14 JUIN 2020 - SAINT-SACREMENT

Les bienfaits de la communion sacramentelle
en notre âme

EN cette fête du Très Saint-Sacrement, mettons-nous à l’école de saint Pierre-Julien Eymard afin d’apprendre à goûter la saveur cachée de la Sainte Eucharistie qui non seulement contient toute vertu mais est en même temps un remède pour nos infirmités spirituelles ; une force pour nos défaillances journalières et une source de paix, de joie et de bonheur.

« L’Eucharistie est un antidote divin qui nous délivre des fautes quotidiennes et nous préserve des mortelles : c’est un feu qui consume en un instant la paille de nos infirmités spirituelles. La Pénitence nous lave de la tache de la faute ; mais, tout purifiés que nous soyons, il nous reste une pente à remonter : le démon, chassé, conserve des intelligences dans la place. Jésus vient en nous pour détruire les restes de nos péchés, contrebalancer notre pente mauvaise, et empêcher le démon de nous réduire de nouveau en sa puissance.

« La sainte Communion est plus qu’un remède ; elle est une force : elle nous aide puissamment à devenir bons, vertueux et saints.

« Certes, il est difficile d’acquérir une vertu chrétienne. Une vertu est une qualité de Jésus dont nous devons nous revêtir ; c’est une éducation divine, ce sont les mœurs de Jésus en nous. Or, dans la sainte Communion, Jésus se forme lui-même en nous : il devient notre propre Maître. Il éveille par les inspirations de son amour la reconnaissance que nous lui devons comme à notre bienfaiteur, le désir de lui ressembler, le pressentiment du bonheur qu’il y a à l’imiter et à vivre de sa propre vie. Que la vertu a de charmes à l’école de la Communion !

« Comme la douceur est facile sous l’action de la bonté si tendre de Jésus se donnant à nous dans la douceur de son Cœur ! Comme le cher prochain est beau quand on le voit nourri du même pain de vie, assis à la même Table divine, aimé avec tant d’effusion par Jésus-Christ ! Comme la pénitence, la mortification, le sacrifice perdent leur amertume quand on a reçu Jésus crucifié ! Comme le communiant sent en lui l’impérieux besoin d’embrasser la vie de Celui qui l’a sauvé, qui lui a donné l’Eucharistie !

« En effet, dans la Communion toutes les grâces agissent à la fois ; toutes les vertus du Sauveur se réfléchissent en notre âme sous l’action puissante de ce Soleil divin qui est en nous, qui nous pénètre de sa lumière et de ses feux. Entendez, en effet, cette parole de Jésus : “ Celui qui mange mon Corps et boit mon Sang demeure en moi, et je demeure en lui. ” C’est donc une cohabitation de Jésus dans le communiant, du communiant en Jésus ; une société de deux vies, une union ineffable d’amour, une même vie en deux personnes.

« La sainte Communion est encore le bonheur.

« Qu’est-ce que le bonheur, sinon la possession réelle et permanente de Dieu ? Or, voilà le fruit divin de la sainte Communion.

« Elle est encore la paix. Jésus est le Dieu de la paix. D’un mot Jésus apaise les tempêtes, d’un regard il dissipe et terrasse nos ennemis.

« La Communion est encore la source de toute douceur. L’âme humble et recueillie se sent dilatée sous l’action de ce Soleil d’amour ; elle éprouve un bien-être, une agilité, une suavité, une force d’union, d’adhésion à Dieu qui ne vient pas d’elle-même ; elle sent Jésus en tout son être ; elle se voit comme un paradis habité par Dieu, dont elle veut être la cour, répétant toutes les louanges, les actions de grâces, les bénédictions que les Anges et les Saints chantent à Dieu dans la gloire.

« Heureux moment de la Communion, qui nous fait oublier l’exil et ses misères ! Ô doux repos de l’âme sur le Cœur même de Jésus ! Il le savait bien, ce bon Maître, que nous avions besoin de temps en temps de goûter la douceur de l’amour !

« On ne peut pas toujours être sur le Calvaire de la douleur, ni dans la mêlée du champ de bataille. L’enfant a besoin du sein de sa mère ; le chrétien, du sein de Jésus. Après tout, le bonheur fait l’amour : on n’aime que ce qui rend heureux. – Ne cherchez donc pas ailleurs. Le Sauveur n’a pas mis ce bonheur divin dans les vertus, ni dans ses autres mystères ; il ne l’a mis qu’en lui-même : il faut le manger lui-même pour goûter pleinement son bonheur. « “ Goûtez et voyez combien le Seigneur est doux ”, a dit le prophète. Et Notre-Seigneur a dit aussi : “ Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle. 

« Les vertus du Sauveur ne sont donc que le chemin ; les divers mystères de sa vie, de sa Passion même, ne sont que les voies diverses qui doivent aboutir au Cénacle eucharistique c’est là seulement que Jésus a établi sa demeure permanente ici-bas ; c’est là qu’il faut demeurer, vivre et mourir. »

(La Divine Eucharistie, extraits des écrits de saint Pierre-Julien Eymard, deuxième série : La Sainte Communion, p. 93-99)