Le souci de l'unité :
l'Église, l'Église seule !
Nous ne sommes, en définitive, que des instruments entre les mains du Seigneur, nous rappelle Benoît XVI à la fin de son encyclique. Cette pensée doit nous libérer de la prétention de devoir œuvrer par nous-mêmes, et seuls, « à la réforme dont le monde a besoin », à plus forte raison à la Contre-Réforme dans l’Église, si nécessaire au salut du monde. Celui qui comprend cela « fera humblement ce qu’il lui est possible de faire et, humblement, confiera le reste au Seigneur. C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Pour notre part, mettons-nous simplement à Son service, autant que nous le pouvons, et tant qu’Il nous en donne la force. » (Deus Caritas est, n° 35)
Sa première encyclique est un appel à l’union avec Dieu qui est Charité et donc entre nous tous, enfants de l’Église catholique romaine, évêques, prêtres, diacres, personnes consacrées et fidèles laïcs.
Les membres de la Contre-Réforme catholique répondent à cet appel sans réticence, d’autant plus qu’ils soumettent, depuis plus de trente ans, à l’agrément du Saint-Siège et de leurs évêques, une Formule d’union, expression de leur foi et de leur programme d’action, qui fut bien près d’aboutir sous le pontificat de Jean-Paul Ier. Dieu ne l’a pas permis, mais il semble qu’elle fut écrite pour aujourd’hui. La voici inchangée, inchangeable. Puisse-t-elle trouver le chemin du cœur de notre bien-aimé Souverain Pontife, le pape Benoît XVI, si ardemment désireux de réconciliation catholique.
FORMULE D’UNION
Membres de la sainte Église catholique romaine par notre baptême et notre foi, notre union est avec Dieu comme des fils adoptifs avec leur Créateur et Père, avec le Verbe de Dieu Jésus-Christ qui nous a rachetés et sauvés au prix de son Sang, comme des disciples et des frères, avec l’Esprit-Saint participant à ses inspirations et à ses grâces, comme ses hôtes et ses témoins au milieu du monde.
C’est pourquoi toute notre sécurité et notre salut sont dans l’Église notre Mère et dans notre soumission à son Chef, notre Saint Père le Pape, à nos évêques en communion avec lui, étant saufs l’honneur de Dieu et son souverain service, selon la doctrine de Jésus-Christ et le droit fixé par la tradition ecclésiastique. Nous nous déclarons et voulons membres de l’Unique Église, Corps Mystique du Christ, fidèles à ses Pasteurs légitimes et frères de tous ceux qui participent à la même foi, aux mêmes sacrements, à la même communauté de biens spirituels et de charité.
I. LES LOIS DE L’UNITÉ CATHOLIQUE
Dans les oppositions et les intolérances qui divisent dangereusement cette famille de Dieu, nous voulons, d’un cœur sincère et large, nous conformer aux lois de l’unité catholique et retrouver les voies de la réconciliation chrétienne, mettant le service de Dieu, le bien de l’Église et la paix entre frères en avant et au-dessus de tout ce qui nous est propre et particulier, telles nos divergences d’opinions.
Notre prière et nos efforts iront à la pacification de l’Église selon les principes suivants :
1. Le fondement de l’unité est la foi en la pure vérité des Mystères de Dieu révélés, dont l’enseignement intégral de l’Église est l’expression authentique et infaillible. En conséquence, nous déclarons adhérer à tout l’enseignement du Magistère, ordinaire et extraordinaire, et rejeter toute nouveauté ou altération de doctrine qui porterait atteinte au dépôt intangible de la Révélation. Bien plus, nous nous tiendrons prudemment à l’écart de toute opinion périlleuse s’éloignant de la Tradition des Pères.
Si d’autres nous paraissent dévier de la vraie foi et pervertir l’enseignement de l’Église, nous devons les reprendre, combattre leurs opinions, en appeler enfin au jugement décisif du Magistère, mais sans cesser pourtant de les tenir pour membres de la sainte Église tout comme nous, et de les honorer comme nos frères en Jésus-Christ, nous souvenant que seul le jugement souverain de l’Église déclare l’hérésie et excommunie l’hérésiarque. Nous ne substituerons jamais notre jugement à celui de l’Église.
2. Le lien de l’unité est la charité qui, par les énergies de la divine grâce, associe à l’amour de notre Dieu et Père l’amour de nos frères et d’abord des plus proches qui sont nos frères chrétiens catholiques. En conséquence, nous reconnaissons notre Saint Père le pape Benoît XVI comme Souverain Pontife, successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ, nos évêques en communion officielle avec lui comme successeurs des Apôtres et pasteurs des Églises particulières avec lui, et comme nos frères et pères, formant avec nous nos communautés chrétiennes, les prêtres canoniquement pourvus des pouvoirs d’ordre et de juridiction, et les fidèles régulièrement admis à la communion ecclésiastique et eucharistique, sauf désordre public et certain. Nous voulons les aimer en toute justice, piété et religion.
Si d’autres brisent, par un acte de volonté propre, délibéré et manifeste, le lien de l’unité catholique et se divisent et retranchent de la communion visible, apostolique et hiérarchique de l’Église, nous devons les en avertir et les en reprendre, combattre leurs agissements et, s’ils s’obstinent, nous séparer d’eux et de leurs sectes sans attendre le jugement et la sanction de l’Église, nous souvenant que le schisme se déclare lui-même par la rébellion et le refus de l’autorité doctrinale, pastorale et judiciaire de la hiérarchie apostolique et romaine. Nous ne participerons jamais à aucun culte, doctrine ou œuvre en dehors de la pleine communion catholique.
II. LE TRIPLE MINISTÈRE DE LA HIÉRARCHIE
Cependant, parce que notre fidélité répond à l’autorité divine de la hiérarchie, elle ne peut subsister sans elle. Elle l’appelle à son aide dans les périls. Église enseignée, fidèles du Christ, nous avons le droit et le devoir de rappeler à nos Pasteurs qui sont, eux et eux seuls, l’Église enseignante, sanctifiante et gouvernante, la nécessité de leurs fonctions, l’urgence de leur service pour l’unité catholique. La hiérarchie de l’Église nous doit son triple ministère :
1. Son enseignement de la vraie doctrine et ses condamnations efficaces de toute erreur survenant dans le peuple chrétien nous sont aussi nécessaires que l’air que nous respirons. C’est son devoir d’interdire la parole à tout professeur de mensonge, tout incrédule, tout sceptique, tout hérétique. C’est son devoir, qu’elle ne peut négliger sans forfaiture, de donner à tous les baptisés qui l’écoutent le catéchisme et la prédication purs et complets, nécessaires à notre salut. Et nous réclamons que toute plainte ou critique portant sur l’enseignement de la foi soit examinée et jugée avec diligence et efficacité pour la paix des âmes et l’unité des esprits, comme il a toujours été de règle absolue dans l’Église.
2. Sa conservation des rites sacramentels et sa garantie de leur distribution valide et licite nous sont plus nécessaires que le pain et le vin dont nous nourrissons nos corps. C’est son devoir inaliénable de contrôler l’administration des sacrements, aujourd’hui devenue anarchique, et de recevoir toutes plaintes concernant le ministère sacré pour leur donner les suites convenables. En particulier, la célébration du Saint-Sacrifice de la messe doit être assurée dans des formes certainement valides et licites, dignes et édifiantes, toute contravention au rit d’institution divine et aux règles liturgiques de l’Église devant être publiquement blâmée et toute récidive obligatoirement sanctionnée. L’unité organique de la communauté eucharistique est à ce prix. L’indifférence ou l’inertie de l’évêque en matière si grave doit faire l’objet d’un appel à Rome de quiconque en est témoin et Rome ne pourrait le refuser ou l’ignorer sans prévarication. L’unité eucharistique n’est-elle pas le signe et le sacrement de l’unité de l’Église ?
3. Son gouvernement du clergé et du peuple fidèle enfin ne peut conserver et épanouir la tranquillité de l’ordre surnaturel et la charité mutuelle qu’à certaines conditions de sauvegarde du droit canonique et du droit coutumier, assurant le respect des personnes. Que nul ne soit empêché de pratiquer sa religion selon la tradition de ses Pères, que nul ne soit obligé d’adopter des nouveautés encore incertaines ! Tous, à l’exclusion des seuls révolutionnaires déclarés, comprennent et proclament qu’il ne peut y avoir d’union filiale et fraternelle dans notre Église sans le respect du droit et la proscription de l’arbitraire à tous les degrés de la hiérarchie. Quiconque attente au droit attente au bien commun et à la sainte liberté et sécurité de tous ; la répression efficace de telles violences, morales et parfois physiques, fait partie des attributions pastorales dont aucun membre de la hiérarchie ne saurait se dessaisir ou se désintéresser. L’Église n’est ni un despotisme ni une anarchie, mais une société hiérarchique de droit divin dont la charité est le lien.
III. DANS LA COMMUNION DE L’ÉGLISE
Une seule foi divine, une seule liturgie sacrée, une seule loi ecclésiastique maintenues par l’Autorité Souveraine d’une seule hiérarchie, sans porter la moindre atteinte aux diversités légitimes des doctrines, des rits, des droits particuliers, telles sont les nécessités de notre communion catholique, telles sont les urgences de notre réconciliation fraternelle, auxquelles nous déclarons souscrire et auxquelles nous demandons instamment, fort instamment, très instamment, à notre Saint Père le Pape et à nos évêques de pourvoir pour la paix de l’Église, pour le bien de nos âmes et le leur, afin que le monde croie et soit sauvé.
Pour notre part, nous ne voulons ni ne prétendrons jamais enseigner, sanctifier, gouverner l’Église ou l’une quelconque de ses parties en nous substituant, en quelque façon que ce soit, au Magistère dont c’est l’office exclusif. Nous voulons demeurer chrétiens catholiques romains en communion avec notre Saint Père le Pape, nos évêques unis à lui, les prêtres et les fidèles de l’Église universelle. Nous refusons notre communion à qui se sépare de cette unique Église par le schisme, nous acceptons la communion de quiconque est reçu dans sa communion. Nous refuserons toujours de faire la guerre à nos frères en les déclarant de notre propre chef exclus de l’Église ou déchus de leurs fonctions d’autorité, quels que soient nos différends. Mais nous porterons toutes nos inquiétudes et nos indignations, nos plaintes et nos accusations au tribunal de la sainte Église pour qu’elle juge entre nous et nos frères, selon la foi, la loi et le droit catholiques.
Quoi qu’il puisse advenir et nous en coûter, nous signons cette formule d’union et nous la présentons à l’agrément ou à la correction du Magistère romain, dans l’espérance qu’elle sera une participation utile à la réconciliation de tous les catholiques autour du Père Commun dans le service de Dieu et de tous nos frères humains. À la gloire de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !
Georges de Nantes, prêtre.
CRC n° 85, octobre 1974, p. 1-2
Il est ressuscité ! n°45, avril 2006, p. 1-2