Gardons la foi !

NOUS sommes au premier dimanche de l’Avent et nous nous préparons donc à fêter bientôt le premier avènement du Christ, sa touchante et modeste Nativité. Paradoxalement la liturgie de l’Église rompt le charme de cette douce attente d’un enfant en nous rappelant qu’il s’agit du Fils de Dieu et qu’il doit revenir à la fin des temps dans des circonstances terrifiantes.

« Comme les jours de Noé, ainsi sera l’avènement du Fils de l’homme. En ces jours qui précédèrent le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et les gens ne se doutèrent de rien jusqu’à l’arrivée du déluge, qui les emporta tous. Tel sera aussi l’avènement du Fils de l’homme. » (Mt 24, 37-39)

La caractéristique de ces jours de Noé, mes bien chers frères, et c’est sur quoi je veux attirer votre attention, c’est l’impiété vis-à-vis de Dieu et la méchanceté vis-à-vis du prochain : « La terre se pervertit devant Dieu et elle se remplit de violence. Dieu regarda la terre : elle était pervertie, car toute chair avait une conduite perverse sur la terre. » (Gn 6, 11-12)

Il suffit de prendre acte des événements qui se passent dans l’Église et dans le monde pour comprendre que nous vivons, comme aux jours de Noé, dans les temps de la grande apostasie. L’Évangile, saint Paul dans ses épîtres (cf. Tim 3 ; 1 Th 5 ; 2 Th 2) et saint Jean dans son Apocalypse nous ont prévenus.

Le retour du Christ sur la terre sera précédé par une apostasie, un temps pendant lequel la plupart des hommes renieront Dieu et se perdront. Les élus eux-mêmes, les favoris de Dieu, se perdaient immanquablement si toutefois ces temps mauvais n’étaient abrégés.

Je pense que dans les années qui viennent nous n’allons plus pouvoir convertir personne ; quand on est dans la tempête, ce n’est pas le moment de jeter le filet pour pêcher du poisson ; c’est le moment de se tenir au bastingage, il faut carguer les voiles, attendre que cela passe. Aussi la seule chose que Dieu nous demandera, c’est de ne pas perdre notre Foi. Or, au jour du jugement, pour notre salut éternel, nous serons interrogés d’abord sur la FOI.

Si nous avons la Foi catholique, gardons-la, enseignons-la à nos enfants. Ancrons-nous donc bien cette double certitude dans l’esprit et le cœur :

1) Il y a une religion révélée et toutes les autres ne sont que des inventions humaines. Les braves et honnêtes gens peuvent à la rigueur se sauver dans leur fausse religion, mais jamais par cette fausse religion.

2) Nous sommes en pleine apostasie à l’intérieur même de l’Église. Ce n’est pas une opinion, un jugement qui pourrait se discuter, c’est une constatation. Mais alors que la plupart perdent la Foi et abandonnent le Christ, moi je veux, malgré le poids de mes misères, rester fidèle et tâcher de consoler les Saints Cœurs de Jésus et de Marie qui nous ont tant aimés et que nos péchés font tant souffrir.

Cette perte de la foi que nous constatons autour de nous conduit immanquablement les âmes à l’abandon de toute vie morale et à l’enfer éternel. C’est ce que Notre-Dame est venue nous révéler à Fatima, en 1917, afin de nous prémunir contre ces temps de désorientation diabolique.

Remercions Dieu d’être si bien protégés que dans le naufrage universel, nous sommes, pour ainsi dire, à l’abri dans l’arche de Noé, dans l’arche du salut. Demeurons fidèles à notre Foi reçue de la sainte Église catholique, apostolique et romaine.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 30 novembre 1986