8 DÉCEMBRE 2024

La personnalité de saint Jean-Baptiste

L’ÉVANGILE de ce dimanche nous met en présence de la personnalité énigmatique et considérable de saint Jean-Baptiste, le Précurseur. Contrairement aux apparences, l’Évangile n’est pas sans relief, il va aux faits et dit le principal. Mais si nous voulons comprendre la psychologie des personnages afin de leur donner un peu d’étoffe, il nous faut cependant réfléchir attentivement sur l’association des événements, ce que nous faisons rarement. Que nous apprennent-ils de saint Jean-Baptiste ?

Saint Jean-BaptisteC’est un homme envoyé par Dieu, mais il est seul, et cette solitude en fait un être extraordinaire. Les autres prophètes ont été entourés par des disciples et ainsi soutenus au milieu d’un peuple hostile. Saint Jean-Baptiste, lui, nous rappelle Élie, le premier des prophètes, aux pires moments. Il est le seul à annoncer le Messie, et il se dresse seul contre tous.

Quand un homme est seul à annoncer une chose stupéfiante, que la foule croit plus ou moins en lui, attendant de vérifier les prophéties, que toute la hiérarchie est contre lui, imaginez ce que cela représente ?!...

Et s’il faisait des miracles encore, cela faciliterait sa prédication, sa mission, mais il n’en fait pas. Il a seulement une vie pure, extraordinairement renoncée, avec toute la panoplie des pratiques héroïques des prophètes des anciens temps, tels que les aiment les Juifs.

Dans cette solitude, cette pauvreté, ce renoncement, il a décliné son identité aux juifs qui la lui demandaient : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Il va prouver l’authenticité de sa mission par son témoignage seulement et par aucun autre signe. À ceux qui l’interrogent, il répond : « Je ne suis pas Élie, je ne suis pas le Messie ». C’est trop grand pour lui. Il est tellement modeste ; il s’efface devant celui qui doit venir. Il assume son rôle d’annoncer celui qui allait venir après lui, le Messie en personne.

Un maître trouve toujours des disciples, mais jamais aucun maître, fondateur de religion, etc. n’a eu de précurseur. Jean-Baptiste a été l’unique précurseur de l’unique Messie et Fils de Dieu, telle est la personnalité historique de Jean-Baptiste.

Les paroles de Jean-Baptiste qui nous sont rapportées sont incontestables. Il s’humiliait, il disait qu’il n’était que la voix qui prépare le Messie. Il annonçait JÉSUS-CHRIST, il a préparé sa venue, c’est pourquoi il sera considéré comme le plus grand parmi les enfants des hommes. Dans l’Église ancienne, jusqu’au Moyen-Âge et avant que ne se développe la dévotion à saint Joseph, saint Jean-Baptiste a été très honoré. Quand on voyait, au tympan des cathédrales deux grands saints entourés Notre-Seigneur, c’étaient souvent la Vierge et saint Jean-Baptiste.

Jean Baptiste se situe à la jonction de l’Ancien et du Nouveau Testament, il est pour ainsi dire la charnière. Ce mélange de l’humilité personnelle et de grandeur dans l’annonce de son message me semble le caractériser.

Mais « si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand prophète, pourquoi baptises-tu ? » lui demandent les juifs. Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. »

C’est en se défiant de Jean-Baptiste que les mauvais juifs ont déjà montré leur mauvais cœur, et que les bons juifs, ceux qui se reconnaissaient pécheurs, ont montré leur bon cœur. Jean-Baptiste a opéré cette première révélation des cœurs entre ceux qui vinrent à lui pour se faire baptiser dans les eaux du Jourdain en confessant leurs péchés, et les pharisiens qui refusèrent par orgueil.

Notre Foi repose donc sur un diptyque. L’un des volets représente l’Ancien Testament : le peuple juif attend le Messie, une suite de prophètes le conduit peu à peu vers Bethléem, mais ce sera le dernier d’entre eux, Jean-Baptiste, qui le lui montrera en la personne de Jésus.

L’autre volet représente l’homme qui fut désigné par Jean-Baptiste, le seul aussi qui réponde à la définition du Messie, c’est JÉSUS de Nazareth. Il a dit, il a prouvé qu’il était le Fils de Dieu, un être unique, le sauveur du monde, le Fils de Dieu fait homme. Imaginez ! À la crèche nous disons : « C’est là le commencement du salut de toute l’humanité ! »

Croyons-en Jésus, servons-le et nous irons au Ciel. Ceux qui s’obstinent à ne pas croire en lui iront en enfer. Jean-Baptiste au seuil du Nouveau Testament nous communique sa foi.

Méditons sur cette personnalité extraordinaire, unique du Précurseur afin de vivre les fêtes de la Nativité de Notre-Seigneur avec une foi d’adulte. Jésus que nous allons voir dans la crèche n’est pas arrivé comme cela par enchantement. Tout l’Ancien Testament converge vers Jean-Baptiste et Jean-Baptiste montre en Jésus le Messie tant attendu. Croyons à saint Jean-Baptiste pour croire à Jésus.

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 14 décembre 1986