15 AVRIL 2022 - VENDREDI SAINT 

Le Christ règne par la Croix

EN ce Vendredi-saint nos regards et nos cœurs sont tournés vers la Croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je voudrais que nous ayons tous dans l’esprit et dans le cœur une certitude, une persuasion intime et, en même temps, une affection, un attachement sans rival à cette Croix du Christ considérée comme l’événement unique, l’événement incomparable, l’événement central de l’histoire de l’humanité.

Certes nos ancêtres, les chrétiens d’autrefois, ont vécu dans cette persuasion qui leur était pour ainsi dire facile parce qu’elle leur était commune. Il n’y a rien de plus grand au monde que notre sainte religion. Notre sainte religion est unique. Il n’y a rien de plus réel, rien de plus vrai, rien de plus consistant, rien de plus important que notre sainte religion et, dans cette sainte religion, l’Incarnation de Jésus-Christ, Fils de Dieu, notre Sauveur. Et dans la vie de Notre-Seigneur sur la terre, il n’y a rien de plus grand que son sacrifice sur la Croix.

La Croix du Christ est l’événement central, l’événement le plus important de toute l’histoire humaine, et la Messe en est la preuve absolue : la Messe, qui est le mémorial de la Croix et de la Résurrection de Notre-Seigneur, le renouvellement de l’Alliance dans le Sang du Christ qui a coulé une fois et une seule fois sur la Croix, se célèbre partout dans le monde.

Peu de temps avant sa Passion, Notre-Seigneur répondit à Judas et à tous ceux qui se moquaient de Marie-Madeleine : « Laissez-la ! Pourquoi l’ennuyer ? Elle vient d’accomplir une bonne œuvre envers moi. Elle a parfumé mon Corps avant son ensevelissement. Des pauvres, vous en aurez toujours parmi vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. » Sainte Marie-Madeleine est l’image de l’Église qui offrira à Jésus, jusqu’à la fin du monde, l’ardeur de son amour et de son adoration, et qui l’entourera de soins dans le Très Saint-Sacrement. Jésus fit alors une prophétie : il annonça que ce que sainte Marie-Madeleine vient de faire sera connu un jour dans le monde entier... or c’est bien ce qui est arrivé puisque nous en parlons encore aujourd’hui, 2000 ans après ! S’il n’avait pas été le Fils de Dieu, Jésus n’aurait pu prononcer cette prophétie raisonnablement, car il est absolument incroyable qu’un événement aussi mince puisse un jour faire la joie de l’univers entier.

De la même manière, lorsque Notre-Seigneur condamné à mort, homme proscrit dans son propre peuple et rejeté par toute sa nation réunit ses douze Apôtres et ces quelques saintes Femmes qui les servent et qui l’écoutent, lorsque le Christ change le pain en son Corps et le vin en son Sang, Il leur dit : « Vous ferez ceci en mémoire de moi jusqu’à ce que je revienne ». C’est donc que Jésus prévoit qu’on refera après Lui ce geste qu’Il vient d’instituer... jusqu’à la fin des temps ! Cette prophétie incroyable, démesurée, c’est la vérité de toujours. La Messe se célèbre. Le démon a beau rugir et lancer tous ses diables contre le Saint-Sacrifice de la messe, depuis des siècles la messe est célébrée sans cesse sur toute la terre évangélisée. Elle est loin de disparaître : c’est la preuve que l’événement de la Croix est unique.

Aussi est-ce fini de croire à l’islam, de croire au confucianisme, au bouddhisme, à l’hindouisme et à toutes les autres religions. Dans le plein mystère de l’Église catholique, nous allons célébrer la Messe dans la joie le jour de Pâques. Ce sera le Christ qui refera son Sacrifice, parce que ce Sacrifice est l’événement majeur de l’histoire humaine.

En nous approchant de cette Croix et en la baisant avec beaucoup de foi et d’amour, nous sentirons que nous sommes des privilégiés, que Notre-Seigneur est notre grand bienfaiteur et que nous avons cette chance inouïe d’avoir la foi et de pouvoir l’exercer en pleine clarté, en pleine charité, en pleine espérance, alors que tant d’autres hommes sont tombés dans les ténèbres de l’erreur et de l’incrédulité. Prions pour eux, comprenons notre chance, soyons fidèles à Jésus-Christ, soyons des apôtres de cette Croix du Christ en nous souvenant que la Croix est l’unique espérance de l’humanité, hier, aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps. O Crux, Ave, Spes unica !

Abbé Georges de Nantes
Extraits du sermon du 5 avril 1985