29 MAI 2022 - ASCENSION
De la Résurrection à l’Ascension
VOILÀ quarante jours que nous attendons ce grand événement de l’Ascension. Nous l’attendons en suivant l’Évangile de saint Jean qui nous apprend que durant les quarante jours qui suivirent Pâques, Jésus ne cessa d’apparaître à ses Apôtres pour compléter son enseignement et pour leur dire toutes les vérités qu’Il ne pouvait pas leur faire comprendre avant que ce grand mystère de la Rédemption ne soit entièrement accompli, comme Jésus l’a dit lui-même sur la Croix : « Tout est achevé ». Il avait en effet achevé son œuvre par cette mort, et Dieu manifestera sa puissance au matin de Pâques par la Résurrection.
Maintenant donc, les Apôtres peuvent tout comprendre. Maintenant ils ont foi en Jésus, ils ont confiance en lui et acceptent toutes ses révélations, dont la première est l’annonce de cette ultime étape de la vie du Christ qui doit retourner vers son Père.
Or le Cœur sacré de Notre-Seigneur en est tout ému.
Grand mystère ! Expérience du cœur, expérience de la chair elle-même, expérience inouïe que Jésus lui-même va vivre pour la première fois. Il y prépare en même temps ses Apôtres, afin qu’ils soient heureux en ce jour de l’Ascension : qu’ils ne pleurent pas sur cette séparation, qu’ils sachent que lui Jésus, être humain semblable à nous, va recevoir un bienfait immense dans son humanité grâce à cette montée dans le ciel. Qu’ils comprennent qu’elle leur procurera en même temps un grand bienfait, parce qu’alors Jésus pourra plus efficacement agir pour leur préparer une place dans le Paradis.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous devons être, il me semble, dans la plénitude de la joie. Jésus sait bien qu’Il va être exaucé. Il quitte cette salle où ils ont pris leur repas, ils montent au mont des Oliviers (ou à Béthanie, on ne sait pas trop bien) ; et là Il les bénit, les envoie prêcher au monde entier et monte dans le ciel.
Écoutez bien : Il monte dans le ciel ! Généralement, ce passage est mal traduit dans les Évangiles. On insiste souvent sur la nuée qui accueille Jésus et le dérobe aux regards des Apôtres... Certes, nous savons bien que la nuée lumineuse est toujours dans l’Ancien et le Nouveau Testament (à la Transfiguration, par exemple) le symbole de la réalité même du Père, de la nature divine. Or, Jésus entre dans cette nuée. C’est une manière de nous dire qu’Il rentre dans le sein de Dieu : c’est tout à fait vrai. Je ne vais pas cependant dire que l’Ascension c’est “ une image pour dire que ”, comme le catéchisme hérétique de Pierres vivantes ! Ce n’est pas une image, mais une réalité. Une réalité pour nous dire que la nature humaine de Jésus est montée dans un lieu physique, bien entendu ; et ce lieu physique prend sa consistance dans le sein du Père, dans cette nuée, dans la gloire de Dieu. Cet homme est rentré en Dieu. Nous ne le reverrons que lorsque nous serons nous-mêmes ressuscités, montés aux cieux, entrés dans le Sein de Dieu.
C’est absolument grandiose ! Et pourtant ce n’est pas fini. De la même manière en effet qu’Il est comme sorti de Dieu au jour de l’Annonciation (mystère impénétrable que les mystiques contemplent et aimeront dans l’éternité), de la même manière Il achève sa course en rentrant dans le sein du Père. Que cette nuée lumineuse l’ait reçu, absorbé, et que les hommes ne puissent plus le voir, c’est dire que ce mystère de Dieu s’est comme refermé sur lui-même en attendant que, par notre sainteté et par la grâce de la Résurrection, nous le suivions nous aussi et nous le retrouvions dans le sein de Dieu. Il était venu de Dieu, comme dit l’Évangile de saint Jean, et maintenant, Il est rentré dans le sein de Dieu. Tel est le mystère de la glorieuse Ascension de Notre-Seigneur que nous fêtons aujourd’hui et qui nous donne un grand désir d’aller, nous aussi, le rejoindre un jour au Ciel.
Abbé Georges de Nantes
Extrait du sermon du Jeudi 16 mai 1985 (S 81)