La circumincessante charité
Le Cœur et la Croix de Jésus
I. Jésus-Christ, chemin vers le Père
JÉSUS révèle aux hommes que Dieu est leur Père, leur bon Père du Ciel. Il le leur fait comprendre par des paraboles mais aussi par des miracles de bonté et de puissance opérés par amour.
Jean-Baptiste, le Précurseur.
La source de la circumincessante charité est la bonté de notre Père Céleste. Après la chute d’Adam et le relèvement promis grâce à la Sainte Vierge Marie, après des temps d’ignorance, nous avons assisté avec Abraham, à un nouveau départ de l’humanité dans sa marche vers Dieu, dans le désir de la venue du Messie. Dans les derniers temps proches de Jésus, de magnifiques prophéties guident les âmes des pauvres d’Israël vers une remarquable sainteté. Les grands sont corrompus (les sadducéens), et les Esséniens cherchent à retrouver la voie de la Justice. Jean-Baptiste, le dernier personnage de l’Ancien Testament, annonce le Messie pour lequel il faut préparer son cœur par un baptême de pénitence.
Saint Jean-Baptiste est un très grand personnage et notre Père nous en fait prendre la mesure unique : on trouve toujours de grands hommes qui ont des disciples. Mais des précurseurs qui disent : moi, je ne suis rien, mais vient Celui qui sera le Messie, cela n’existe dans aucune autre religion. Un homme, Jean-Baptiste, s’est proclamé le précurseur du Messie et L’a désigné à ses disciples : « Voici l’Agneau de Dieu » pour qu’ils Le suivent.
Une nouvelle Alliance va commencer dans la petitesse et l’humilité : Jésus de Nazareth en est le Fondateur. Il vient comme le Révélateur du Père car il y a encore beaucoup à apprendre sur notre Père des Cieux !
Jésus, notre didascale.
Portons maintenant nos regards vers Jésus. Il apparaît sans bruit, surgi du désert, auprès de saint Jean-Baptiste pour lui demander d’être baptisé comme tout juif pieux. C’est un paradoxe que Jésus commence sa mission par ce baptême, Lui, la Sainteté incarnée ! C’est sa mission première : Il se met à la suite des prophètes, mais pour commencer par porter à sa perfection l’enseignement de l’Ancien Israël. Il vient d’abord rappeler à son peuple le culte du vrai Dieu et lui révéler parfaitement ce que voulait de lui ce Seigneur du Ciel et de la terre, « Yahweh », le Dieu d’Israël, le Dieu de leurs Pères.
Il nous est bon de retrouver cette première et simple prédication dont le but est d’apprendre à ce peuple, et à nous donc, que son Dieu, notre Dieu, était, est, et sera toujours son Père. Cela semble évident, élémentaire ? Il ne faut pas passer trop vite sur les choses simples de l’Évangile, car si Notre-Seigneur s’est donné la peine de les prêcher (en particulier dans toute la période galiléenne), c’est que ces choses avaient besoin d’être dites. Ce sont des paraboles, discours, sentences, gestes, miracles en particulier, qui nous ramènent au culte de Dieu comme notre Père. Notre-Seigneur corrige les données fausses introduites par les pharisiens dans la tradition. Il fait réaliser un progrès à ceux qui l’écoutent : Dieu n’est pas comme un Père, mais bien plus, Il EST Notre Père Céleste. Il est dans les cieux, le Tout-Puissant, leur Créateur miséricordieux et tout proche, tout occupé de ses enfants. Après tous les messagers de l’Ancien Testament, Il leur envoie son Fils, mettant le comble à ses bienfaits. Jésus met le sceau à la Révélation, se faisant notre didascale, car sa vocation divine est d’enseigner. Il enseigne avec autorité ; Il prolonge l’enseignement des prophètes. Il se montre plus grand que Moïse, authentifiant son enseignement par des miracles, comme Élie. Il achève ce que les psaumes avaient annoncé. Lui seul a le pouvoir de faire passer dans le peuple la Vérité nouvelle, gauchie par les pharisiens.
Donnons quelques exemples :
« Lorsque vous priez, dit-Il à ses apôtres, dites : “ Notre Père qui êtes aux Cieux... ” ». Jésus veut rendre les hommes fils de Dieu. Dans l’Ancien Testament, les pauvres juifs n’osaient pas appeler Dieu ainsi : « Abba, Père, papa ». Dieu était souvent appelé Père, mais d’une façon générale, pas en particulier. On était trop respectueux de la grandeur de Dieu pour l’appeler ainsi (David mis à part). Jésus fait faire un pas à tous ces hommes, en leur distribuant le privilège inouï d’oser s’adresser à Dieu en lui disant : « Notre Père ». Cette connaissance de Dieu comme d’un bon Père tiendra toujours la première et inébranlable place dans la religion ancienne des Hébreux, comme dans la religion chrétienne, universelle et catholique. Au lieu de penser que nous passons du culte du Père dans l’Ancien Testament à un culte de Jésus-Christ puis du Saint-Esprit, non ! Tout est dans le Cœur du Père. Et par Jésus, nous connaissons davantage le Cœur de notre Père. La prière du Notre Père est parfaite, totalisant, incluant toutes les richesses de l’Évangile. Nous pouvons donc être très émus, très nourris dans notre âme, très méritants auprès de Dieu et Lui plaire, simplement par la prière du Notre Père. C’est revenir à notre source, Fons et origo. La source et la fontaine du salut, c’est le Cœur de Dieu, de Dieu Père dont toute bonté et toute grâce viennent. Donc, c’est éternel. Dieu sera pour l’éternité des éternités le bon Père qui a choisi de nous accorder sa grâce et sa miséricorde, même pécheurs, et de nous racheter. Et Jésus nous apprend à le prier en levant les yeux au Ciel. Le Ciel est un lieu où est Dieu. C’est le séjour de Dieu. Jésus nous révèle le Nom de Dieu : « PÈRE », dont notre père de la terre est une image.
« Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait ». Jésus s’adresse à tout le monde et pas d’une manière au rabais ! Il veut nous faire ressembler à son Père du Ciel. Il recommande de ne pas faire l’aumône comme des hypocrites pour en tirer vanité, mais dans le secret, car « ton Père qui voit dans le secret te le rendra », et de ne prier que sous le regard de Dieu. Quel progrès par rapport aux pharisiens qui prenaient une mine défaite lorsqu’ils jeûnaient ou qu’ils se faisaient remarquer, faisant l’aumône sur les places publiques !
« Prie ton Père dans le secret. Et ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». Dieu est bon parce qu’Il est votre Père et vous, vous êtes ses enfants. Dans ta cellule, ton Dieu est là, Il est pour toi comme un Père, Il est ton Père : voilà la religion qui tout d’un coup prend une forme, une vérité, une puissance incroyable ! C’est un lien intime de l’homme à Dieu, de Dieu à l’homme !
Dans d’autres passages, Jésus semble se confondre avec Dieu : « Ce n’est pas quiconque me dit “ Seigneur ! Seigneur ! ” qui entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux ». Les prières s’adressent à Jésus, mais c’est Dieu qui les récompense : Jésus se met du côté de Dieu. Dans cette première partie de l’Évangile, Jésus paraît un peu comme entre Ciel et terre.
De même, les paraboles sont une mine de vérités à étudier ! Souvent, elles nous présentent le Père seul comme maître de maison, propriétaire d’un champ, gérant d’une propriété, comme chef de famille mariant son fils, comme roi... Ces relations humaines d’un roi avec son peuple, d’un père avec ses enfants, Jésus les donne comme des analogies nous permettant de nous figurer un peu quel est notre rapport avec Dieu. Jésus devait être un conteur merveilleux : « Un semeur sortit pour semer… »
Dans d’autres paraboles, Jésus est impliqué : quand il est question d’un père de famille qui marie son fils et des invités qui ne viennent pas au mariage. Ce sont les relations mystérieuses entre le Père et le Fils qui sont ici mises en lumière.
Jésus doit aller pas à pas dans cette révélation et en même temps qu’Il donne un enseignement plus parfait que celui des prophètes antérieurs, parlant d’abondance du cœur de son Père qui est dans les Cieux, Il fait des miracles de bonté et de puissance, les paraboles expliquant le sens des guérisons qu’Il opère par amour. Mettons dans notre esprit les recommandations de Notre-Seigneur dans les Béatitudes : n’avoir pour ambition que de complaire à Dieu en toute chose, être ses fils, et les sentences impératives des paraboles : Il faut sauver son âme, ne pas tomber dans la géhenne mais aller au Ciel. Il se montre un Maître sans rival, ce Jésus “ pédagogue ” qui prêche, qui enseigne, qui montre sa bonté : c’est une première étape de la Révélation du Christ, qui est fondamentale, mais non décisive. Ayant conquis l’adhésion de son peuple, Il le conduit à la révélation de son mystère : Il est le Fils de Dieu.