28 MARS 2021 - RAMEAUX
Entrée en carême avec
la bienheureuse Marie du Divin Cœur
POUR entrer dans notre semaine sainte, méditons une instruction que la bienheureuse Marie du Divin Cœur a prononcé le dimanche des Rameaux 1895 et que notre Père aurait pu écrire de sa main, tellement il est entré dans les sentiments de cette sainte religieuse, du jour où il l’a découverte :
« Demain, mes chères sœurs, nous entrons dans la semaine sainte. Pour bien disposer nos âmes, considérons un instant la grandeur de l’amour que notre adorable Sauveur nous a témoigné, la générosité et le courage avec lesquels il a souffert, pour ensuite en tirer une leçon pour nous-mêmes.
Il appartient à la nature de l’amour de rechercher le bien de celui que l’on aime et d’y contribuer. Plus l’amour est grand, plus le désir est brûlant et énergique. C’est de cet amour de bienfaisance que Notre-Seigneur Jésus-Christ nous aime. Il voit l’humanité dans les chaînes de l’esclavage du démon, dépourvue de la grâce divine et gisant par le péché sous la colère du Père Céleste. Aucune créature, ni homme ni ange, n’était en mesure d’arracher les chaînes de Satan, de nous rendre les biens perdus et de nous réconcilier avec le Père Éternel. Alors, la deuxième Personne de la Sainte Trinité s’est offerte en sacrifice et, comme dans sa nature divine, elle ne pouvait ni souffrir ni mourir, elle se revêtit de notre chair mortelle pour procurer au Père la réparation nécessaire et nous réconcilier avec Lui.
Notre-Seigneur a dit lui-même que la plus grande preuve d’amour est de donner sa vie pour ses amis. Mais qu’a-t-Il fait lui-même ? Il est descendu du trône de sa Gloire pour embrasser une vie de pauvreté et de souffrances, et puis il est mort, non pour ses amis mais pour ses ennemis, pour leur rendre les biens qu’ils avaient perdus.
Nos cœurs seraient des cœurs de pierre s’ils ne voulaient entendre un tel langage et s’exclamer avec l’Apôtre : « Il m’a aimé et s’est livré pour moi ». Oui, Il nous a aimés uniquement pour nous faire du bien. Il nous a aimés malgré nos offenses, malgré nos péchés, malgré notre misère pour nous offrir les fruits abondants de la Rédemption. Pendant toute sa vie, Notre-Seigneur nous a donné des preuves éloquentes de son amour de bienfaisance. L’Évangile dit qu’il passa en faisant le bien. Et plus la fin de sa vie approcha, plus le feu de son amour se montra brûlant, comme une flamme qui redouble d’intensité, avant de s’éteindre. Lors de la dernière Cène, écoutons-le prononcer les paroles émouvantes : « J’ai tant désiré manger cette Pâque avec vous. »
Pourquoi son Cœur brûlait-il de ce désir ? Pour nous montrer qu’après avoir aimé les siens, Il les a aimés jusqu’au bout. Oui, vraiment, il nous a aimés jusqu’au bout de sa vie, aimés jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’aux extrêmes limites du possible.
N’est-ce pas son amour sans limites qui le porta à instituer l’adorable Sacrement de l’Autel pour nous offrir à tous uniquement des grâces et des bienfaits qui soient à notre portée ? Lui qui, par un seul regard, pouvait abattre ses ennemis, ne sut qu’être bon pour eux. Il a prié pour ses ennemis du haut de la Croix et imploré sur eux la miséricorde de son Père. Enfin, il nous a fait don de sa très Sainte Mère, en confiant à sa sollicitude maternelle le genre humain tout entier. Et même après la mort, lorsque son adorable Cœur avait déjà cessé de battre, le feu de son amour n’était pas encore éteint. Il fallut que son Cœur soit ouvert et que jaillisse un torrent d’eau pour nous purifier du péché. Il fallut que son Sang s’écoule pour nous remplir de ses grâces et nous enivrer du vin du saint amour.
Une autre manifestation de l’amour est la compassion pour le malheur et les souffrances de ceux qu’on aime. Cette preuve de son amour, notre adorable Maître nous l’a également donnée. Dans les paroles qu’il a prononcées lors de la multiplication des pains : « J’ai pitié de cette foule », se trouvent résumés les traits caractéristiques de son amour.
La miséricorde et la bonté de son Sacré-Cœur sont comme un océan sans limites. Il ne peut voir aucune misère sans la secourir. Il verse des larmes lors de la mort de Lazare, il pleure et gémit sur le terrible sort de Jérusalem qui a rejeté son amour, son désir de la sauver. Ce bon Sauveur, qui partage toutes nos peines, trouve son bonheur à les alléger. « Venez à moi vous tous qui travaillez et peinez sous le fardeau et je vous soulagerai. »
N’est-ce pas aussi la compassion pour nos misères qui l’a poussé à instituer la Sainte Eucharistie ? Ici, dans le Saint-Sacrement, nous trouvons un Consolateur dans nos souffrances, un Médecin pour nos maladies et nos faiblesses, un Conseiller dans nos doutes, un Refuge sûr dans les persécutions du monde. Nous trouvons un Père qui veille jour et nuit sur ses enfants, un Ami qui sait nos besoins, un Époux qui connaît les sentiments les plus intimes de notre cœur.
Sur le chemin de la Croix, il oublie ses propres souffrances pour consoler les femmes de Jérusalem. Et, cloué sur la Croix, il s’offre en Victime pour le salut du monde. Là, il convertit le larron et lui ouvre la porte du Paradis ; puis, il incline son Chef adorable pour nous donner le baiser de paix et nous parler de sa miséricorde qui l’a fait descendre jusqu’à notre néant et notre misère.
Ayons donc confiance, mes chères sœurs, en ce bon Maître et demandons-lui au pied de la Croix d’avoir également de la compassion pour nous et de ne jamais permettre que nous nous éloignions de lui. Même si nous sommes devenues une proie de nos propres fautes, ne craignons pas.
Jésus est notre espérance, Jésus est notre Sauveur. Renouvelons la promesse, dans tous nos besoins, dans toutes nos souffrances, de nous tourner vers lui et soyons sûres que son Cœur nous reste ouvert, toujours prêt à nous écouter, nous consoler, nous pardonner.
Enfermons-nous dans l’adorable Cœur de notre Époux, unissons-nous à lui par la résolution généreuse de ne rien chercher que lui et de ne vivre que pour lui et soyons courageuses dans la pratique joyeuse du sacrifice ! Ne refusons rien à notre Dieu qui nous a tant aimées ! Et ainsi, notre union avec lui sera toujours plus étroite jusqu’à ce que, dans l’éternité, la fête de Pâques soit pour nous aussi la récompense de tout ce que nous aurons fait et souffert pour notre Divin Modèle. »
Frère Bruno de Jésus-Marie
Extrait du sermon du 2 mars 2014