15 OCTOBRE 2023
Avoir la robe nuptiale
NOUS sommes à la fin de la vie publique de Notre-Seigneur et les événements sont devenus très dramatiques. Notre-Seigneur ne parle plus en paraboles toutes simples pour les paysans et les pêcheurs de Galilée. Il s’adresse aux prêtres et aux pharisiens, c’est-à-dire à l’élite intellectuelle ou prétendue telle de Jérusalem.
Dans cette parabole du roi qui célèbre les noces de son fils, il est question de l’Église. Les serviteurs sont les prophètes de l’Ancien Testament, et surtout les Apôtres. À ce moment, Notre-Seigneur pense à ce qui va se passer après lui. Qui étaient ces invités ? Ce sont les juifs. Or, ils ne viennent pas aux noces.
« Mais vous l’aimez, mon Fils ?
– Non, nous l’ignorons !
– Mais enfin, vous êtes appelés, vous savez depuis des siècles que Dieu va envoyer son Fils, le Fils de David, qui sera votre Roi, votre Sauveur, votre Roi temporel ! Oui, mais bien plus que cela, le Sauveur de vos âmes. Il aura véritablement tant de perfections que les psaumes en ont chanté la beauté et ce sera un temps d’allégresse spirituelle.
– On s’en moque !
Tels sont les sadducéens de l’époque du Christ ; enfoncés dans le matérialisme, ils ne répondent pas. Mais d’autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent : ce sont les pharisiens et les prêtres. Ils ont de la haine pour Jésus-Christ parce qu’il dérange leurs plans, leurs ambitions, leur pouvoir. Ensuite, ils tueront les Apôtres comme ils ont tué le Christ et les Prophètes.
En l’apprenant, le roi se mit en colère. La colère de Dieu, terrible chose ! Jésus parle et les regarde dans les yeux : « Vous me haïssez parce que je dérange vos ambitions, vos pouvoirs temporels, et que je me substitue à vos autorités usurpées..., eh bien, sachez que le Roi se mettra en colère contre vous. »
Les scribes et les pharisiens étaient intelligents, ils connaissaient bien la Sainte Écriture. Depuis que le Christ leur prêchait, ils le comprenaient très bien, mais cela ne changeait pas leur cœur, au contraire, cela les endurcissait. Imaginez cet échange de regards ! Regard lucide, pénétrant de la part de Notre-Seigneur. Regard bienveillant et dur parce que la bienveillance avec les méchants consiste à être dur avec eux pour les convertir, pour les sortir de leur erreur. Jésus leur a prophétisé que Jérusalem serait encerclée par les armées romaines, qu’elle serait détruite et qu’il ne resterait pas pierre sur pierre. Pas question de reconstruire, il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la conversion des juifs. Terrible parabole !
Il fallait que Jésus soit un athlète pour ainsi défier des gens qui peuvent vous mettre à mort, qui le désirent et en ont déjà formé le dessein. Jésus le fait et il continue. Le peuple juif, rebelle à Jésus-Christ, va être rejeté. Vous allez connaître le châtiment de Dieu, la colère de Dieu sur vous.
« Eh bien, j’irai chercher les païens, ces gens que vous méprisez, les samaritains, que vous haïssez, méprisez, les Romains et les Grecs que vous détestez, parce qu’ils sont idolâtres. J’irai chercher les idolâtres, puisque vous ne voulez pas entrer chez moi », dit Dieu. Lorsque toute ce monde-là fut réuni, la salle des noces fut bientôt remplie de convives, bons et mauvais.
Or, le roi entra pour voir les convives. On voit la scène. Qu’est-ce que ce vêtement de noces ?
Je vais vous donner une réponse, celle que nous donne saint Jean dans sa première épître où il traite de la naissance d’une hérésie de l’époque qui s’appelle le gnosticisme. Il s’adresse à des païens convertis dont certains niaient la divinité de Jésus-Christ. Et il leur dit : « ils étaient des nôtres, mais ils n’étaient pas vraiment de chez nous. La preuve, c’est qu’ils nous ont quittés. »
Par-delà les erreurs et les vices, il y a quelque chose, au fond du cœur de l’homme qui plaît à Dieu et quelque chose, au fond du cœur de l’homme, qui lui déplaît.
Si le Christ entrait et regardait, verrait-il au fond de mon cœur quelque chose qu’il ne peut pas admettre. Je voudrais bien plaire à Dieu, être sûr de lui plaire. Seulement, précisément, il y en qui ne cherchent pas à plaire à Dieu. Peut- être est-ce cela ne pas avoir la robe nuptiale ?
Il y a eu beaucoup de païens qui se sont sauvés, malgré d’horribles défauts et de vices dont nous parle saint Paul. Jésus-Christ est mort pour cela et saint Jean nous dit dans son Épître que Jésus nous pardonne et nous purifie de tous ces péchés-là. Mais l’Antichrist, celui qui était des nôtres, puis s’est éloigné et a trahi, celui-là ne bénéficiera pas du pardon. C’est celui-là qui n’a pas « la robe nuptiale ».
Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 14 octobre 1990