17 SEPTEMBRE 2023

Il faut tout faire par amour

Saint Jean de la Croix« Au soir de la vie, nous serons jugés sur l’amour. Il faut tout faire par amour », nous dit saint Jean de la Croix. C’est la vérité chrétienne par excellence. Notre religion n’est pas un intellectualisme ni un activisme, notre religion n’est pas un matérialisme, notre religion n’est pas une politique ni même une théologie de la libération, notre religion est un amour. Je pense à ce qu’un directeur de conscience disait du jeune vicomte Charles de Foucauld faisant retraite dans divers monastères pour chercher sa vocation : « C’est un homme pour lequel la religion est un amour. »

Fallait-il que ce soit rare à la fin du dix-neuvième siècle, pour qu’on l’ait qualifié ainsi ! Mais quelle belle âme qu’une âme pour laquelle la religion est un amour ! Non pas un devoir, une obligation, une habitude, une tradition, une conviction, mais un amour !

Sainte Marie de l’IncarnationPensons à sainte Marie de l’Incarnation, cette très grande mystique partie de la France pour évangéliser les Hurons à Québec et voyant brûler son pauvre petit monastère, sa pauvre petite école pour les petites Indiennes et toutes les réserves de l’hiver, en plein mois de décembre. Elle se retrouva au milieu de ses sœurs, à genoux dans la neige, pour chanter l’adorable volonté : « Ô adorable volonté de mon Dieu, que vous êtes aimable ! »

C’est bien le propre des mystiques de voir la vie ainsi, c’est-à-dire de vivre tous les événements, tous les jours de sa vie, dans cette unique préoccupation d’aimer Dieu et donc de l’aider, de le servir. Mais nous autres, qui que nous soyons, si misérables que nous soyons, sachons que, par notre baptême, nous avons reçu cette grâce mystique en germe, qui n’est rien d’autre que le développement de la foi, de l’espérance et de la charité qui s’épanouira au Ciel dans la vie éternelle. Là, nous aurons tous une âme de mystique, nous nous épanouirons tous dans l’amour de Dieu, dans cette lumière de la vie éternelle où toutes nos saintes amours, nos grands dévouements, tous les souvenirs des événements heureux et bénits par Dieu de notre vie subsisteront dans le Cœur de Dieu, de Jésus et de Marie.

Cet amour de Dieu, évidemment, inclut l’amour de notre prochain. Mais comment pourrais-je aimer qui ne mérite pas d’être aimé ? Nous ne pourrons vraiment aimer les autres que dans l’amour de Dieu et par amour de Dieu. Ce Dieu qui est leur Père aussi bien que leur Époux spirituel, leur Ami intime, ce Dieu qui a tellement décidé de les aimer qu’Il a envoyé son Fils pour répandre son Sang sur la Croix afin de les retirer de leurs infamies, eux et moi, et de les remonter jusqu’à Lui pour les joindre à Lui dans la Vie éternelle. Si Dieu les a aimés ainsi, comment ne les aimerais-je pas ? C’est ce que nous allons faire ensemble dans cette lumière.

Nous avons tout dans le Cœur de Jésus et de la Vierge Marie. Nous goûtons là un tel réconfort, une telle assurance que rien ne peut nous arriver de mal, comme dit saint Paul, que tout le reste, nous sommes prêts à l’embrasser, que ce soient des bonheurs ou que ce soient des difficultés, des peines, des croix, en remerciant Dieu encore, persuadés qu’elles ne nous écraseront pas. Ainsi, avec Dieu, nous sommes forts, alors que, seuls, nous sommes faibles.

Notre œuvre de Contre-Réforme Catholique, notre œuvre de Contre-Révolution française ou nationale, étendue au monde entier, est écrasante pour les individus que nous sommes, mais ce n’est pas pour ça que nous allons faire des plans mirifiques. Nous allons tout simplement faire oraison et, dans cette oraison, nous retrouvons ce qu’il faut de confiance en Dieu et de courage pour faire ce que Dieu attend de nous. Le reste nous l’attendrons de Dieu.

Si vous voulez vraiment faire partie de notre Phalange de l’Immaculée, si vous voulez être vraiment notre Tiers-Ordre, il faut que vous fassiez oraison, c’est-à-dire qu’il faut que le moteur principal de votre vie soit l’amour de Dieu, un amour entretenu par cette oraison, qui est un baiser spirituel, une tendresse mutuelle de l’âme et de Dieu chaque jour.

Je pense alors que toutes les difficultés, tous les dissentiments, toutes les divergences qui pourront se rencontrer sur notre route, nous les aplanirons facilement, à la lumière de cet amour de Dieu qui est tout, car le reste en définitive n’est rien.

Alors, pour conclure, revoyons à la lumière de l’amour de Dieu tout ce que nous souffrons, faisons-en hommage à Dieu avec le Corps et le Sang de Notre-Seigneur offerts en sacrifice, avec la souffrance de la Vierge Marie. Offrons tout cela ensemble dans une communion des saints véritable, et que tout cela serve à l’amour de Dieu, afin qu’Il soit connu, adoré, glorifié et servi par la terre entière !

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 29 septembre 1984