13 AOÛT 2023

La tempête apaisée et la peur de saint Pierre

JE voudrais vous parler du miracle de la tempête apaisée et vous montrer à quel point cette si belle page d’Évangile s’applique merveilleusement à nos propres affaires !

Tout d’abord, Jésus presse ses disciples de monter dans la barque et de déguerpir. Pourquoi leur a-t-il parlé de façon aussi dure ? C’est parce que, après avoir multiplié les pains dans le désert, la foule voulait le faire Roi. Cela mécontente Jésus. Ces milliers de juifs dans le désert étaient capables de ramener Jésus de force à Capharnaüm pour le proclamer Roi, déclarer la guerre aux Romains et faire le triomphe messianique annoncé par les Prophètes. Il fallait les calmer. Or, les douze Apôtres étaient les premiers à exciter Jésus.

Quand les Apôtres sont repartis dans la barque, les foules sont restées comme penaudes et se sont dispersées. Ainsi, nous sommes avertis que le triomphe de Jésus n’est pas un triomphe humain qui s’obtient par une révolution. La foule, une fois renvoyée, Jésus monta sur la montagne pour prier, seul.

Voyons maintenant comment ce qui va arriver est une allégorie de l’histoire de l’Église toute entière.

Après avoir refusé le triomphe messianique, terrestre, politique, temporel, Jésus, prenant le chemin du Calvaire, pour y mourir sur la Croix, accomplit son œuvre à sa manière qui est autre que celle que voulaient les Apôtres. Il monte sur la montagne pour prier. Cette foule, c’est la foule humaine, la foule qui veut manger sans travailler, qui veut avoir des dictateurs qui les mènent de victoire en victoire. C’est le monde. Jésus n’a pas prié pour lui. Il monte sur la montagne seul pour prier et les Apôtres vont dans la barque.

Toute la nuit, ils ont été balayés par les flots dans la tempête. Cela vise les deux millénaires déjà passés. L’Église a toujours été dans les peines ; les persécutions extérieures ou les schismes. À quelqu’un qui s’étonnait, saint Pie X répondait : le dessein de Dieu est que l’Église souffre persécutions en ce monde pour être ensuite récompensée dans l’éternité.

Nous sommes en pleine tempête et Jésus marche sur la mer. Il faut savoir que la mer en tempête, c’est comme un champ labouré, mais un champ labouré liquide ! Jésus marchait sur les vagues, il s’enfonçait et remontait à la surface des eaux. Les Apôtres affolés se mettent à crier de peur.

Aussitôt, Jésus leur adressa la parole : « Rassurez-vous, ayez confiance. C’est moi, cessez d’avoir peur. »

Le Saint-Esprit a inspiré à saint Pierre ce courage, cette audace de rejoindre Jésus pour montrer qu’il est bien le chef des Apôtres, que devant suivre le Christ, il est le premier à s’engager.

Saint Pierre marche sur le labour liquide, mais voyant la violence du vent, il prend peur. Cela, c’est saint Pierre. Jésus, lui, est fort, Il marche sur les eaux et réconforte, Il attire à lui ses Apôtres.

Et maintenant voici l’allégorie : Saint Pierre, en plein exercice de sa papauté, a peur. Combien de fois est-ce arrivé dans l’Église ? Pas tellement souvent ; mais à la fin des temps, le Pape lui-même prendra peur de la violence de la tempête, c’est-à-dire de la persécution. Devant la persécution, plusieurs Papes se sont effondrés par peur. Saint Pierre a eu peur. Il enfonçait à chaque pas. À un moment, il s’est dit : « Je coule ! » Pierre savait nager mais pas dans ces conditions-là. Alors, il se mit à crier : « Seigneur, sauvez-moi. » Quand le Pape d’aujourd’hui criera : « Seigneur, sauvez-moi », il nous sauvera tous avec lui.

Tout cesse quand Jésus prend saint Pierre par la main. Ainsi sauvé, Pierre va conforter ses frères, il va les rassurer et la tempête se calme. C’est le triomphe de l’Église à la fin des temps, comme il était promis.

Nous savons par Fatima que lorsque le Pape fera ce que la Sainte Vierge lui demande en consacrant la Russie au Cœur Immaculé de Marie, en répandant la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, alors la Russie se convertira. Quand le monde entier verra cette conversion, il sera tellement stupéfait qu’il se prosternera devant Jésus-Christ et lui dira : « Vraiment, vous êtes le Fils de Dieu. »

Voilà comment dans une parabole vécue, Notre-Seigneur nous révèle toute l’histoire de l’Église. Saint Jean, ensuite, la reprendra dans l’Apocalypse et Notre-Dame de Fatima l’actualise. Nous y sommes. Cela nous montre que le Pape est bien fort, mais qu’il n’est pas impeccable, il est sûr de l’assistance de Dieu, mais il n’est pas sûr d’y répondre lui-même. « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Il faut prier, toujours prier aux intentions du Souverain Pontife. La Sainte Vierge a dit aux enfants qu’il fallait beaucoup prier pour le « Saint-Père ». Et si nous avons douté dans nos calamités et nos épreuves, c’est le moment d’avoir confiance. Jésus va nous prendre par la main pour nous sauver.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 6 juillet 1993