22 décembre 2024

La Visitation :

exemple parfait de la médiation de Marie

« En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers la région montagneuse, dans une ville de Juda. » (Lc 1, 39)

La Visitation est une manifestation du Cœur de la Sainte Vierge. Elle est pleine de la flamme d’amour du Saint-Esprit, elle ne fait qu’un seul Cœur avec le Fils de Dieu qui s’incarne en elle. Elle est pleine de la force de Dieu, pleine de joie aussi, et vite, la charité la presse de courir à travers la montagne de Juda au secours de sa vieille cousine. Son exemple doit nous entraîner !

La VisitationÀ son arrivée, Marie n’a rien de plus pressé que de saluer et d’embrasser sa vieille cousine. Leurs ventres se touchent et, par ce simple contact, saint Jean-Baptiste est sanctifié et tressaille d’allégresse dans le sein de sa mère ! Le Fils de Dieu qui demeure en Marie, caché et silencieux, rayonne néanmoins sa grâce par la présence et par la voix de sa Mère ! C’est l’exemple parfait de la médiation de Marie.

Cette médiation se poursuit jusqu’aujourd’hui, dans chacune de nos communions qui est une visitation de Jésus et Marie à notre âme. Frère Bruno aime d’ailleurs nous rappeler que par sa petite demande de la communion réparatrice, Notre-Dame veut continuer l’œuvre de sa visitation dans les cœurs qui embrassent la dévotion à son Cœur Immaculé. C’est ainsi qu’elle fait de nous ses dociles instruments, comme saint Jean-Baptiste, devenu le Précurseur du Christ.

Quant à sainte Élisabeth, elle est elle-même remplie du Saint-Esprit qui lui révèle le mystère qui s’accomplit dans sa jeune cousine. Elle « pousse un grand cri » ou, plus exactement, une acclamation liturgique : l’acclamation que les Hébreux poussaient pour accueillir l’Arche d’Alliance, comme nous le lisons, par exemple, dans l’histoire du roi David (2 S 6, 15).

Puis elle répond à la salutation de Marie : « Vous êtes bénie entre les femmes, et béni le fruit de votre sein ! » C’est la suite de notre Ave Maria.

« Et comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » (v. 43)

Admirons cet étonnant renversement ! C’est Élisabeth, vénérable par son âge, par sa sainteté, par la dignité sacerdotale de son époux, qui s’humilie devant cette petite jeune fille de quinze ans.

« Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »

Contrairement à son pauvre mari, Zacharie !

Que va répondre Marie à de telles louanges ? Elle va chanter son Magnificat. Elle a eu le temps de le méditer, tout le long du chemin. Quand l’ange l’a quittée, elle a aussitôt pensé à Anne, cette femme stérile de l’Ancien Testament, qui avait conçu miraculeusement le petit Samuel. Surtout si sa propre maman s’appelait Anne, comme nous le rapporte la tradition. Alors, Marie a commencé par chanter le Cantique d’Anne (1 S 2). Mais comme c’est un chant guerrier, peu à peu, elle se l’est approprié pour composer finalement cette merveille du Magnificat.

Le Magnificat, c’est le chant de l’âme de la Vierge Marie, nous disait notre Père. C’est le chant de reconnaissance de la Mère, de l’Épouse de Dieu pour les grandes choses que le Tout-Puissant a faites en elle.

Cette merveille de l’Incarnation, qui fait sa joie intime, explose en triomphe mondial, car c’est l’accomplissement de toute l’Ancienne Alliance, depuis les promesses à son père Abraham. Or, la Vierge Marie faisait partie de ces pauvres de Yahweh méprisés et persécutés. Elle partageait toute l’impatience du peuple de Dieu et attendait le Messie qui allait libérer Israël de ses mauvais pasteurs et le rendre à la vraie religion ! Et voici que cette heure arrivait, l’heure du grand renversement des sorts messianique : « Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles. »

Nous découvrons ici que notre petite Sainte Vierge allie la polémique à la mystique ! C’est une véritable révolution qu’elle annonce, non pas au sens charnel, mais spirituel, le coup de force contre Satan ! C’est sur cette immense espérance que se ferme le premier acte des Évangiles de l’Enfance. Les grandeurs décevantes de l’Ancienne Alliance se sont inclinées devant la divine petitesse de l’Évangile, Élisabeth et Zacharie ont été sanctifiés par Jésus et Marie.

Saint François de Sales a si bien compris ce mystère que c’est sous son patronage qu’il a placé ses filles en fondant avec sainte Jeanne de Chantal la Visitation Sainte-Marie :

« Je vous laisse à penser, ma fille, quelle bonne odeur répandit en la maison de Zacharie cette belle fleur de lis. Pendant trois mois qu’elle y fut, comme chacun en était embaumé ! Et comme, avec peu, mais de très excellentes paroles, elle versait de ses sacrées lèvres le miel et le baume précieux ! Car que pourrait-elle épancher que ce de quoi elle était pleine ? Or elle était pleine de Jésus. Eh ! cher Jésus, par la communion, soyez l’enfant de nos entrailles, afin que nous ne respirions ni ne ressentions partout que vous. »

Frère Guy de la Miséricorde
Extrait de Il est ressuscité ! n° 249, novembre 2023