30 JANVIER 2022

L’Hymne à la charité de saint Paul

NOUS avons vu dimanche dernier comment saint Paul, en définissant l’Église comme le Corps mystique du Christ, nous donnait une vision relationnelle de l’Église. Aujourd’hui, il nous parle du mystère de la charité qui embrase le Cœur de l’Église toute à la ressemblance de son divin Époux.

Or, chose très curieuse, la charité dont parle saint Paul dans cet Hymne à la charité n’est pas la charité envers Dieu… mais l’amour du prochain. Saint Paul exalte en effet la patience, la bonté, la générosité envers ceux avec qui nous vivons. Il donne en exemple une charité très quotidienne, pratique, une charité de proximité avec les mille circonstances que la vie peut nous offrir. Et il termine en disant : la Foi, l’Espérance passeront. Mais la Charité demeurera.

Qu’est-ce que cela veut dire ? Il faut comprendre tout d’abord que la charité fraternelle est celle d’un membre du Christ, c'est-à-dire d’un être humain rempli de l’amour divin pour un autre être rempli lui aussi d’amour divin. Cet amour fraternel demeurera, nous dit saint Paul. C’est affirmer qu’au Ciel nous ne serons pas seulement dans le Face-à-face éternel de chacun avec Dieu, mais nous serons surtout dans le Face à face du Corps qu’est l’Église avec son Époux, le Christ. Donc, nous continuerons à nous aimer les uns les autres du même amour dont nous nous serons aimés sur la terre.

Cela ne doit pas nous étonner puisque Dieu, dans le Christ, sera alors « tout en tous et remplira tout » (Ép. 1, 23). Au Ciel, en nous aimant les uns les autres, nous découvrirons ce que nous savions déjà dans la Foi : en nous aimant les uns les autres, c’est Dieu que nous aimons l’un dans l’autre. Et nous découvrirons au Ciel que nous avions bien raison de nous aimer, puisque nous étions déjà, les uns et les autres, membres de la plénitude du Christ dans son Corps.

À la lumière de cet enseignement, nous comprenons que la charité n’est rien d’autre que le saint Amour, le divin Amour. C’est l’Église avec ses millions de membres qui, tous, selon leur statut et la mesure de leur grâce, s’aiment et se rendent service les uns les autres.

La charité est relationnelle. Elle est faite de liens mutuels, de liens nourriciers et organiques au Chef du Corps, qui est Jésus-Christ. Elle est lien à Jésus-Christ et lien des uns aux autres en Jésus-Christ. Elle est donc divino-humaine et humano-divine. On comprend qu’elle soit le seul et unique commandement du Seigneur qui est plus considérable au Ciel que sur la terre, et qui s’achèvera en une symphonie d’amour.

C’est ce que nous adorons sous le symbole du Cœur de Jésus qui a dit à sainte Marguerite-Marie qu’« Il régnera malgré ses ennemis et sera glorifié dans ses élus » : c’est dire que cette plénitude sera une plénitude d’amour, mais aussi le triomphe de l’amour sur la haine, parce que cet amour sera celui du Christ qui, ayant tout réuni dans sa souveraineté, offrira le monde à son Père et triomphera éternellement des puissances adverses déchaînées contre lui.

Abbé Georges de Nantes
Extrait de la conférence Le mystère de la charité
Retraite sur l’Évangile de Paul – S 63