Mardi 2 juin
La charité du Christ nous presse
NUIT et jour, le canon tonne, plus ou moins proche. Pour la vigile de l'Assomption, des détonations éclatent derrière l'église, puis sur le pont. Le lendemain, 15 août 1914, mère Germaine de Sonis sacrifie à la charité le silence de son carmel, à Rouvroy où elle s'est exilée avec ses novices. Elle improvise une ambulance et place, très visibles, trois drapeaux blancs à croix rouge.
Le premier blessé est amené dans une charrette de paysan. Le vendredi 21, l'armée française déferle sur les routes. Aux soldats, les moniales donnent leur propre dîner qu'ils emportent, avec la vaisselle... Ils passent par vague, jusqu'à la nuit.
Un officier s'informe du logement disponible. « Nous ouvrirons la clôture », répond la vaillante supérieure.
La salle de chapitre devient salle d'opération. Après l'intervention chirurgicale, les hommes sont couchés sur des cosses de fève pleines de poussière qu'apportent les villageois en guise de paille. Des mourants grelottent. La charitable prieure distribue des couvertures et châles.
Les infirmiers ont aligné tous les opérés dans les cellules du premier étage. L'escalier du second est trop étroit pour les brancards, la porte du chœur aussi : « Sciez. La charité avant tout ! »
Elle passe les nuits debout, porte à boire aux sentinelles. Avant le jour les hommes sont sur pied ; les sœurs leur distribuent provisions et chapelets pour le combat.
À l'exemple de ces carmélites, soyons dévoués et sachons sacrifier nos aises pour soulager notre prochain.
Cœur de Jésus, fournaise ardente de charité, ayez pitié de nous !
Colorier les soldats défilant devant sœur Julie.