7. L'œcuménisme
« Si l'Église a le souci de promouvoir et de défendre la vérité, rappelle Jean XXIII, c'est parce que, selon le dessein de Dieu, “ qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité” (1 Tm 2, 4), sans l'aide de la vérité révélée tout entière, les hommes ne peuvent parvenir à l'absolue et ferme unité des âmes à laquelle sont liés toute vraie paix et le salut éternel. »
Un « Mais » oppose la triste réalité à l'idéal voulu par Dieu : « Mais cette unité visible dans la vérité, la famille des chrétiens tout entière ne l'a encore malheureusement pas atteinte pleinement et complètement. » Le mot de « famille des chrétiens » est dramatiquement mensonger : le conglomérat de toutes les associations dites « chrétiennes » ressemble plus à un panier de crabes qu'à une honnête famille. Nous voilà donc jetés dans le brouillard des demi-vérités, des demi- mensonges. On parle de famille, puis on avoue les divisions, tout en évoquant des rapprochements, ou des tentatives, mais qui ne sont pas encore tout à fait satisfaisants, intercalant, entre le non traditionnel de la foi catholique et le oui d'un idéal qui n'existe pas, une série de petits pas à l'infini, autorisant l'idée qu'une réunion pourra se faire, sans vainqueur ni vaincu :
« Cependant, l'Église catholique estime de son devoir [c'est Jean XXIII qui le dit, mais il s'estime, entouré de la maffia, en droit de créer ainsi dans l'Église un devoir, là où il y avait, jusqu'à lui, une interdiction] de faire tous ses efforts pour que s'accomplisse le grand mystère de cette unité que Jésus-Christ, à l'approche de son sacrifice, a demandée à son Père dans une ardente prière ; et elle éprouve une douce paix [comme Jean XXIII est touchant, dans sa piété affective ! mais attention au piège caché sous les fleurs !] à savoir qu'elle est étroitement unie à ces prières du Christ. »
Stop ! La vérité, aujourd'hui interdite, est tout autre. Jean XXIII ne cite pas cette prière : « Qu'ils soient un » (Jn 17, Il et 21-22) ; il ne cite pas non plus la parabole du beau Pasteur (Jn 10, 16) qui exprime la volonté divine du Christ de faire sortir de la bergerie judaïque son troupeau fidèle pour le mener dans de verts pâturages, de telle manière « qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau et qu'un seul Pasteur » : son Église constituée, non en “secte”mais en véritable Peuple de Dieu avec, pour unique et bel et bon Pasteur, Jésus-Christ.
L'erreur, qui sera le thème de l'Acte conciliaire intitulé Unitatis redintegratio, est de prêter à Jésus-Christ Notre-Seigneur un désir d'unité qu'il n'a jamais eu, substitué à son véritable dessein, inauguré par son sacrifice sur la Croix : la réunion en son Corps et par son Sang des juifs et des nations païennes, œuvre divine renouvelant toutes les Alliances du passé, abattant la barrière entre deux peuples pour n'en faire plus qu'un. À partir de la Pentecôte, il n'y a plus que l'Église à laquelle tous les peuples sont appelés. Hors d'elle, il n'y a plus de religion qui tienne.
Extraits de Jean-Paul Ier « Le Secret, c'est terrible ! »,
Résurrection n° 7, juillet 2001, p. 13-18