23 OCTOBRE 2022

Libérer le peuple du joug des pharisiens

EN ce mois d’octobre, l’Église nous donne à méditer dans l’Évangile la parabole du pharisien et du publicain. Ce texte est d'une telle clarté que tout le monde le comprend !

QUI SONT LES PUBLICAINS ?

Ce sont des juifs dont le métier était de collecter les impôts. Les Romains fixaient le montant qu'on devait leur verser. Hérode fixait aussi le sien, et les collecteurs d'impôts se payaient largement au passage en rançonnant à plaisir leurs propres concitoyens… Ils étaient par conséquent haïs du peuple qui les soupçonnait de s'enrichir démesurément en pressurant les pauvres.

QUI SONT LES PHARISIENS ?

Ils n’étaient ni prêtres ni lévites et ne formaient pas une institution créée par Dieu, mais plutôt une secte : la secte des meilleurs, des purs, littéralement des « pieux ». Le mot de pharisien exprimait leur prétention à se faire valoir comme l'élite d’Israël : ceux qui savaient ce qu'était la Loi, et qui mettaient leur zèle à la remplir parfaitement.

Ils devinrent vite, comme nous dirions aujourd’hui, un groupe de pression très puissant et une société dont les membres se soutenaient les uns les autres. Ils étaient reconnaissables par un costume particulier. Évidemment, ces gens qui faisaient profession d’être les meilleurs méprisaient le peuple qui ne pratiquait pas ou mal sa religion ! L'orgueil avait commencé à se saisir d'eux, et en même temps que l'orgueil : la dissimulation, l’hypocrisie… parce que, lorsqu'on se prétend meilleur que les autres, il arrive aussi qu'on pèche ; mais dans ce cas-là, il faut le cacher !

Peu à peu, les pharisiens avaient donc commencé à mener une vie double… comme entre eux ils demeuraient extrêmement solidaires, ils parvenaient encore à se défendre les uns les autres, et aussi contre tout ce qui aurait pu atteindre à l'honneur de leur secte. Mais, chose plus grave (et impardonnable, pour des « gens de Loi » soi-disant intègres), ils en étaient venus à modifier la Loi. Progressivement, ils inventèrent une sorte de religion nouvelle à force d’y ajouter des traditions de leur invention. Jésus leur en a fait de cinglants reproches, démasquant leur hypocrisie et prononçant contre eux, les yeux dans les yeux, de terribles malédictions !

Une fois saisie cette perfidie toute pharisienne, on comprend pourquoi cette caste organisée ne pouvait accueillir l’enseignement du Messie lors de sa venue. Les Pharisiens seront logiquement les instruments de la condamnation à mort de Notre-Seigneur. Puis après sa Résurrection, les descendants de ces pharisiens (les Massorètes de Yabné) ont été les fondateurs d’une nouvelle religion qu'on appelle la religion juive talmudique, qui est aujourd’hui maîtresse de l'ensemble du peuple juif.

Voilà pourquoi actuellement en Israël, les juifs fervents sont des pharisiens, fils de pharisiens et heureux de l'être. S’ils font tout pour détruire l’Église catholique, c’est parce qu'ils ont la haine de Jésus-Christ que leurs pères ont condamné à mort, et ils ne veulent pas revenir sur cette condamnation parce que c'est par le moyen de la mort de Jésus et de la persécution des Apôtres que la secte pharisienne a pu durer jusqu'à aujourd'hui. Et ils n’ont jamais pardonné à Saül de Tarse, formé à leur école, sa conversion…

Voilà campés les pharisiens à travers l'histoire.

DEVANT QUI JÉSUS PRONONCE-T-IL SA PARABOLE ?

Quand Jésus met les pharisiens en mauvaise posture en disant cette parabole, il se trouve à Jérusalem, et il a en face de lui les prêtres et les sadducéens qui étaient des gens méprisés parce qu'ils avaient collaboré avec les païens. Eux-aussi étaient foncièrement opposés à Jésus. Mais il y avait encore le peuple, et en son sein ceux qu’on a appelé les « Pauvres de Yahvé », méprisés aussi bien par les sadducéens que par les pharisiens : ils attendaient la libération d'Israël en se reconnaissant pécheurs. Jésus s'est proposé à eux : il a eu de la bonté et de l'estime pour eux. Tous ces gens ont alors senti que l'heure de leur délivrance approchait !

Et si Jésus a été si dur avec les pharisiens en dénonçant implacablement leur hypocrisie, c’est pour les perdre de réputation auprès de ce petit peuple, afin que ces braves gens ne soient plus impressionnés par ces prétendus savants, ces hypocrites sardoniques (cf. Jn 7, 49) qui les désorientaient de la vraie religion de Moïse pour les gagner à leur secte !

Cette parabole du pharisien et du publicain est donc d'une importance considérable. Nous sommes avertis tout simplement de faire notre examen de conscience. Demandons pardon à Dieu de nos péchés comme le publicain et nous serons pardonnés. Ne nous vantons pas de nos vertus et de notre supériorité sur les autres, parce qu’alors nous repartirions de la messe comme le pharisien repartait du temple : sans être pardonnés, en portant toujours le poids de nos péchés.

Si cet évangile est simple à comprendre, il demeurera néanmoins difficile à appliquer tant que nous n’aurons pas demandé à Dieu, « à qui tout est possible », de nous donner sa grâce par le Cœur Immaculé de Marie !

Abbé Georges de Nantes
Extrait du sermon du 27 juillet 1997