Commentaire du discours de Benoît XVI à la Curie,
le 22 décembre 2006
L’ultime combat que se livrent la Vierge et Satan dans le cœur même du Pape est tout entier dans ce discours. Benoît XVI dresse un bilan de l’année écoulée, « marquée dans notre mémoire, déclare-t-il d’emblée, par la profonde empreinte des horreurs de la guerre qui s’est déroulée près de la Terre sainte, ainsi que, en général, du danger d’un affrontement entre cultures et religions, un danger qui pèse encore de manière menaçante sur notre période historique. »
Il manque seulement à ce constat lucide d’être mis en relation avec la vision qui ouvre le troisième Secret de Fatima, vision d’ « un Ange avec une épée de feu à la main gauche ; elle scintillait, émettait des flammes qui paraissaient devoir incendier le monde ».
Supposez que le Pape, connaissant ce texte qu’il a naguère commenté pour l’enterrer, supposez qu’il y revienne et l’exhume... la face du monde serait changée.
Comme en 1917, lorsque Lucie, François et Jacinthe furent favorisés de cette vision prophétique, « le problème des chemins vers la paix est ainsi devenu un défi de première importance », mais le Pape ajoute : « pour tous ceux qui ont le souci de l’homme ». Incise surprenante, d’autant plus qu’il précise : « Cela vaut en particulier pour l’Église dont les débuts ont été accompagnés par une promesse signifiant à la fois une responsabilité et un devoir : “ Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance. ” Alors, « souci de l’homme » ou souci... de Dieu ? de la gloire de Dieu avant tout et au plus haut des cieux, d’où découle sur la terre la paix octroyée par le Ciel aux hommes objets de sa complaisance ?
Le plus grave est que le Pape présente « la paix » comme « une responsabilité et un devoir » sans égard au don de Dieu, comme si l’accomplissement de cette promesse dépendait de l’homme et non pas de la Vierge Marie à qui Dieu l’a commise explicitement à Fatima ; c’est la raison des quatre « voyages apostoliques » entrepris cette année par Benoît XVI, un Pape dont on disait qu’il voyagerait peu. Mais c’est pour la cause de la paix... telle qu’il la conçoit.
1. EN POLOGNE, HOMMAGE SENTI À Jean-Paul II
Le Pape évoque d’abord sa « visite pastorale en Pologne, le pays natal de notre bien-aimé pape Jean-Paul II. Le voyage dans sa patrie a représenté pour moi un profond devoir de gratitude pour tout ce que, au cours du quart de siècle de son service, il m’a donné, à moi personnellement mais surtout à l’Église et au monde. Son don le plus grand pour nous a été sa foi inébranlable et le caractère radical de son dévouement. “ Totus tuus ” était sa devise : dans celle-ci se reflétait tout son être. Oui, il s’est donné sans réserve à Dieu, au Christ, à la Mère du Christ, à l’Église : au service du Rédempteur et à la rédemption de l’homme. »
Ces paroles nous laissent voir combien Benoît XVI est affectivement épris de Jean-Paul II, au point de ne pas même pouvoir entendre, encore moins examiner, les formidables objections doctrinales que l’abbé de Nantes a soulevées à l’encontre des enseignements de ce Pontife qu’il considère comme le plus funeste de toute l’histoire de l’Église. (...)
LA POLOGNE CATHOLIQUE.
« En Pologne, continue Benoît XVI, partout où je me suis rendu, j’ai trouvé la joie de la foi. “ La joie de Yahweh est votre forteresse ”, on a pu faire dans ce pays l’expérience, comme d’une réalité, de cette parole que, face à la misère du nouveau début, le scribe Esdras adresse au peuple d’Israël à peine revenu de l’exil (Ne 8, 10). J’ai été profondément frappé par la grande cordialité avec laquelle j’ai été partout accueilli. »
Les Polonais ont accueilli notre « doux Christ en terre » comme le Vicaire de Celui que certains de leurs députés voudraient introniser “ Roi de Pologne ”. Rien à voir avec l’enthousiasme quelque peu chauvin, et frondeur, que soulevait leur compatriote Wojtyla. Benoît XVI en est bien conscient :
« Les gens ont vu en moi le Successeur de Pierre à qui est confié le ministère pastoral de toute l’Église. Ils voyaient celui à qui, malgré toute la faiblesse humaine, s’adresse, aujourd’hui comme alors, la parole du Seigneur ressuscité : “ Pais mes brebis. ” (cf. Jn 21, 15-19) ; ils voyaient le Successeur de celui à qui Jésus dit, aux environs de Césarée : “ Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. ” (Mt 16, 18) »
Avant de lui dire, quelques versets plutôt loin : « Passe derrière moi, Satan ! Tu m’es une pierre de scandale... » (Mt 16, 23), Mais cela, c’est moi qui l’ajoute. Cependant, on voit que ce contexte est bien présent à l’esprit de Benoît XVI puisqu’il continue : « Pierre, en soi, n’était pas un roc, mais un homme faible et inconstant. » Et même une pierre qui fait trébucher, qui “ scandalise ” comme l’autre jour à la mosquée Bleue.
« C’est pourtant précisément de lui que le Seigneur voulut faire la pierre et démontrer que, à travers un homme faible, il soutient lui-même solidement son Église et la conserve dans l’unité. »
Il n’en reste pas moins vrai que les successeurs de Pierre ne sont pas pour autant impeccables, toujours infaillibles, et exempts de tout reproche.
« Ainsi, la visite en Pologne a été pour moi, au sens le plus profond, une fête de la catholicité. Le Christ est notre paix qui réunit ceux qui sont séparés : au-delà de toutes les différences des époques historiques et des cultures, il est la réconciliation [entre l’Allemagne et la Pologne en l’occurrence]. Je voudrais remercier encore une fois de manière explicite et de tout cœur l’Église qui est en Pologne de cette expérience touchante de la catholicité. »
Pourtant, elle fait actuellement l’amère expérience d’une profonde division. Dans ce pays catholique à plus de 95 %, où le parlement est dominé par des catholiques de droite, un projet de loi a été déposé la veille de ce discours à la Curie, le 21 décembre, proclamant Jésus-Christ “ roi de Pologne ”. (...)
Initiative aussitôt critiquée par plusieurs évêques polonais : « Le Christ n’a pas besoin d’une déclaration à la Diète pour être le roi de nos cœurs », a déclaré Mgr Tadeusz Pieronek, membre de l’épiscopat et recteur de l’Académie papale de théologie à Cracovie (sud). (...)
La Pologne “ catholique ” est donc, elle aussi, comme « une grande ville à moitié en ruine ». C’est d’autant plus désolant qu’en réagissant ainsi contre une partie du peuple polonais et ses députés catholiques, ces évêques ne préparent ni les esprits ni les cœurs à la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. (...)
2. EN ESPAGNE, LE PAPE S’INTERROGE
Le voyage en Espagne, (...)« ... s’est entièrement déroulé à l’enseigne du thème du mariage et de la famille », résume le Saint-Père.
Il n’a pas ménagé ses encouragements aux époux « qui se sont présentés devant nous et ont parlé de leurs chemins respectifs dans le sacrement de mariage et au sein de leurs familles nombreuses. » Rappelant la force du sacrement, le Pape ne cache pas sa joie d’en constater les fruits : « Du témoignage de ces familles, nous parvenait une vague de joie, non pas une allégresse superficielle et pauvre qui se dissipe rapidement », mais une joie épurée au creuset du support mutuel « en vivant et souffrant jusqu’au bout le oui initial » jusqu’à « “ se perdre soi-même ” de manière évangélique ».
Cependant, il y a des ombres au tableau : « Devant ces familles et leurs enfants, devant ces familles dans lesquelles les générations se donnent la main et où l’avenir est présent, le problème de l’Europe qui, en apparence, ne désire plus avoir d’enfants, est entré profondément en mon âme. » (...)
« L’esprit moderne a perdu l’orientation, et ce manque d’orientation nous empêche d’être pour les autres des indicateurs du juste chemin. »
Extraordinaire aveu de la « désorientation diabolique » dénoncée par sœur Lucie : le Pape a bien écrit « nous », la désorientation « nous empêche d’être pour les autres des indicateurs du juste chemin ». Et il en administre aussitôt la preuve en se montrant lui-même incapable de répondre à la question qu’il pose : « La problématique va même encore plus loin. L’homme d’aujourd’hui est incertain à propos de l’avenir. Est-il admissible d’envoyer quelqu’un dans un avenir incertain ? » C’est-à-dire de faire des enfants, promis à quel avenir ? « En définitive, est-ce une bonne chose d’être un homme ? »
C’est toute la question. On attend que le Pape réponde par l’affirmative en parlant du Ciel, seul but de nos travaux qui consistent à mettre au monde des enfants, à les nourrir, à les éduquer, à combattre en eux le péché et les former à la vertu pour les « envoyer »... au Ciel !
Mais le Pape ne parle ni du Ciel ni de l’enfer auquel des parents chrétiens doivent arracher leurs enfants à grand labeur.
« À ce point, je ne peux pas taire mon inquiétude au sujet des lois sur les unions de fait. Beaucoup de ces couples ont choisi cette voie car, au moins pour le moment, ils ne se sentent pas en mesure d’accepter la coexistence juridiquement organisée et contraignante du mariage. Ils préfèrent ainsi rester dans un simple état de fait. Lorsque de nouvelles formes juridiques qui relativisent le mariage sont créées, la renonciation au lien définitif obtient, pour ainsi dire, également un sceau juridique. Dans ce cas, se décider, pour ceux qui ont déjà du mal, devient encore plus difficile. »
Le Pape analyse, mais ne condamne pas l’union libre. Il dit son “ inquiétude ”... Même attitude feutrée au sujet de l’homosexualité :
« S’ajoute ensuite, pour l’autre forme de couples, la relativisation de la différence des sexes. Ainsi, que ce soit un homme et une femme qui se mettent ensemble, ou deux personnes du même sexe revient au même. Cela est une confirmation tacite des théories funestes qui ôtent toute importance à l’aspect masculin ou féminin de la personne humaine, comme s’il s’agissait d’un fait purement biologique : des théories selon lesquelles l’homme, c’est-à-dire son intellect et sa volonté, déciderait de manière autonome de ce qu’il est ou n’est pas. Il y a là une dépréciation de l’aspect corporel, qui a pour conséquence que l’homme, en voulant s’émanciper de son corps, de la “ sphère biologique ”, finit par se détruire lui-même. »
Il est clair que le Pape réprouve tout de même ces mœurs, mais il tient à faire savoir que c’est au nom de l’intérêt porté à l’Homme !
« Si l’on nous dit que l’Église ne devrait pas s’ingérer dans ces affaires, alors nous ne pouvons que répondre : l’homme ne nous intéresse-t-il pas ? Les croyants, en vertu de la grande culture de leur foi, n’ont-ils pas le droit de se prononcer sur tout cela ? N’est-ce pas plutôt leur, notre devoir d’élever la voix pour défendre l’homme, cette créature qui, précisément dans l’unité inséparable de son corps et de son âme, est l’image de Dieu ? Le voyage à Valence est devenu pour moi un voyage à la recherche de ce que signifie être un homme. »
Le Pape ne semble pas avoir trouvé la réponse, puisqu’il ne condamne pas l’union libre ni l’homosexualité. Ayant ainsi exprimé son « inquiétude », il passe.
3. EN ALLEMAGNE, LE PAPE DIALOGUE
Le troisième voyage a conduit Benoît XVI en Bavière. Encore un pays catholique.
« Là j’ai pu vivre des journées d’une beauté inoubliable de rencontre avec la foi et avec les fidèles de mon pays. Le grand thème de mon voyage en Allemagne était Dieu. » À la bonne heure ! Non pas “ l’homme ”, comme au temps de Jean-Paul II, mais Dieu. Benoît XVI insiste, tout en éprouvant, là encore, le besoin de se justifier :
« L’Église doit parler de tant de choses : de toutes les questions liées à l’être humain, sa propre structure et sa propre organisation. Mais son véritable thème et, sous certains aspects, unique, est “ Dieu ”. Et le grand problème de l’Occident est l’oubli de Dieu : c’est un oubli qui se diffuse. »
S’agit-il seulement d’un « oubli » ? Le Pape semble ignorer le combat que livre contre Dieu le Prince de ce monde. Pourtant, il ne se contente pas de prêcher un vague déisme ; son “ thème ” est celui de Notre-Seigneur dans l’Évangile : « le Royaume de Dieu ».
« Jésus est le Royaume de Dieu en personne : l’homme à travers lequel Dieu est parmi nous et à travers lequel nous pouvons toucher Dieu, nous approcher de Dieu. »
Le souci du Pape paraît rejoindre ici celui de la Sainte Vierge, dont le troisième Secret s’achève sur cette évocation des « âmes qui s’approchaient de Dieu ». Mais il y manque la prédication de la pénitence, par la voix de l’ange au glaive fulgurant, et l’appel au sang des martyrs... Remplacé par l’appel au « dialogue ».
« Au thème de Dieu étaient et sont liés deux thèmes qui ont marqué les journées de la visite en Bavière : le thème du sacerdoce et celui du dialogue. »
LE SACERDOCE.
Comment ne pas songer à la pénurie, au tarissement des vocations sacerdotales, prophétiquement annoncé dans le troisième Secret où, « les uns après les autres », ils disparaissent sans être remplacés...
Mais non ! Le Pape se contente de faire un bel éloge de l’état sacerdotal, et du célibat qu’il exige : pour pouvoir apporter Dieu aux hommes, le prêtre doit être consacré à Dieu seul, selon le beau verset du psaume que « nous, l’ancienne génération, avons prononcé au cours de l’admission à l’état clérical : “ Yahweh, ma part d’héritage et ma coupe, c’est toi qui garantis mon lot. ”(Ps 16, 5) (...)
TRIPLE DIALOGUE.
1. Dialogue interconfessionnel, matérialisé par les « vêpres œcuméniques dans la cathédrale de Ratisbonne, où, outre les frères et sœurs de l’Église catholique, j’ai pu rencontrer de nombreux amis orthodoxes, et chrétiens évangéliques. Dans la récitation des Psaumes et dans l’écoute de la Parole de Dieu, nous étions tous réunis, et il est significatif que cette unité nous ait été donnée. » Qu’est-ce que cette “unité”-là ? Sans abjuration de quiconque ? Et avant ces “ vêpres œcuméniques ”, il n’y avait donc pas d’unité ? Et après, cette “ unité ” a-t-elle persisté ?
2. Dialogue entre foi et raison à l’université. Sans même faire allusion au tollé soulevé par sa citation de l’empereur byzantin en dialogue avec l’islam, le Pape rappelle avec force le thème central de son discours :
« La foi dans ce Dieu qui est la Raison créatrice de l’univers en personne, doit être accueillie par la science de façon nouvelle comme un défi et une chance. Réciproquement, cette foi doit reconnaître à nouveau son ampleur intrinsèque et son bien-fondé », à la faveur de l’accroissement de nos connaissances qui lui font comme un piédestal, selon l’image chère à l’abbé de Nantes.
« La raison a besoin du Logos qui est à l’origine de tout et qui est notre lumière [le Logos, c’est le Verbe, le Verbe fait chair, c’est Jésus] ; la foi, pour sa part, a besoin du dialogue avec la raison moderne, pour se rendre compte de sa grandeur et être à la hauteur de ses responsabilités. C’est ce que j’ai tenté de souligner dans mon discours à Ratisbonne. Il s’agit d’une question qui n’est absolument pas de nature uniquement académique ; notre avenir à tous est contenu dans cette question. »
En quoi, et pour quoi ? le Pape ne le dit pas. Mais il suffit d’évoquer les récentes découvertes archéologiques du désert du Sinaï, qui mettent en évidence cette heureuse concertation de la science et de la foi, pour nous faire toucher du doigt les événements de l’Alliance de Dieu avec l’humanité. Il y va du salut promis à qui se montrera fidèle à cette alliance jusqu’à la fin.
3. Dialogue interreligieux, « évoqué seulement de façon marginale et sous un double point de vue. La raison sécularisée n’est pas en mesure d’entrer dans un véritable dialogue avec les religions. Si elle demeure fermée face à la question sur Dieu, cela finira par conduire à l’affrontement entre les cultures. L’autre point de vue concernait l’affirmation selon laquelle les religions doivent se rencontrer dans le cadre de leur devoir commun de se placer au service de la vérité et donc de l’homme. »
Le Pape a déjà “ oublié Dieu ” lui aussi, Dieu qu’il vient de dire “ le grand thème de son voyage ”. Voilà qui nous ramène brutalement à Jean-Paul II pour lequel “ les religions ” avaient en effet pour objectif « le service de l’homme » et non pas celui de Dieu, le culte de l’homme et non pas le culte de Dieu.
Le quatrième voyage l’a confirmé :
4. EN TURQUIE, LE PAPE PRÊCHE LES DROITS DE L’HOMME
« La visite en Turquie m’a offert l’occasion d’exprimer également publiquement mon respect pour la religion musulmane, un respect, d’ailleurs, que le concile Vatican II (cf. Déclaration Nostra ætate, n° 3), nous a indiqué comme un devoir. » Après cette captatio benevolentiæ, Benoît XVI déclare que « le monde musulman se trouve aujourd’hui avec une grande urgence face à une tâche très semblable à celle qui fut imposée aux chrétiens à partir du siècle des Lumières et à laquelle le concile Vatican II a apporté des solutions concrètes pour l’Église catholique au terme d’une longue et difficile recherche. Il s’agit de l’attitude que la communauté des fidèles doit adopter face aux convictions et aux exigences qui s’affirment dans la philosophie des Lumières. » (...)
« D’autre part, il est nécessaire d’accueillir les véritables conquêtes de la philosophie des Lumières, les droits de l’homme et en particulier la liberté de la foi et de son exercice, en y reconnaissant les éléments essentiels également pour l’authenticité de la religion. »
Ainsi, (...) non seulement Benoît XVI ne prêche pas le Christ aux musulmans, mais il prêche l’Antichrist aux chrétiens et aux musulmans !
Car avant le concile Vatican II, depuis le Père de Clorivière jusqu’à l’abbé de Nantes, en passant par saint Pie X, Grégoire XVI et le Bx Pie IX, l’Église a condamné comme antichrist ce que Benoît XVI appelle aujourd’hui « les vraies conquêtes des Lumières que sont les droits de l’homme et notamment la liberté de la foi et son exercice ».
La Lettre “ Notre charge apostolique ” de saint Pie X, condamnant le Sillon, commence ainsi :
« Notre charge apostolique nous fait un devoir de veiller à la pureté de la foi et à l’intégrité de la discipline catholique, de préserver les fidèles des dangers de l’erreur et du mal, surtout quand l’erreur et le mal leur sont présentés dans un langage entraînant, qui, voilant le vague des idées et l’équivoque des expressions sous l’ardeur du sentiment et la sonorité des mots, peut enflammer les cœurs pour des causes séduisantes mais funestes.
« Telles ont été naguère les doctrines des prétendus philosophes du dix-huitième siècle, celles de la Révolution et du libéralisme tant de fois condamnées. » (25 août 1910, n° 1)
Ce discours de Benoît XVI fait ainsi la preuve que depuis le Concile, comme le disait saint Pie X du Sillon, « on ne travaille pas pour l’Église, on travaille pour l’humanité. » (n° 39) L’Église est devenue un “ Mouvement d’Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle ” (MASDU) puisque Benoît XVI en arrive à déterminer les critères essentiels de « l’authenticité de la religion » sans préciser de quelle “ foi ” il se fait, lui, le porte-parole. En outre, il tient déjà l’islam pour une religion « authentique », pourvu que celle-ci fasse son aggiornamento, comme l’Église catholique l’a fait au concile Vatican II.
Le Pape n’a autorité pour prêcher aux catholiques, aux juifs, aux musulmans, et à toutes les nations de la terre, que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié ! qui, seul, nous rend “ libres ” parce qu’il nous arrache, par sa Croix, à l’esclavage de Satan. Jésus-Christ crucifié, cloué sur la Croix, c’est l’antithèse des droits de l’homme et de sa prétendue liberté.
Avec le pape Ratzinger, nous voyons le “ dialogue ” islamo-chrétien aboutir à une monstrueuse alliance entre deux “ religions ” antichrist : l’islam et la religion prétendue réformée de Vatican II, sous le couvert des “ droits de l’homme ”. En réalité, il n’y a pas de “ dialogue ”. Il y a seulement le monologue d’un Pape qui a perdu toute raison en ne mesurant pas combien l’islam est profondément étranger aux “ droits de l’homme ”. (...)
LE SCHISME.
Le but de ce voyage en Turquie était, à l’origine, « œcuménique ». L’objectif était une rencontre entre le pape Benoît XVI et “ sa sainteté ” Bartholomaios Ier, patriarche “ orthodoxe ” de Constantinople :
« Enfin, à Istanbul, j’ai pu vivre une fois de plus des heures heureuses de proximité œcuménique lors de la rencontre avec le patriarche œcuménique Bartholomaios Ier. Il y a quelques jours, il m’a écrit une lettre dont les paroles de gratitude provenant du plus profond du cœur m’ont fait revivre l’expérience de communion [avec des schismatiques !] de ces journées. Nous avons fait l’expérience d’être frères non seulement sur la base de paroles et d’événements historiques, mais du plus profond de l’âme ; d’être unis par la foi commune des Apôtres jusque dans notre pensée et nos sentiments personnels. » (...)
Si c’est vrai, c’est effrayant ! En janvier 1997, nous avions relevé et publié une déclaration de ce Bartholomaios : « L’idée selon laquelle le Seigneur, en choisissant les douze Apôtres, confia à l’un d’eux la tâche de les gouverner, n’a aucun fondement dans l’Écriture sainte ». Et Benoît XVI se dit uni à lui « par la foi commune des Apôtres » ?
La “ déclaration commune ”, signée conjointement par le Pape et le Patriarche, le 30 novembre à Istanbul, ne contient pas la moindre allusion à la primauté pontificale, c’est-à-dire au pouvoir de juridiction universelle, autrement dit “ catholique ”, du Pape sur la terre entière.
Le pape Benoît XVI n’en est pas moins dépositaire de ce pouvoir. Mais y croit-il encore ? On peut en douter à force de le voir se refuser à s’en servir. Et pour cause ! puisqu’il ne cesse de proclamer la liberté religieuse définie au concile Vatican II comme un droit de la personne humaine à n’être « ni obligée ni empêchée » en matière religieuse...
C’est par cette “ profession de foi ” qu’il termine :
« Espérons et prions pour que la liberté religieuse, qui correspond à la nature profonde de la foi et est reconnue dans les principes de la Constitution turque, trouve dans des formes juridiques adéquates comme dans la vie quotidienne du patriarcat et des autres communautés chrétiennes une réalisation concrète toujours croissante. »
Nous touchons là la raison profonde de sa forfaiture vis-à-vis de l’abbé de Nantes, qu’il refuse de juger ; mais aussi vis-à-vis de Notre-Dame de Fatima qui, elle aussi, fait appel en vain à sa juridiction universelle en lui demandant de consacrer la Russie à son Cœur Immaculé.
La Vierge Marie est quand même invoquée in fine, juste assez pour manifester une dévotion pieuse, mais non théologique, une dévotion anachronique, puisqu’elle ne tient aucun compte de l’ « Épiphanie de l’Immaculée », prophétisée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort, « inconnue jusques ici », écrivait ce saint sous le règne finissant de Louis XIV, et révélée par les grandes apparitions modernes, depuis celles de la rue du Bac en 1830, jusqu’à Fatima, Pontevedra et Tuy.
Nous n’avons donc d’autre recours que d’en appeler à l’Immaculée avec foi, espérance et tendresse envers son Cœur, notre refuge, dont le triomphe est certain et... proche ! C’est d’elle, et d’elle seule qu’il est dit :
« La Femme écrasera la tête du Serpent. »
Et aussi :
« Vous seule vaincrez les hérésies dans le monde entier. »
frère Bruno de Jésus
Extrait de Il est ressuscité ! n° 54, février 2007, p. 7-14