7 FÉVRIER 2021

Puissance et bonté de Jésus

NOUS reprenons notre récit de Marc. L’évangile de ce dimanche va nous révéler que Jésus, cet homme si fort qui sort de la synagogue pour se rendre chez saint Pierre est aussi un cœur tendre, un homme pieux.

29 « Et aussitôt, sortant de la synagogue, il vint dans la maison de Simon et d’André, avec Jacques et Jean. » Remarquez la précision du détail. On voit très bien que la maison est aux premiers et que les deux autres sont invités. C’est un témoin oculaire qui raconte les choses avec l’ultime précision de celui qui les a vécues.

30 « Or la belle-mère de Simon était au lit avec la fièvre, et aussitôt ils lui parlent à son sujet. »

Simon est bien ennuyé parce qu’il comptait sur sa belle-mère pour faire la cuisine et servir le maître et ses premiers disciples. Rien n’est prêt, Simon s’excuse auprès de Jésus, les autres parlent de la gravité de la fièvre... enfin, tout cela est pris sur le vif. Jésus écoute en silence et il agit sans rien dire :

31 « S’approchant il la fit se lever en la prenant par la main. Et la fièvre la quitta, et elle les servait. »

Jésus opère ce miracle de bonté avec une simplicité exquise. Au seul contact de cette main qui est la main du Fils de Dieu, la belle-mère de Simon est guérie le plus simplement du monde, sans tapage. Elle retrouve aussitôt toutes ses forces, et elle va les servir avec une reconnaissance, un empressement que l’on imagine.

32 « Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques,

À partir du coucher du soleil, le sabbat était terminé, et donc on pouvait marcher, reprendre toutes les activités, c’est la raison pour laquelle toute une foule se rassemble autour de la maison où se trouve Jésus.

33 et la ville entière était rassemblée devant la porte. »

Évidemment, saint Marc amplifie, la ville entière ! Tout le monde n’y était pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’il y avait une foule.

34 « Et il guérit beaucoup de malades atteints de divers maux, et il chassa beaucoup de démons. Et il ne laissait pas parler les démons, parce qu’ils savaient qui il était. »

Ainsi s’achève la première journée du ministère public, Jésus a recruté ses premiers apôtres, il a fait connaissance avec eux, il a chassé les démons, multiplié les miracles, sans condition... Le règne de Dieu est arrivé. On voit que celui qui l’a vécue, Simon-Pierre, se rappellera toujours cette journée inouïe. Et Marc, son secrétaire, l’a racontée le plus simplement du monde du matin au soir. Comment est-ce qu’on pourrait douter du sérieux du témoignage de pareil auteur !

Il y a cependant une chose curieuse, que nous allons trouver tout au long de saint Marc, c’est cette consigne du silence qu’on a appelé aussi le secret messianique : Jésus ne veut pas que l’on dise qu’il est le Messie, ni qu’on exalte sa sainteté. Il fait taire les démons, comme aussi les braves gens qui viennent d’être miraculeusement guéris, voilà qui est bien contraire aux exigences d’une bonne propagande. Ordinairement quand un homme veut être célèbre, quand il veut s’imposer, prendre la direction d’un pays, il fait sa campagne électorale ou publicitaire, et plus on parle de lui, plus il est heureux. Jésus au contraire arrête toutes ces flammèches pour que cet incendie ne se propage pas. C’est lui qui doit commander les événements ; il veut avant tout former les âmes à sa Révélation, il ne faut donc pas que le peuple soit entraîné par un enthousiasme frénétique qui serait bien mêlé d’orgueil...

35 « Le matin, bien avant le jour, il se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert, et là il priait. 36 Simon et ses compagnons le poursuivirent et, l’ayant trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. »

C’est la première fois que nous voyons, dans l’Évangile de saint Marc, l’allusion à la prière de Jésus. C’est très stupéfiant quand on y pense, car Jésus paraît doué d’autorité, il chasse les démons, il est donc supérieur à tous, et cependant on le surprend tôt matin, seul, priant humblement dans la campagne aux alentours de Capharnaüm. Il s’était si bien caché qu’il fut difficile de le retrouver.

38 Il leur dit : « Allons ailleurs, dans les bourgs voisins, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis sorti. »

Termes très simples, matériellement cela veut dire : J’ai quitté Capharnaüm tôt matin, parce qu’il ne faut pas que je me laisse emprisonner par les gens de cette ville, j’ai beaucoup à faire. Jésus doit habituer les hommes à profiter de ses bienfaits et de sa parole en passant, car il a reçu mission d’enseigner tout le peuple d’Israël. Mais, comme il lui arrivera souvent, Jésus emploie des mots à double sens, il fait des jeux de mots.

Ici, le jeu de mots consiste à dire une parole banale : « je suis sorti » (sous-entendu de Capharnaüm), mais cette parole banale cache un sens sublime, un sens profond. Jésus est sorti du sein du Père, non pas pour prêcher à un endroit, mais à tous les hommes. Ces paroles d’un seul coup nous révèlent une connaissance du destin humain universel et éternel de Jésus. Elles nous touchent parce que ce sont des paroles toujours actuelles : Jésus est sorti aussi pour nous, aussi pour me rencontrer.

39 Et il s’en alla à travers toute la Galilée, prêchant dans leurs synagogues et chassant les démons.

C’est le règne de Dieu qui entre dans les faits et qui va se propager dans toutes les villes d’Israël.

Aujourd’hui, dans notre société, les démons règnent en maîtres dans les institutions nationales ou internationales, voilà pourquoi tant et tant de malheureux souffrent et meurent ! Que pouvons-nous faire là contre, nous qui ne sommes rien ? Il ne nous est pas demandé de polémiquer, ni de nous battre, ni de prêcher dans les rues, ni de faire des miracles ou de nous épuiser en mortifications, mais de PRIER. La Sainte Vierge à Fatima est venue nous demander de prier le chapelet tous les jours. Pourquoi ? Parce que Dieu est attentif à la voix suppliante de nos prières, et elles produisent leur effet, même si nous ne le voyons pas de nos yeux.

Alors oui, unissons-nous à nos frères catholiques du monde entier pour demander à Dieu que le Nom du Père soit sanctifié, que le règne du Sacré-Cœur de Jésus vienne, et que la volonté du Saint-Esprit soit faite sur la terre comme au Ciel. Cette volonté la Sainte Vierge nous l’a révélée à Fatima, c’est que dans le monde entier on vénère et chérisse son Cœur Immaculé.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de la retraite S 90 (sept. 1986) :
Commentaire de l’Évangile selon saint Marc