3 SEPTEMBRE 2023

Notre engagement phalangiste 
à la suite des Apôtres

Ô Jésus ici présent avec cette familiarité dont vous usiez, entouré de vos Disciples et de vos Apôtres durant les trois ans de votre vie publique, vous qui trônez sur cet autel, vivant, ressuscité et glorieux, nous allons passer une heure avec vous. Si vous avez voulu que cet engagement des Apôtres soit consigné par quatre Évangélistes, chacun à sa manière, selon son cœur, c’est pour que nous autres, dans notre vocation, nous trouvions quelques points de comparaison, si indignes que nous soyons, avec la vocation des Apôtres et que leur aventure, d’abord merveilleuse et joyeuse, ensuite difficile et crucifiante, nous inspire les sentiments qui ont été les leurs.

Ouvrons l’Évangile et lisons. Quand il s’agit d’eux, nous pensons à nous.

L’Évangile de ce dimanche nous montre que vous êtes un Maître exigeant, un Maître souverain, vous savez où vous conduisez vos disciples et, après leur avoir donné suffisamment de preuves de votre puissance, vous les introduisez dans le mystère de votre humiliation et de votre faiblesse.

Vous leur avez appris qu’il était dur de vous suivre. Vous êtes si courageux que Vous ne craignez pas d’attirer vos Apôtres de sacrifice en sacrifice, leur promettant toujours un chemin plus dur ; Vous serez sans cesse avec eux, mais ce sera sur un chemin de croix. Ces paroles qui leur ont été adressées ont été notées par les Évangélistes, à cause de leur importance éternelle, pour que nous sachions, nous aussi, ce soir, que si vous nous jugez vraiment vos disciples, vous nous ferez participer à votre Croix, leçon éternelle. Nous nous sentons absolument incapables, impuissants, mais Vous serez là auprès de nous avec la Vierge Marie, pour nous aider.

« En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Alors Jésus, à ses disciples, leur dit : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi à ma suite, qu’il se renonce, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive, car celui qui voudra sauver son âme [c’est-à-dire sa vie terrestre] la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de l’Évangile, celui-là la sauvera. Que sert d’ailleurs à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme ? »

Que peut donner un homme en échange de son âme ?

« Je vous en préviens, celui qui aura rougi de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi rougira de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les saints Anges. »

Tous ces hommes avaient de la peine sachant que Jésus ne mentait pas, connaissant son don de prophétie. Chacun comprit que le suivre ne serait pas un chemin de bonheur terrestre, mais un chemin de croix.

Et nous autres, ô Jésus, à vos pieds ce soir, nous sommes comme cette foule, nous sommes comme ces disciples et, lisant l’Évangile, c’est absolument comme si vous nous parliez. Vous êtes dans l’Eucharistie étrangement silencieux, mais pourquoi nous parler encore quand vous avez tout dit dans votre Évangile ? Les leçons que vous avez données à vos Apôtres, vous n’avez pas à les répéter, elles sont dites une fois pour toutes pour toutes les générations, pour nous-mêmes.

Et donc, il faut que je perde ma vie ici-bas d’une manière ou d’une autre, si je veux la gagner dans l’éternité, être avec vous. Il faut donc que je ne cherche pas à accumuler sur la terre richesses, honneurs et gloire, car avec tout cela, je ne pourrai pas acquérir le trésor de vie éternelle, mais au contraire vendre tout cela, abandonner tout cela afin que vous-même me donniez d’habiter avec vous dans les tabernacles éternels.

Je suis phalangiste, je ne rougirai pas de vous, Seigneur, dans ce monde, adultère et pécheur. Cela me coûtera. Donnez-moi le courage par votre présence eucharistique de comprendre vos paroles et, au moment où je devrai m’affirmer avec mes convictions, ma foi, porter bien haut votre Croix et votre Cœur, faites-moi penser que vous-même, vous ne rougirez pas de moi au jour du jugement, quand vous viendrez dans la gloire de votre Père entouré de tous les saints Anges, vous ne rougirez pas de moi, pécheur, si moi, je n’ai pas rougi de vous devant les hommes.

Nous-mêmes, nous espérons ne pas mourir dans ces temps affreux d’apostasie, sans avoir vu revenir votre Règne en puissance dans notre pays, dans notre Église, sur la terre tout entière. C’est cette espérance surnaturelle, mais aussi humaine, temporelle, qui nous donne la joie, le courage, avec un espoir magnifique.

Si, en nous engageant dans la phalange, par nos prières, par nos sacrifices, mais aussi par nos paroles et notre exemple, nous arrivions à déclencher sur le monde cette pluie de roses annoncée par sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus ; cette miséricorde, cette paix promise, après une telle tourmente, alors la vie vaudrait d’être vécue avec vous, Seigneur, alors nous serions prêts à porter notre croix chaque jour, afin de connaître votre victoire.

Abbé Georges de Nantes
Extraits de l’Heure sainte du 2 novembre 1984 (PC 26)