrible ! Mais maintenant, après presque soixante-dix ans d’Exil, Yahweh va faire miséricorde, Yahweh console son peuple revenu à Lui dans le malheur en une terre étrangère, par la bouche de son prophète :

« Tu comptes beaucoup à mes yeux, tu as du prix et je t’aime. » (Is 43, 4)

« Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. Vois, je t’ai gravée sur les paumes de mes mains. » (Is 49, 15-16)

« Les montagnes peuvent s’écarter et les collines chanceler, mon amour ne s’écartera pas de toi, mon alliance de paix ne chancellera pas. » (Is 54, 10)

Le Pape cite ensuite un verset du livre de Jérémie (Jr 31, 3). Chronologiquement, il est antérieur de quelques années à la prise de Jérusalem. Mais c’est le même thème qui court déjà. Le prophète Jérémie dans ce chapitre 31 s’adresse à Israël à la toute fin du septième siècle avant Jésus-Christ, la partie nord de la Palestine schismatique, envahi et malheureux depuis déjà 721 avant Jésus-Christ. Et il leur dit : dans votre malheur, vous avez perdu tous vos biens, toute votre civilisation, vous êtes comme retournés au temps de l’Exode, au désert, mais dans ce temps-là, Israël était comme une fiancée qui suivait Yahweh jusque dans le désert, une fiancée fidèle ! Eh bien, maintenant, dans ce désert, vous vous êtes refait une virginité. Vous allez vous réconcilier avec Dieu !

« Ainsi parle Yahweh : Il a trouvé grâce au désert, le peuple échappé à l’épée. Israël marche vers son repos [comme au bon vieux temps !]. De loin Yahweh lui est apparu : D’un amour éternel je t’ai aimée [au féminin], aussi t’ai-je conservé ma faveur. De nouveau je te bâtirai et tu seras rebâtie, vierge d’Israël. De nouveau, tu te feras belle avec tes tambourins, tu sortiras en dansant joyeusement. De nouveau tu planteras des vignes aux montagnes de Samarie. Oui, un jour viendra où les veilleurs crieront sur la montagne d’Éphraïm : “ Debout ! montons à Sion, vers Yahweh, notre Dieu ! ” » (Jr 31, 2-6 ; le Pape n’a cité que le verset 3 mis en gras)

Un jour, Samarie sera restaurée et entrera dans la réforme de Josias. Ils ne rétabliront pas les autels à Baal et le temple schismatique de Samarie, ils monteront à Jérusalem. Nous serons tous réunis, tout le pays sera tout entier réconcilié ! « Criez de joie [...] “ Yahweh a sauvé son peuple, le reste d’Israël ! ” » (Jr 31, 7) C’est beau, c’est magnifique ! (cf. frère Bruno de Jésus, Survol de la Bible, conférences de septembre 1977)

Enfin, le pape François cite le cri d’exultation messianique du prophète Sophonie : « Ton Dieu est au milieu de toi, héros sauveur ! Il exultera pour toi de joie, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie. » (So 3, 17) Sophonie est un contemporain de Jérémie, aux aurores du sixième siècle avant Jésus-Christ. Saint Luc a montré l’accomplissement de cette prophétie dans son évangile comme notre Père nous l’a un jour expliqué (voir encart ci-dessous).

DIEU AU MILIEU DE NOUS

MAINTENANT, pour ce qui est  de l’Enfant de cette Vierge qui enfante, que pouvons-nous dire de cet Enfant ? Cet Enfant, saint Luc est absolument d’accord avec saint Matthieu – Matthieu le dit d’une manière très brève, en disant que c’était l’Emmanuel annoncé par Isaïe (Is 7, 14) : « Emmanuel, Dieu avec nous. » Mais pour saint Luc, cela prend une vigueur extraordinaire : c’est Dieu au milieu de nous. Comment le signale-t-il ?

Il le signale en reprenant certains textes de l’Ancien Testament et son texte lui-même est comme établi en parallèle. Par exemple, avec le texte de Sophonie (So 3, 14-17). Je prends la chose là dans l’Initiation théologique, un article de notre même Laurentin. Vous allez dire que j’ai Laurentin dans la tête, mais je suis tellement content d’avoir repris ses études, que je lui ai écrit l’autre jour mon contentement pour lui montrer quand même que, par-dessus les barrières de nos oppositions sur l’actualité, il y a toujours entre nous quand même la foi catholique que nous avons apprise ensemble au séminaire, puisque j’étais avec lui à l’Institut Catholique de Paris.

Voici ce qu’écrit Sophonie :

Réjouis-toi, en grec, Χαῖρε [kaïrè], fille de Sion.

Sophonie écrit cinq cents ans avant la naissance du Christ.

Réjouis-toi, fille de Sion, le roi d’Israël, Yahweh, est en toi.

En hébreu : beqirbekh, ce qui veut dire : “ dans tes entrailles, dans ton sein ”. La fille de Sion dont il est question, c’est Jérusalem, pour Sophonie ; ne faisons pas de Sophonie un ultra-visionnaire. Il est en train d’expliquer que, dans les temps messianiques, Dieu reviendra en Sion, au centre de sa ville, au sein de son peuple.

« Le roi d’Israël, Yahweh est en toi. » Yahweh est le nom propre de Dieu, dans l’Ancien Testament.

Ne crains point, Sion, Yahweh ton Dieu est en toi [littéralement : en ton sein], en vaillant sauveur.

Sauveur : Yéšûca en hébreu, c’est le mot même que va reprendre le nom de Jésus ; Yéšûca en hébreu veut dire “ Dieu sauve ”, le Sauveur, Dieu sauveur. C’est précisément le Nom de Jésus !

Je ne sais pas si vous vous rappelez ce que je viens de vous dire de Sophonie, mais quand on prend Luc (Lc 1, 28-32), que dit l’ange à la Sainte Vierge ?

Je lis Sophonie, premier mot : « Réjouis-toi. » L’ange dit à la Sainte Vierge : « Réjouis-toi », c’est le même mot : Χαῖρε [kaïrè].

« Réjouis-toi, fille de Sion », « Réjouis-toi pleine de grâce ». Ah ! c’est un peu différent, “ pleine de grâce ”, mais la fille de Sion c’est la ville sainte, c’est Jérusalem. C’est la Sainte Vierge qui, dans le texte de saint Luc, remplace mot à mot, littéralement, Jérusalem.

« Réjouis-toi, fille de Sion, pleine de grâce, le roi d’Israël, Yahweh, le Seigneur. » Le mot “ Seigneur ”, Kύριος [Kurios] veut dire le Nom de Dieu, dans le grec néo-testamentaire, c’est la même chose. « Le roi d’Israël, Yahweh, est en toi », « le Seigneur est avec toi ».

« Ne crains point Sion », « Ne crains point Marie ». Vous vous rendez compte du parallèle !

« Yahweh, ton Dieu, est en toi », « Voici que tu concevras en ton sein », c’est le même mot : beqirbekh en hébreu. « Yahweh ton Dieu est en toi, Jérusalem. » Luc reprend les mêmes paroles, les mettant dans la bouche de l’Ange – ou c’est la Vierge qui lui a dit que l’Ange avait parlé ainsi – et l’Ange lui dit : « Tu concevras en ton sein et engendreras un fils. » Qui ? Il s’agit de Dieu dans le premier texte, dans le second aussi.

« Et ce sera ton vaillant Sauveur », « Dieu vient en ton sein pour être, ô Jérusalem, ton sauveur » et « Tu lui donneras le nom de Sauveur ». « Il régnera », etc.

Vous voyez, par la comparaison de ces deux textes, le caractère extraordinairement savant de cet Évangile de saint Luc. Qu’est-ce que cet Évangile nous apprend ? Que l’Ange a révélé à la Vierge, qui était probablement fort intelligente et connaissant parfaitement les Écritures, qu’il se passait en elle ce que le prophète avait annoncé : un jour, Dieu lui-même viendrait habiter au sein de son peuple. C’était une réalisation tellement matérielle que l’habitation de Dieu au sein de son peuple serait sous la forme d’un enfant dans le sein de sa mère. Ah ! c’est prodigieux ! Voilà Dieu, Fils de Dieu, le Roi d’Israël venant dans le sein de son peuple, dans le sein de la Vierge.

(Extrait de Théologie mariale,
par l’abbé de Nantes, Josselin, mai 1980.)

Puis très finement, le pape François termine par une évocation du prophète Osée : « 100. Le prophète Osée va jusqu’à parler du cœur de Dieu qui  les menait avec des attaches humaines, avec des liens d’amour  (Os 11, 4). À cause de cet amour méprisé, il pouvait dire : Mon cœur en moi est bouleversé, toutes mes entrailles frémissent.  (Os 11, 8) Mais la miséricorde l’emportera toujours (cf. Os 11, 9), elle atteindra sa plus haute expression dans le Christ, parole ultime d’amour. »

C’est bien le sens du mime prophétique accomplit par Osée, mais que le Pape n’explique pas et pour cause, car cette histoire d’Osée nous garanti contre toute fausse mystique quiétiste.

« Osée, le premier, fut appelé par Dieu à vivre une certaine aventure qui devait être le symbole de l’alliance contractée par Dieu avec son peuple. Sur l’ordre divin, Osée prit une femme du nom de Gomer, qui le quitta après lui avoir donné des enfants, pour se livrer à la prostitution. Il ne cessa pourtant point de l’aimer, apprenant d’expérience combien un amour fort non payé de retour peut être douloureux.

« C’est dans cette épreuve qu’il devint le confident de Yahweh, de sa divine jalousie. Un jour, Dieu permit à Osée de s’en aller quérir l’infidèle :

« “ Va de nouveau, aime une femme aimée de son mari et pourtant adultère, comme Yahweh aime les enfants d’Israël, bien qu’ils se tournent vers d’autres dieux et qu’ils aiment leurs gâteaux de raisin. ” (Os 3, 1)

« Et le prophète la racheta, au prix d’une esclave, puis lui imposa une rigoureuse continence sous sa surveillance, pour la purifier et la rééduquer. Telle est la révélation de l’amour de l’Époux divin pour son peuple : amour trompé, malheureux, pourtant fidèle, qui triomphera finalement des obstacles que lui oppose le péché, par divine miséricorde.

« La fausse mystique, l’illusion commencent par oublier cette pauvreté radicale de la créature aimée de Dieu. Il s’ensuit un misérable contresens : l’âme se croit désirée de Dieu comme une femme jeune et jolie peut être l’objet d’un amour quelconque. D’emblée, Osée ne laisse planer aucun doute sur la valeur de l’épouse : “ Accusez votre mère, accusez-la !... 

« Elle n’est que péché ! Coupable de cultes idolâtriques dont l’une des formes les plus communes était précisément une prétendue union à la divinité simulée par la prostitution sacrée. Le symbolisme était parlant : l’infidélité à Dieu dont le culte était spirituel se manifestait sans fard par des simulacres grossiers de mariage avec les idoles. Et de même que la prostituée s’en va chercher argent et cadeaux pour salaire de ses crimes au lieu de se contenter des biens de son époux qu’elle reçoit en partage, de même Israël, s’en allant rendre un culte odieux aux Baals pour recevoir moissons et vendanges de ces divinités de la nature et de la vie, au lieu de tout attendre de Yahweh.

« Et parce que l’amour de Dieu ne dépend pas des qualités de l’objet de son amour, mais de la seule élection divine, le nouvel amour qui naîtra de l’épreuve n’en aura pas moins la douceur et la pureté du premier amour. » (Frère Bruno de Jésus-Marie, Il est ressuscité no 123, décembre 2012, p. 13)

Le Pape conclut :

« 101. Dans le Cœur transpercé du Christ se concentrent, inscrites dans la chair, toutes les expressions d’amour des Écritures. Il ne s’agit pas d’un amour simplement déclaré, mais son côté ouvert est source de vie pour celui qui est aimé, il est cette fontaine qui étanche la soif de son peuple. »

C’est entendu, mais c’est quand même court, et ce n’est pas une citation de Jean-Paul II qui remédie.

Car enfin, l’Amour de Yahweh est un amour jaloux, qui ne supporte pas l’adultère, ni la prostitution, pour employer le langage des prophètes fustigeant l’idolâtrie des juifs. Le Cœur de Dieu est sensible aux outrages des hommes, c’est ce que le Pape ne nous dit pas, et que l’Ancien Testament recèle de plus précieux, et cela depuis le livre de la Genèse, au temps du Déluge : « Yahweh vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre et son cœur ne formait que de mauvais dessins à longueur de journée. Yahweh se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et il fut affligé dans son Cœur. » (Gn 6, 5-6) Ce sont les deux premiers emplois dans la Bible du mot hébreu lèb, le cœur. L’un pour désigner la méchanceté des hommes, l’autre pour faire ressentir l’outrage qui “ fait de la peine ” selon le sens de l’hébreu, au Bon Dieu. S’en suivit le Déluge, qui est un jugement, comme la fin du monde, parce que Dieu en a assez de ces hommes qui se battent les uns contre les autres, qui se moquent de lui, qui sont pleins d’orgueil et de méchanceté. Noé a cependant trouvé grâce aux yeux de Dieu qui va le sauver, en lui ordonnant de construire une Arche. Et Yahweh conclura une Alliance avec lui, dont le signe sera l’arc-en-ciel, après que la Colombe eut annoncé la fin du châtiment.

En vérité, c’est cela l’Amour de Dieu au long de l’histoire sainte, qui aboutit à Jésus, le Messie, mourant sur la Croix pour exciter le repentir de son peuple infidèle, le racheter, lui montrer son Amour et donner ses grâces de Miséricorde à qui voudra bien en profiter, en être reconnaissant. C’est notre foi catholique... à laquelle le pape François préfère la vision éthérée d’un prétendu amour de Dieu absolument gratuit et finalement indifférent à ce que font les hommes.

À l’autre bout de l’histoire, l’ange du Cabeço a encore rappelé aux enfants de Fatima, au printemps 1916, après leur avoir enseigné la prière “ Mon Dieu, je crois... ” : « Priez ainsi ! Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. »

Puis à l’été 1916, alors que les enfants jouaient chez Lucie, au puits de l’Arneiro, l’ange renouvela ses instances :

« – Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup ! Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez sans cesse au Très-Haut des prières et des sacrifices.

« – Comment devons-nous nous sacrifier ? demanda Lucie.

« – De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. »

Ainsi, du récit du Déluge à l’appel de l’Ange, le Bon Dieu révèle la tristesse, le chagrin de son Cœur offensé par les pécheurs, et demande réparation pour faire miséricorde. Puisse le pape François entrer dans ce dessein du Sacré-Cœur ! (à suivre)

frère Sébastien du Cœur de Marie Immaculée.