5. Le modernisme
« Il faut présenter notre doctrine certaine et immuable de la façon qui répond aux exigences de notre époque », c'est la quatrième hérésie que nous venons de dire. Comment cela peut-il se faire sans trahir le « dépôt de la foi » ? Ici, Montini a repris la plume pour énoncer clairement le principe clé de l'entreprise :
« En effet », dit-il, comme si cet “ en effet ” avait la moindre valeur d'explication... « En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine [ j'aimerais mieux, observe l'abbé de Nantes, le mot théologique “ inviolable doctrine ”, juste avant qu'on vous explique comment la violer sans douleurs et sans cris ! ] et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées ». Et voici une queue de phrase mal soudée à l'ensemble, mais évocatrice de chirurgies inquiétantes : «... en leur conservant toutefois (!) le même sens et la même portée ». Vous en êtes sûr ? Oui ? Vous vous en portez garant ?
Vade, retro, moderniste condamné depuis cinquante ans par un saint aux lumières victorieuses de vos ténèbres de Satan ! d'ailleurs détesté de Jean XXIII dès son jeune âge, ce qui n'est pas un billet pour le Ciel ! Angelo Roncalli n'a jamais oublié l'impression que ce Pape fit sur lui le jour où, jeune prêtre, il fut reçu en audience avec une délégation du diocèse de Bergame en l'honneur du cinquantième anniversaire de l'ordination sacerdotale du saint pontife : « Après les compliments d'usage, raconte-t-il, Pie X parla avec une telle angoisse des dangers de l'époque que nous vivions, et des pièges insidieux du Mauvais pour avoir raison de la foi authentique des catholiques, qu'il en oublia complètement de nous remercier pour notre offrande. »
Il faut dire que Roncalli portait le plateau contenant les 25 100 lires en pièces d'or ! et « qu'il en oublia complètement » d'être attentif aux paroles du Saint-Père les mettant en garde contre le modernisme condamné l'année précédente par l'encyclique Pascendi dominici gregis (8 septembre 1907).
Feu Peter Hebblethwaite, qui cite le trait, ajoute : « Quand Roncalli écrit ces mots, il est pape et Pie X a été canonisé. » Notez que le pape Jean XXIII écrit « Pie X », et non pas « saint Pie X ». Et ce n'est pas fortuit. Peter Hebblethwaite poursuit : « Ses remarques sur l'ingratitude du pontife [sic !] n'en prennent que plus de poids : “ Certainement saint, mais pas pleinement parfait en ce qu'il se laissait envahir par l'inquiétude et se montrait si angoissé”. » (Jean XXIII, le pape du Concile, Le Centurion, éd. 1988, p. 78) C'est ainsi que le pape Jean XXIII jugeait son saint prédécesseur. C'est déjà assez suffocant. Mais que penser du jeune Angelo Roncalli, âgé de vingt-sept ans, déclarant à son évêque : « Le Saint-Père est triste, aujourd'hui. Même malade et préoccupé, un pape devrait toujours se montrer souriant et bienveillant envers ses fils. » (Paul Dreyfus, Jean XXIII, Fayard, 1979, p.54)
L'énorme folie d'une telle outrecuidance, ne s'explique pas seulement par l'orgueil. Elle laisse voir que le jeune prêtre était lui-même profondément moderniste au point de rester sourd et insensible à l'angoisse du saint Pontife.
Cinquante ans plus tard, devenu Pape, ce que veut Angelo Roncalli, en moderniste impénitent, c'est paraître respecter l'Église, certes ! vénérable, virginale Église, mais lui changer son corps, pour en faire un objet de plaisir au goût et selon les exigences du monde et de son Prince qui n'a de volonté, depuis le commencement, que de la violer sous les yeux du monde entier avec la bénédiction de son Chef !
Nous reverrons cela dans la Constitution dogmatique Lumen gentium, ordinairement présentée aux benêts comme le plus grand texte jamais inspiré par l'Esprit-Saint au Magistère catholique.
Extraits de Jean-Paul Ier « Le Secret, c'est terrible ! »,
Résurrection n° 7, juillet 2001, p. 13-18