3 SEPTEMBRE 2021
« Ce sacrement est grand ! »
DANS la « bataille décisive » que Satan livre à la Sainte Vierge, la famille est l’objet d’assauts particulièrement redoutables. Le cardinal Caffara, archevêque de Bologne, en reçut de sœur Lucie la claire prophétie, aujourd’hui d’une actualité saisissante : « L’affrontement final entre le Seigneur et le règne de Satan sera sur la famille et sur le mariage. N’ayez pas peur, parce que quiconque travaille pour la sainteté du mariage et de la famille sera toujours combattu et contrarié de toutes les manières, car c’est le point décisif. Mais la Madone lui a écrasé la tête. »
Dans nos temps de désorientation diabolique, après avoir écouté le passage de l’Évangile de saint Marc où Notre-Seigneur proclame l’indissolubilité du mariage, il nous est bon de méditer, à l’école de notre Père, l’enseignement traditionnel de l’Église sur « ce grand sacrement ».
« Dès la première création, le mariage a été institué par Dieu même dans sa dignité et sa plénitude comme l’union majeure et la cellule initiale de la société : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui soit assortie. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils ne seront plus qu’une seule chair. » (Gn. 2, 18-24)
« Le sacrement de mariage n’est pas – comme beaucoup le pensent, même dans l’Église – une bénédiction d’un amour naturel, bénédiction qui viendrait donner à celui-ci des forces nouvelles. C’est la conception des protestants comme des orthodoxes, mais ce n’est pas la doctrine de l’Église catholique.
Au milieu de l’incompréhension universelle – et même celle de ses propres fidèles –, l’Église a toujours refusé de considérer son rite sacré comme ajouté à l’union naturelle que contractent par eux-mêmes les époux et dont le ministre serait le prêtre. Elle veut que le sacrement ne soit rien d’autre que le contrat qui consiste en la volonté des époux de se donner l’un à l’autre, et donc que le ministre du sacrement ne soit nulle autre personne que les époux eux-mêmes, si surprenant que cela puisse paraître.
« Et c’est parce que l’Église catholique sait que le sacrement de mariage n’est pas une simple aide extérieure à un amour humain infirme en lui-même, qu’elle seule maintient l’absolue indissolubilité du mariage, qui est pourtant une exigence naturelle et fondamentale du mariage, mais qui paraît à tous trop souvent excessive pour les forces humaines ! »
Alors, qu’est-ce que le mariage ? Grâce aux explications de notre Père, nous comprenons à notre tour en quoi « ce sacrement est grand » (Ep 5, 32).
« Dans le sacrement de mariage dont ils sont les ministres, les époux mettent en œuvre leur vertu chrétienne, leur grâce baptismale. Par leur volonté d’époux chrétiens, le sacrement est directement une œuvre du Christ pour son Église, ordonnée à la croissance du Peuple de l’Alliance, par la sainteté du lien conjugal et la fondation d’une sainte famille.
« Alors, pour celui qui se sait identifié au Christ par le sacrement et transformé en lui par la grâce de cette union sainte, il n’est plus qu’une morale : agir pour sa femme comme le Christ pour son Église, parce qu’il est en quelque manière, en figure, le Christ. Quant à la femme, elle ne sera que fidélité, soumission, confiance, amour inlassable, dévouement, tendresse pour cet homme qui lui est unique parce que seul il est pour elle seule son autre Christ, au-delà des apparences charnelles quotidiennes, au-delà de l’imperfection et du péché, et même de la trahison.
« La vérité est que le sacrement communique sûrement, efficacement, la vie du Christ et sa forme propre d’amour qui résiste à tous les assauts du mal, qui se plie à toutes les souffrances, enfin se soumet à la mort et, ainsi rendu victorieux, entre en partage de l’immortalité bienheureuse. Les époux chrétiens éprouvent eux aussi l’épuisement naturel des sentiments, la fatigue des volontés, compliqués de toutes les épreuves de la vie terrestre quotidienne, alourdis encore par leurs propres péchés. Cependant, l’amour conjugal, en vertu de la Passion du Christ et de sa Résurrection, peut être victorieux et grandir en eux jusqu’à la vie éternelle puisqu’il est, par le baptême, ressourcé au Christ et s’y renouvelle par la grâce du sacrement de mariage dont les époux chrétiens disposent perpétuellement.
« Au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour ; non pas sur l’instinct, la joie, la réussite, mais l’amour qui pardonne, se dévoue et se sacrifie, parce que pareil Amour est la présence de Dieu parmi nous. À l’épouse il sera demandé d’abord : As-tu aimé le Christ ? et comme elle ne saura pas répondre, il lui sera demandé : Oui, comment as-tu aimé ton époux, celui qui fut pour toi le Christ ? À l’époux, il sera demandé pareillement : As-tu été bien dévoué à l’Église ? Et comme il ne saura que répondre, il lui sera demandé : Oui, qu’as-tu fait pour ton épouse, car ce que tu as fait pour ton épouse, c’est à mon Église présente en elle que tu l’as fait, bien ou mal, fidélité ou adultère, soin ou abandon...
« Et l’Église dans l’éternité sera l’image fidèle, resplendissante, de nos saintes amours, de nos familles et de nos paroisses, aux liens charnels et spirituels transfigurés, configurés au Christ et à l’Église pour les Noces éternelles. »
Extraits de la RC n° 138 sur le sacrement du mariage de Mai 2006