Avent 2019 avec Pie IX

Introduction

SE trouvant un jour en butte à de fortes pressions de la part de gouvernements francs-maçons, le pape Pie IX déclara : « J’ai la Sainte Vierge avec moi, j’irai de l’avant. » Cette confidence révèle une mystérieuse alliance de ce Pontife avec l’Immaculée. Notre Père, l’abbé de Nantes, expliqua que Pie IX eut « dès son jeune âge, le pressentiment qu’il aurait deux missions.

« La mission de venger la Sainte Vierge de tous les outrages répandus contre elle. Et la mission de chasser de l’Église toutes les erreurs modernes. Il voulait faire les deux choses en même temps. Pour ainsi dire, il voulait faire passer sa condamnation de toutes les erreurs modernes sous le manteau de la Vierge qui est terrible comme une armée en bataille. »

Atteint un moment par le libéralisme et les idées nouvelles, sauvé de cette tentation par sa dévotion à Notre-Dame, Pie IX a vu venir l’immense combat que le diable allait livrer à la Vierge Marie. C’est pourquoi ce bienheureux Pape est plus que jamais notre avocat et notre protecteur en ces temps d’apostasie universelle.

Pendant cet Avent, découvrons la vie du “ Pape de l’Immaculée ” et demandons-lui la grâce de la fidélité. En ce cent soixante-cinquième anniversaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception, qu’il obtienne au pape François la grâce d’établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie.

Alors adviendra le triomphe de la Très Sainte Vierge, tel qu’il le pressentait : « Nous avons la plus ferme espérance et la confiance la plus assurée que la Vierge bienheureuse qui, toute belle et tout Immaculée, a écrasé la tête venimeuse du cruel serpent et apporté le salut au monde, voudra bien faire en sorte, par sa protection toute-puissante, que toutes les difficultés écartées, toutes les erreurs vaincues, la Sainte Église catholique, notre Mère, soit de jour en jour plus forte, plus florissante chez toutes les nations et dans tous les lieux ; que tous ceux qui sont dans l’erreur, délivrés des ténèbres qui couvrent leur esprit, rentrent dans le chemin de la vérité et de la justice, et qu’il n’y ait plus qu’un seul bercail et qu’un seul pasteur. »

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Dimanche 1er décembre – Ier dimanche de l’Avent

ENFANT DE MARIE

DERNIER d’une famille de neuf enfants, Jean-Marie Mastaï est né le 13 mai 1792 à Senigallia, près de Lorette en Italie. Chaque année, toute la famille se rendait au sanctuaire marial et participait, le 10 décembre, à la veillée de prières pour commémorer la translation de la Santa Casa.

La piété de madame Mastaï marqua profondément l’âme de son enfant. Catherine assistait à la Messe tôt matin et priait devant un tableau de Notre-Dame des Douleurs. Elle lui enseigna la pratique du sacrifice, comme de toujours refuser, au cours des repas, les premiers fruits qu’on lui proposait, pour les offrir à la Vierge Marie. Devenu Pape, il confiera : « Voilà une pratique que j’ai apprise sur les genoux de ma mère. J’y suis encore fidèle. »

Il conserva précieusement l’image de Notre-Dame de la Sainte-Espérance, reçue à sa première Communion, car elle lui rappelait « la félicité de ce jour béni ».

Renouvelons notre consécration à l’Immaculée, car « la protection de Marie est le plus ferme et le plus assuré de tous les appuis. C’est à elle qu’il faut s’attacher, c’est elle qu’il faut choisir pour guide et suivre avec fidélité », expliquait Pie IX.

Colorier la Santa Casa de Lorette.

Lundi 2 décembre

“ PETIT GIOVANNI LE BON ”

AIMABLE, pieux, on le surnommait “ Giovannino il buono ”, “ petit Jean le bon ”. Son caractère tendait au bien. Estimé de ses compagnons qui l’imitaient, il se tint toujours « éloigné de commettre un quelconque péché délibéré ». Sa grande joie était de faire l’aumône aux pauvres, chaque fois qu’il le pouvait, se privant pour cela de sa propre part.

Il se plaisait à sortir par les rues, tenant en main une croix. Puis il rassemblait les enfants, leur enseignait le catéchisme ou les conduisait à l’église.

Boute-en-train, il participait aux amusements avec ardeur. Il aimait aussi beaucoup la musique, et apprit à jouer du violoncelle et de la flûte.

Soyons bons enfants, aimons apprendre notre catéchisme et aller à l’église.

Colorier une partie de la frise.

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Mardi 3 décembre

LA COURONNE DES DOUZE ÉTOILES

JEAN-MARIE fit ses premières études sous la direction d’un prêtre. À onze ans, il entra au collège Saint-Michel de Volterra où il se distingua par son assiduité au travail et sa vive intelligence. Durant ces années, sa dévotion envers la Sainte Vierge s’affermit. Les frères enseignaient à leurs élèves la “ Couronne des douze étoiles ” qu’ils récitaient tous les jours en l’honneur des douze privilèges de la Mère de Dieu. Consul de l’Académie, il consacra son premier discours à l’Immaculée Conception.

Devenu Pape, il écrira : « Dès Nos plus tendres années, Nous n’avons rien eu de plus cher, rien de plus précieux que d’honorer la bienheureuse Vierge Marie d’une piété particulière, d’une vénération spéciale et du dévouement le plus intime de notre cœur, et de faire tout ce qui nous paraîtrait pouvoir contribuer à sa plus grande gloire et louange, et à l’extension de son culte. »

Loué soit Dieu le Père qui a préservé la Vierge Marie de toute tache dans sa Conception ! (“ Couronne des douze étoiles ”, cf. p. 34 de ce livret.)

Colorier les étoiles auréolant Notre-Dame de Lourdes.

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Mercredi 4 décembre

« TU SERAS GARDE »

EN 1815, Jean-Marie ambitionna d’entrer dans la Garde noble reconstituée. Mais il souffrait depuis plusieurs années d’une grave maladie. Un soir de novembre, le carrosse du cardinal Fontana s’arrêta brusquement devant un corps étendu sur le pavé : c’était le jeune Mastaï, frappé d’une crise d’épilepsie. Ainsi était rendue publique l’infirmité du jeune homme. Il ne pouvait plus cacher son mal et ne serait donc pas admis au service et à la protection du Pape. Découragé, il alla se jeter aux pieds de Pie VII qui le consola :

« Tranquillise-toi, mon fils. Qui sait si Dieu n’a pas entravé tous tes desseins afin de t’attirer définitivement à lui. Aie confiance en sa bonté. Confie-toi aussi au Cœur de cette Mère très aimante dont tu portes le nom et recommande-toi à son puissant secours. »

Au sortir de cette entrevue, Vincenzo Pallotti lui adressa ces paroles prophétiques : « Sois tranquille... Au lieu d’être garde, tu seras gardé. »

Dans nos épreuves, gardons confiance comme Pie IX : « Pourquoi craindre ? Le Seigneur ne peut permettre que nous soyons chargés d’un poids au-dessus de nos forces. Qu’en tout, ô mon Dieu, votre sainte Volonté soit faite ! »

Colorier le pape Pie VII.

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Jeudi 5 décembre

LES VOIES DE LA PROVIDENCE

QUELQUES semaines plus tard, il se rendit à Lorette pour épancher son âme dans le Cœur de sa Mère du Ciel. Dans la Santa Casa, aux pieds de Notre-Dame de Lorette, il fit vœu d’embrasser l’état sacerdotal. De ce pèlerinage date sa guérison effective et définitive.

À la lumière de ce miracle, il considéra ces longues années d’épreuve comme la marque d’une bienveillante attention de la Divine Providence. Car cette maladie, en l’écartant de “ la société ” jusqu’à l’âge de vingt-six ans, avait préservé sa jeunesse des périls du monde. Il écrira :

« Ma santé m’a fait connaître plus clairement que le bonheur n’est pas dans ce monde et que, par conséquent, ce monde est le lieu où l’homme doit préparer son bonheur. »

« Voyez comme, dans sa Providence, Dieu sait bien arranger la vie de ceux qu’Il aime, ainsi qu’Il l’a fait pour sa Mère et pour son Père nourricier. Ni toujours dans la joie, ni toujours dans la tristesse. Demeurons avec Marie et Joseph : c’est le meilleur moyen d’être toujours avec Jésus ! » (Pie IX)

Colorier Notre-Dame de Lorette.

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Vendredi 6 décembre – premier vendredi du mois

APÔTRE DE MARIE MÉDIATRICE

PENDANT sa préparation au sacerdoce, à Rome, il prit en charge les orphelins, apprentis ou petits ouvriers, de l’hospice Tata Giovanni. De tout son cœur, qu’il avait si bon, il se pencha sur la misère de ces enfants, avec une totale abnégation.

Ordonné prêtre le 10 avril 1819, il manifesta un tel zèle en toutes sortes d’œuvres de piété et de charité, qu’on le surnomma saint Philippe [Néri] ressuscité. Aussi, pour lui, quel déchirement de quitter ses chers pauvres pour accomplir une mission pontificale au Chili !

Sacré évêque de Spolète en avril 1827, il toucha les âmes par son intarissable prédication exaltant les privilèges et la puissance de Marie Médiatrice :

« En fait, tout est glorieux en Marie. Sa Conception, sa naissance, sa vie, sa mort, et enfin son tombeau. Dans ce tombeau, elle gît sans corruption, et bientôt elle en sortira triomphante... Fils très aimés, voulons-nous mourir comme la Vierge, sans crainte ? Vivons donc comme la Vierge, ayant le péché en haine et abomination... Souvenez-vous que Marie est, dans le Ciel, la Médiatrice puissante, la miséricordieuse Avocate, votre Mère. »

Ô Marie, dispensatrice Immaculée des grâces de Dieu, priez pour nous !

Colorier Jean-Marie aux pieds de Pie VII.

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Samedi 7 décembre – premier samedi du mois

SECOURS DES PAUVRES

BIEN des familles bénéficièrent de ses largesses. « Il avait les mains trouées », disait-on. Il reçut un jour la visite d’un homme qui, pressé par ses créanciers, n’avait plus d’espoir qu’en la générosité de son évêque.

« De quelle somme avez-vous besoin ?

– Éminence, il me faut quarante écus.

– Mon pauvre ami, je n’ai pas une baïoque [pièce de cinq centimes] ; mais prenez ces chandeliers d’argent, et vendez-les ; vous en tirerez bien la somme qu’il vous faut. »

Cependant, l’orfèvre reconnut les armes de l’évêque et courut au palais épiscopal.

« Votre Éminence a été volée !

– Non !

– On vient de m’apporter des objets qui vous appartiennent.

– Merci de votre intérêt, mon ami, mais ils ne m’appartiennent plus et vous pouvez les acheter si l’on veut les vendre et s’ils vous conviennent. Soyez sans inquiétude, on ne m’a rien volé. »

L’orfèvre comprit tout, donna quarante écus à ce nécessiteux et rapporta les chandeliers à Monseigneur !

Ô Marie, Vierge Immaculée dans votre Conception, priez pour nous !

Qu’à jamais soit bénie, louée et adorée la Très Sainte Trinité pour toutes les grâces qu’Elle a accordées à la Vierge Marie.

Colorier une partie de la frise.

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Dimanche 8 décembre – IIe dimanche de l’Avent

LE PAPE DE LA COLOMBE

GRÉGOIRE XVI, qui avait discerné ses vertus et ses mérites, lui confia l’évêché d’Imola, puis lui conféra la pourpre cardinalice. Le secrétaire d’État s’étonna :

« Chez les Mastaï, tout le monde est libéral, même les chats.

– Là ! Là ! interjeta le Pape, c’est un bon évêque. »

En 1841, Jean-Marie consacra son diocèse au Sacré-Cœur de Jésus et étendit à toutes les paroisses la “ Pieuse Union ”.

« Empressez-vous de vous consacrer entièrement à l’amour et à la gloire de Jésus-Christ, en arborant l’étendard de son Très Saint Cœur. Avec ce signe, vous vaincrez, et devant lui s’enfuira l’ennemi du salut. »

À la mort de Grégoire XVI, l’archevêque d’Imola, totalement démuni à cause de ses trop larges aumônes, dut emprunter trois cents écus pour se rendre au conclave.

En traversant Fossombrone, petite cité des Marches, une colombe blanche se posa sur sa voiture, pour la plus grande joie des habitants ! Leurs cris n’effrayèrent pas la colombe. Frappée doucement par un roseau, elle s’envola mais revint et reprit sa place sur la voiture. L’enthousiasme était à son comble :

« Oui, voilà le Pape ! Le Pape de la colombe ! » Tous suivirent le cortège en courant jusqu’aux portes de la ville. Là seulement, l’oiseau prit son envol !

À Cantiono, de nouveau une colombe se posa sur son carrosse. Au même moment, un petit enfant qui ne parlait pas encore s’écria en voyant passer le cardinal : « Le Pape ! Le Pape ! »

Comme le pape Pie IX, ayons toujours confiance en l’Immaculée : « Il ne faut jamais craindre, il ne faut jamais désespérer, sous la conduite, sous le patronage, sous la protection de Celle qui a pour nous un cœur de Mère ! »

Colorier les colombes (dans la frise).

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Lundi 9 décembre

PIE IX

LE conclave se réunit le dimanche 14 juin 1846. Le cardinal Mastaï fut chargé de dépouiller le scrutin. Le 16 juin, il lut son nom sur le premier billet, sur le deuxième, puis sur le troisième, et ainsi de suite jusqu’au dix-septième sans interruption. Profondément troublé, il supplia les cardinaux :

« Mes frères, ayez pitié de ma faiblesse ; je ne suis pas digne...

– Continuez, lui répondirent-ils.

– Je ne puis. Remettez à un autre le soin de lire le reste des votes. »

Son Éminence le cardinal Mastaï oubliait qu’un scrutin interrompu annulait l’élection ; le Sacré Collège, lui, s’en souvenait. À la fin du dépouillement, il avait lu son nom trente-six fois. Aussitôt, les cardinaux se levèrent et confirmèrent par acclamation le résultat du vote.

« Acceptez-vous la dignité de Souverain Pontife à laquelle l’élection vous appelle ?

– J’accepte, répondit-il, le regard voilé de tristesse.

– Quel nom voulez-vous prendre ?

– Puisque mon prédécesseur sur le siège d’Imola fut Pie VII, je m’appellerai Pie IX. »

Ô Marie, soutien immaculé des confesseurs, priez pour nous !

Colorier une partie de la frise.

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Mardi 10 décembre

UN PAPE LIBÉRAL

LES débuts du pontificat s’avérèrent dramatiques. Dès le 1er novembre 1846, le futur cardinal Pie écrivait au comte de l’Estoile : « Les affaires du Pape vont mal. Je ne sais qu’en penser. Je crois qu’il fonde une confiance extrême sur l’empire de la bonté pour rapprocher les hommes, et qu’il ne sera détrompé qu’après de cruels mécomptes. En attendant, j’ai peur qu’il n’essaie de l’entente cordiale avec ses plus irréconciliables ennemis... »

Notre Père précise l’erreur du Pape : « Pie IX croyait séparer les peuples de leurs meneurs révolutionnaires. Il pensait se rallier les uns en démasquant les desseins criminels des autres, par une concession large et spontanée aux désirs universels de modernisation du régime politique des États. »

1848. La Révolution se propage en Italie. À Rome, la situation se dégrade. Pie IX maintient un régime politique libéral et choisit comme chef de son gouvernement le comte Rossi qui prend des mesures sévères pour assurer l’ordre public. Mais il est assassiné le 15 novembre ! Les émeutiers exigent du Pape l’abandon de son pouvoir temporel et la proclamation de la République. Sans plus tergiverser, il leur répond : « Ce serait abdiquer. Je n’en ai pas le droit. »

Huit jours plus tard, contraint de s’enfuir en direction du royaume de Naples, il exhorte ses compagnons : « Courage ! Je porte avec moi le Très Saint-Sacrement, dans le ciboire que portait Pie VI quand il fut emmené en France. Le Christ est avec nous ; il sera notre bouclier et notre Sauveur ! » Le 25 novembre, il arrivait à Gaète. Il y resta deux ans.

En cette fête de Notre-Dame de Lorette, transportons-nous dans cette « bénie maison où la Vierge très Sainte, prédestinée de toute éternité et parfaitement exempte de la faute originelle a été conçue, est née, a grandi ; où le céleste messager l’a saluée pleine de grâce et bénie entre les femmes ; où, remplie de Dieu et sous l’opération féconde du Saint-Esprit, sans rien perdre de son inviolable virginité, elle est devenue la Mère du Fils Unique de Dieu ». (Pie IX)

Colorier la Sainte Vierge (dans la crèche).

Mercredi 11 décembre

CONVERSION DU PAPE

AINSI éclairé par les événements, Pie IX rejeta le libéralisme politique. En exil, il se confia totalement à la Sainte Vierge pour qu’Elle répare les erreurs des premières années de son pontificat.

Le 9 septembre 1849, à Naples, il laissa, dans une petite chapelle dédiée à Notre-Dame, un billet avec ces quelques mots : « Pie IX déclare se mettre sous la protection de Marie Immaculée. »

Dès lors, il accéléra la procédure pour que soit défini le dogme de l’Immaculée Conception.

Dans l’encyclique Ubi Primum, il proclama toute sa confiance dans la protection de Celle qui sauva toujours l’Église des plus graves périls et qui la sauvera encore :

« Nous nous confions surtout dans cette espérance que la bienheureuse Vierge nous prendra en pitié, avec cette immense tendresse qui est l’effusion habituelle de son Cœur maternel. Elle daignera écarter de nous, par son instante et toute-puissante intercession auprès de Dieu, les tristes et lamentables infortunes, les cruelles angoisses, les peines et les nécessités dont nous souffrons. Elle détournera les fléaux du courroux divin qui nous affligent à cause de nos péchés. Elle apaisera et dissipera les effroyables tempêtes de maux dont l’Église est assaillie de toutes parts. Elle changera enfin notre deuil en joie. »

Ô Marie, guerrière Immaculée, terreur des hérétiques, priez pour nous !

Colorier une partie de la frise.

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Jeudi 12 décembre

VICTORIEUSE DES HÉRÉSIES

APRÈS son retour à Rome, un mouvement intérieur inclina Pie IX à associer, dans un même document, la définition de l’Immaculée Conception et la condamnation des erreurs modernes. S’il dut renoncer à cette idée, celle-ci demeure très révélatrice de son souci et de ses intentions : pour combattre tant d’erreurs et de forces conjurées contre l’Église, il faut faire appel à l’Immaculée.

Le Pape proclama le dogme de l’Immaculée Conception le 8 décembre 1854, en la basilique Saint-Pierre :

« Nous déclarons, Nous prononçons et définissons que la doctrine qui enseigne que la bienheureuse Vierge Marie, dans le premier instant de sa Conception, a été, par une grâce et un privilège spécial du Dieu tout-puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et exempte de toute tache du péché originel, est révélée de Dieu, et par conséquent qu’elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles. »

Ainsi, dans les combats qu’il menait contre les ennemis de l’Église, Pie IX avait recours à l’Immaculée et il affirmait : « C’est une vraie miséricorde de Dieu que cette fermeté qu’il daigne m’accorder au milieu de tant de contradictions, de tant de maux, et spécialement de ces efforts continuels que l’on fait pour m’introduire à une conciliation qui, de par sa nature, est impossible, le mensonge ne pouvant jamais être confondu avec la vérité. »

Récitons aujourd’hui le chapelet pour que le pape François suive son exemple, recoure à l’Immaculée et pour qu’il obéisse enfin à ses demandes !

Colorier Pie IX proclamant le dogme de l’Immaculée Conception.

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Vendredi 13 décembre

DES DÉLICES INÉNARRABLES

PENDANT la proclamation du dogme, la pluie tombait abondamment. Or, précisément au moment où le Saint-Père prononça les paroles de la définition, le ciel se découvrit et un rayon de lumière l’illumina. Il était midi. Le Souverain Pontife et les évêques, à genoux, récitèrent l’Angelus.

Toutes les cloches de la ville de Rome sonnèrent pendant une heure tandis que les canons du château Saint-Ange tiraient cent un coups, en l’honneur de l’Immaculée Conception, Reine du Ciel et de la terre.

Bouleversé par la grandeur de l’acte qu’il accomplissait, Pie IX dut arrêter un moment sa lecture, n’arrivant plus à parler : « Je n’ai eu alors ni extase ni vision, avoua-t-il. Quand je commençai à publier le décret dogmatique, je sentis ma voix impuissante à se faire entendre de la multitude (cinquante mille personnes) qui se pressait dans la basilique vaticane, mais quand j’arrivai à la formule de la définition, Dieu donna à la voix de son Vicaire une telle force et une telle surnaturelle vigueur que toute la basilique en résonna.

« Et je fus si impressionné d’un tel secours divin que je fus contraint de suspendre un instant la parole pour donner libre cours à mes larmes.

« Pendant que Dieu proclamait le dogme par la bouche de son Vicaire, Dieu lui-même donna à mon esprit une connaissance si claire et si large de l’incomparable pureté de la Très Sainte Vierge que, abîmé dans la profondeur de cette connaissance qu’aucun langage ne pourrait décrire, mon âme resta inondée de délices inénarrables, de délices qui ne sont pas de la terre et qu’on n’en pourrait éprouver qu’au Ciel.

« Aucune prospérité, aucune joie de ce monde ne pourrait donner de ces délices la moindre idée ; et je ne crains pas d’affirmer que le Vicaire du Christ eut besoin d’une grâce spéciale pour ne pas mourir de douceur sous l’impression de cette connaissance et de ce sentiment de la beauté incomparable de Marie Immaculée. »

Ô Marie Immaculée, joie de ceux qui espèrent en vous, priez pour nous !

Colorier le rayon de lumière illuminant Pie IX.

Samedi 14 décembre

« JE SUIS L’IMMACULÉE CONCEPTION »

QUATRE ans plus tard, la Vierge Marie confirmera elle-même à Lourdes la définition du Pontife. En effet, le 25 mars 1858, en la fête de l’Annonciation, lorsque Bernadette retourna à la grotte de Massabielle, il y avait déjà une petite foule et... à sa confusion, la Dame l’attendait.

« Pendant que je priais, il me vint à l’esprit la pensée de lui demander son nom ; cela s’était fixé dans ma tête avec une telle persistance que cela me faisait oublier toute autre pensée.

« Je craignais d’être im­portune en répétant une demande restée toujours sans réponse, et pourtant il y avait quelque chose au-dedans de moi qui me poussait à parler, si bien que par un mouvement que je ne pus contenir, je lui dis : “ Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes ? ”

« Mais comme les autres fois où je le lui avais demandé, elle inclina la tête, sourit avec beaucoup de bénignité et ne répondit pas.

« Je ne sais pourquoi je me sentis plus courageuse et je revins à lui demander : “ Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes ? ”

« Elle renouvela son sourire et son gracieux salut, mais continua à se taire. Une troisième fois, les mains jointes et me recon­naissant tout à fait indigne de la faveur que j’implorais, je recommençai ma prière : “ Madame, voulez-vous avoir la bonté de me dire qui vous êtes ? ”

« La Dame, debout sur le rosier, à ma troisième demande étendit les bras vers la terre, comme cela se voit dans la Médaille miraculeuse, prit un air grave et parut s’humilier ; elle leva les yeux vers le Ciel, et dans le même temps, élevant les mains et les joignant à la hauteur du sein, dit : “ Je suis l’Immaculée Conception. ” »

« Que la Vierge est bonne ! écrira quelques années plus tard Bernadette à Pie IX. On dirait qu’elle est venue confirmer la parole de notre Saint-Père. »

Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous !

Colorier Notre-Dame de Lourdes (dans les jardins du Vatican).

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Dimanche 15 décembre – IIIe dimanche de l’Avent

PROTECTION MIRACULEUSE

APRÈS la proclamation du dogme de l’Immaculée, Notre-Dame protégea miraculeusement, en plusieurs circonstances dramatiques, son fils bien-aimé.

Le 12 avril 1855, au couvent des chanoines du Latran, Pie IX recevait l’hommage de cent dix séminaristes. Il allait leur donner la bénédiction pontificale quand le plancher de la salle où ils se trouvaient s’effondra.

« Vierge Immaculée, venez à leur secours ! » s’écria- t-il, tandis que la poutre maîtresse se rompait et entraînait déjà dans sa chute les autres poutres et les murs.

Tous se trouvèrent ensevelis sous cet amoncellement. Or, le Pape et les trois cardinaux en sortirent indemnes. Comme on s’attendait à retrouver sous les décombres de nombreux morts et des blessés graves, le Saint-Père dit avec assurance :

« J’ai confiance en l’Immaculée : personne ne perdra la vie. »

Ce qui arriva : on ne déplora aucun mort !

« Notre chute parut d’abord une catastrophe, commenta Pie IX ; elle nous effraya tous vivement ; au fond, elle n’eut pas d’autre résultat que de donner une impulsion plus vive aux travaux de consolidation et d’embellissement de l’antique basilique.

« Il en sera de même, ajouta-t-il, des ruines morales que l’enfer amoncelle de toutes parts sur nous et autour de nous. L’Église en sortira plus rajeunie, plus vigoureuse et plus belle que jamais. »

Récitons notre chapelet pour la renaissance de l’Église. « Les triomphes pour l’Église en ce monde ne sont pas de monter couronnée au Capitole : ce sont la conversion des pécheurs, la diffusion de la foi catholique, la sainteté du clergé, le bon exemple de tous les fidèles. » (Pie IX)

Colorier une partie de la frise.

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Lundi 16 décembre

LE SYLLABUS

PIE IX voulut dresser la liste des erreurs modernes les plus répandues afin de les condamner solennellement. Ce labeur aboutit aux quatre-vingts propositions du “ Syllabus ”, synthèse des enseignements doctrinaux de ce défenseur de la foi que fut Pie IX.

Il le publia le 8 décembre 1864, dixième anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, afin de le placer sous la protection de « l’Immaculée et très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie qui a détruit toutes les hérésies dans le monde entier.

« Notre Mère très aimante est toute suave et pleine de miséricorde. Elle se laisse fléchir par les prières de tous. Très clémente envers tous, elle compatit à toutes les misères avec la plus généreuse affection. Comme Reine, debout à la droite de son Fils Unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, tout enveloppée dans un vêtement d’or, il n’y a rien qu’Elle ne puisse obtenir de Lui. »

La formulation des erreurs, tranchante, nette et brève, rendait le texte compréhensible à tous. Pie IX en expliqua l’importance :

« Le monde est perdu dans les ténèbres ; j’ai publié le Syllabus pour qu’il lui serve de phare et le remette sur la route de la vérité. »

Ô Marie Immaculée, colonne de notre foi, priez pour nous !

Colorier les jardins du Vatican.

Mardi 17 décembre

NOTRE-DAME DE LA SAINTE-ESPÉRANCE

NOTRE saint ne fit pas uniquement barrage à l’apostasie qu’il voyait venir, il entreprit aussi un grand labeur pour le renouveau de l’Église. Il donna une impulsion universelle aux Missions, érigeant plus de deux cents évêchés ou vicariats apostoliques. Il imposa, peu à peu, dans toute l’Église latine, la liturgie romaine et le chant grégorien. Il approuva et recommanda de nouvelles dévotions.

Le 5 juillet 1852, l’abbé André, le futur Père Emmanuel, était reçu en audience particulière. À genoux, avec son ami, aux pieds de Pie IX, il demanda :

« Très Saint-Père, voulez-vous donner à la Très Sainte Vierge honorée dans notre église le nom de Notre-Dame de la Sainte-Espérance ? »

À ces mots, le Souverain Pontife releva la tête, parut réfléchir puis, rempli de joie et avec un accent de satisfaction bien marquée, répondit : « Notre-Dame de la Sainte-Espérance, oui ! »

Le nom acquis, tout était gagné. L’institution de la fête fut accordée d’emblée. Le pieux solliciteur réclama humblement l’indulgence plénière à perpétuité. « Oui, à perpétuité pour la fête de Notre-Dame de la Sainte-Espérance », répondit Pie IX, tout rayonnant.

Notre-Dame de la Sainte-Espérance, convertissez-nous !

Colorier une partie de la frise.

Mercredi 18 décembre

MÉDECIN PROTESTANT

PIE IX visitait souvent l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Quand tous se mettaient à genoux pour recevoir sa bénédiction, un homme restait debout dans l’attitude d’un profond respect mêlé d’un certain embarras :

« Que n’approchez-vous comme les autres ? lui demanda-t-il.

– Saint-Père, je suis médecin protestant.

– Médecin, reprit Pie IX, et qu’est-ce que cela fait ? J’aime les médecins ; je leur dois de la reconnaissance pour les soins qu’ils m’ont donnés plus d’une fois. Mais, vous ajoutez que vous êtes protestant. Eh bien ! mon fils, voyons : contre quoi protestez-vous ? Et pour quoi protestez-vous ? »

À ces mots, il le bénit, et s’éloigna sans attendre sa réponse. Le docteur demeura vivement impressionné de ce qu’il venait d’entendre.

Cette question « contre quoi et pour quoi ? » ne sortait plus de sa pensée. Il voulut y répondre sérieusement, mais il y répondit si bien que, peu de jours après, il prononçait son abjuration.

Ô Cœur Immaculé de Marie, brûlant du désir le plus ardent du salut des âmes, embrasez mon cœur du Divin Amour dont vous brûlez !

Colorier l’étable de Bethléem.

Jeudi 19 décembre

GUÉRISON MIRACULEUSE

CHAQUE jour révélait quelque nouveau trait de la charité de Pie IX. Un ouvrier tombé d’un toit venait d’être transporté mourant à l’hôpital. Il était sans connaissance. Le Pape s’approcha du malheureux, ôta le drap qu’on avait déjà jeté sur son visage, le bénit et lui demanda :

« M’entendez-vous, mon fils ? » Le moribond demeura immobile et muet.

« Faites le signe de la croix », poursuivit le Saint-Père. Celui qui se mourait obéit à l’instant et prononça à haute voix les paroles qui accompagnent le signe de croix.

« Tenez, mon fils, ajouta Pie IX en lui donnant une large aumône, voici qui vous aidera à vivre jusqu’à votre entier rétablissement. »

Le lendemain, l’ouvrier rentrait chez lui !

On ne compte pas les miracles accomplis du vivant du saint Pontife (cf. p. 37). Quand on venait l’en remercier, il écourtait la conversation par une aimable plaisanterie.

À un jeune Parisien qui lui disait avoir été guéri par le seul contact de l’un de ses bas, il répondit : « C’est en effet bien surprenant. Moi qui les porte tout le long du jour, je ne cesse d’avoir mal aux jambes. »

Ô Marie Immaculée, signe certain de notre salut, priez pour nous !

Colorier une partie de la frise.

Vendredi 20 décembre

“ PRISONNIER DU VATICAN ”

DÈS l’annonce officielle du concile Vatican I, Pie IX le plaça sous le « patronage de Celle qui, de son pied, au commencement du monde, a écrasé la tête du serpent et qui, depuis, seule a détruit toutes les hérésies ».

Les manœuvres des libéraux contre ce projet se heurtèrent à l’inébranlable détermination du “ Pape de l’Immaculée ” qui se savait pourtant très menacé, à Rome même, par les armées piémontaises :

« Le Concile se tiendra, Dieu le veut ! Dussions-nous sortir de l’Europe, dussions-nous, s’il le faut, nous transférer à Pékin ! »

Il voulait remédier d’une manière décisive aux « maux immenses » de la société : impiété, corruption des mœurs, violation des lois divines et humaines.

Le Concile fut malheureusement suspendu à l’automne, à cause de la guerre franco-prussienne. Le 20 septembre 1870, l’armée piémontaise investissait la Ville éternelle et se livrait à toutes sortes d’exactions. Victor-Emmanuel décréta alors l’abolition des États pontificaux et rattacha Rome au royaume d’Italie. Le Pape devenait le “ prisonnier du Vatican ”.

Vierge Immaculée qui avez brisé la tête du serpent, priez pour nous !

Colorier les paroles de la Sainte Vierge à Lourdes (Je suis l’Immaculée Conception).

Samedi 21 décembre

SOLDATS DE L’IMMACULÉE

AUX heures les plus tragiques, le Pape implorait le secours de l’Immaculée devant la grotte de Lourdes, édifiée sur son ordre dans les jardins du Vatican.

En février 1874, Mgr Langénieux lui offrit un cadre représentant l’Apparition et le sanctuaire de Lourdes. Contemplant Notre-Dame, Pie IX confia à l’évêque :

« Voilà toute mon espérance, car des espérances humaines, il n’y en a pas. Salut donc, Étoile de la mer ! Salut donc, Mère de notre Dieu, Marie toujours Vierge, Marie, Porte heureuse du Ciel ! »

« Je la mettrai dans mon oratoire, ajouta le Pape, là où je vais plusieurs fois chaque jour adorer le Divin Sacrement. Et si mon âme est désolée, s’il me semble que Dieu est sourd à notre voix, je lèverai mes yeux vers l’Immaculée. Elle priera avec Nous, Elle priera pour Nous. »

Quand Monseigneur quitta l’évêché de Tarbes pour celui de Reims, le Saint-Père l’encouragea :

« Mon fils, nous sommes soldats, et il faut aller aux postes où il y a le plus à combattre. Vous l’aimez bien, notre bonne Mère, la Vierge Marie. Ayez donc confiance. Moi, elle me soutient. Elle ne vous abandonnera pas. »

Lors de sa promenade quotidienne, Pie IX visitait fidèlement sa chère grotte : « Que voulez-vous ? C’est mon coin de France », disait-il.

Notre-Dame de Lourdes qui avez interrompu vos apparitions à Bernadette, obtenez-nous la grâce de supporter chrétiennement les peines et les épreuves de cette vie.

Colorier la grotte de Lourdes dans les jardins du Vatican.

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Dimanche 22 décembre – IVe dimanche de l’Avent

NE PAS RENDRE LES ARMES

EN ces temps d’épreuve, Pie IX ne perdait pas sa bonhomie charmante. Comme l’abbé Chocarne lui parlait d’une œuvre en faveur des prisonniers repentants, il repartit : « Je m’y intéresse d’autant plus vivement que je suis moi-même prisonnier, quoique non repentant. »

À un visiteur qui s’inquiétait de sa santé, il répondit gaiement :

« Mais oui, mon fils, oui, je me porte bien, sauf quelques indispositions légères ; on n’est pas octogénaire impunément. Je ne dois point vous cacher cependant que, hier soir, en lisant le journal, j’ai appris sur ma propre personne des nouvelles assez inquiétantes.

 Il paraît que je suis très malade, que les médecins sont très inquiets, que j’ai souffert hier d’une syncope affreuse de deux heures, que tout le Vatican est sens dessus dessous. Et moi qui ne me doutais de rien !

« Depuis vingt ans, je lis presque toutes les semaines que le “ Vieillard du Vatican ” est agonisant, qu’il va mourir, qu’il est mort... Je suis entre les mains de Dieu. Vienne mon heure, et je la bénirai. Mais, cher fils, si je parcours certains journaux, à présent, et que je n’y trouve pas de nouvelles de ma dernière maladie et de ma fin, il me semble qu’ils ont oublié quelque chose. »

« Ils disent que je suis fatigué, expliqua sérieusement Pie IX. Oui, je le suis de tant d’iniquités et de désordres ; je le suis de voir chaque jour la religion outragée ; je le suis surtout de voir la jeunesse pervertie dans des écoles sans Dieu. Mais si je suis fatigué, je ne suis pas encore disposé à rendre les armes. Non, grâce à Dieu, pour cela je ne suis pas fatigué et j’espère ne l’être jamais. »

Colorier une partie de la frise.

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Lundi 23 décembre

MA CHÈRE FRANCE !

LE Souverain Pontife aimait beaucoup la France et formula des vœux très ardents pour sa résurrection. « La France m’a toujours et en toutes circonstances donné des gages d’amour et m’en donne encore à présent. »

Il s’inquiétait de voir « des doctrines fausses, des hommes appartenant à la secte infernale, des mœurs corrompues faire irruption sur tous les points de ce noble pays. Je suis convaincu que mon salut est lié à celui de la France, et que la France, encore une fois, sera l’instrument choisi de Dieu pour relever le Saint-Siège. Dans l’Europe catholique, on fait beaucoup pour ma cause ; mais ces efforts n’aboutiront à rien avant que la France soit relevée. »

Quand il apprit que l’Assemblée nationale avait, en 1873, voté la construction de la basilique de Montmartre et ordonné des prières publiques, il s’écria en levant les mains au ciel : « Maintenant, ô mon Dieu, vous allez enfin avoir pitié de ma chère France. La France prie, la France est sauvée ! »

À des pèlerins français, Pie IX adressa ces paroles : « Je bénis tous ceux qui coopèrent à la résurrection de la France. Le suffrage universel qui afflige la société contemporaine mériterait plutôt le nom de folie universelle ; et quand les sociétés secrètes s’en emparent, celui de mensonge universel. »

Prions pour le relèvement de la France !

Colorier le bœuf et l’âne.

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Mardi 24 décembre

SAINT JOSEPH, PATRON DE L’ÉGLISE

DANS l’élan même de sa dévotion pour l’Immaculée, Pie IX honora d’un culte fervent saint Joseph. Le 8 décembre 1870, il proclama officiellement le chef de la Sainte Famille, « patron de l’Église catholique ».

« Dans les temps si tristes que nous traversons, quand l’Église elle-même, poursuivie de tous côtés par ses ennemis, est accablée de si grandes calamités que les impies se persuadent déjà qu’il est enfin venu le temps où les portes de l’enfer prévaudront contre elle, les vénérables Pasteurs de l’Univers catholique, en leur nom et au nom des fidèles confiés à leur sollicitude, ont humblement prié le Souverain Pontife qu’il daignât déclarer saint Joseph Patron de l’Église universelle...

« Notre Saint-Père Pie IX, profondément ému par l’état si lamentable des choses présentes et voulant se mettre, lui et tous les fidèles, sous le très puissant patronage du saint patriarche Joseph, a daigné se rendre aux vœux de tant de vénérables Pontifes. C’est pourquoi il déclare solennellement saint Joseph Patron de l’Église catholique. »

Un peintre français, chargé de faire un tableau de l’Immaculée Conception, lui montra son esquisse :

« C’est bien, dit-il après un examen attentif, mais je ne vois pas saint Joseph. » L’artiste répondit qu’il le mettrait dans un groupe, au milieu des nuages de la gloire.

« Non, repartit le Pape en posant son doigt à côté de Jésus-Christ, c’est là, et seulement là que vous le ferez figurer, car au Ciel il n’est pas ailleurs que là. »

Saint Joseph, protecteur de tous les fidèles chrétiens, priez pour nous !

Colorier saint Joseph.

Mercredi 25 décembre

NOËL !

LE 2 février 1878, très malade, alité depuis plusieurs mois, Pie IX confia à un religieux qui s’étonnait de sa sérénité : « Ah ! cela tient à ce qu’aujourd’hui saint Joseph est plus connu. »

Et il exprima sa confiance dans le triomphe à venir de l’Église, puisqu’elle était officiellement placée sous ce haut et puissant patronage.

Le Pape de l’Immaculée s’éteignit cinq jours plus tard, dans la soirée du 7 février, alors que les cloches de l’Angelus tintaient les premières notes de l’Ave Maria.

Sur son lit de mort, il dit à ceux qui l’entouraient : « Le Rosaire est un résumé de l’Évangile et il donnera à ceux qui le récitent ces fleuves de paix dont nous parle l’Écriture ; c’est la dévotion la plus belle, la plus abondante en grâces et la plus agréable au Cœur de Marie. Tel est mon témoignage, mes enfants, pour que vous vous souveniez de moi sur la terre. »

Allons à la crèche et récitons notre chapelet afin de hâter le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, par l’intercession de saint Joseph et du bienheureux Pie IX.

Colorier l’Enfant-Jésus.

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LA COURONNE DES DOUZE ÉTOILES

Louons et remercions la Très Sainte Trinité, qui nous montra la Vierge Marie ayant pour vêtement le soleil, la lune sous ses pieds, et sa tête couronnée de douze étoiles. Amen.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, comme il était au commencement, maintenant et toujours et dans tous les siècles des siècles.

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Louons et remercions Dieu le Père qui la choisit pour sa fille. Amen.

Notre Père.

Loué soit Dieu le Père qui la prédestina pour être Mère de son divin Fils. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Père qui la préserva de toute tache dans sa Conception. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Père qui l’orna des plus grandes prérogatives dans sa Nativité. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Père qui lui donna pour compagnon et pour époux le très chaste saint Joseph. Amen.

Je vous aime, ô Marie. Gloire au Père.

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Louons et remercions Dieu le Fils qui la choisit pour sa Mère. Amen.

Notre Père.

Loué soit Dieu le Fils qui s’incarna dans son sein et y resta pendant neuf mois. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Fils qui naquit d’elle et qu’elle nourrit de son lait. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Fils qui, dans son enfance, voulut être élevé par elle. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit Dieu le Fils, qui lui révéla les mystères de la Rédemption du monde. Amen.

Je vous aime, ô Marie. Gloire au Père.

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Louons et remercions le Saint-Esprit qui la combla de grâce. Amen.

Notre Père.

Loué soit le Saint-Esprit qui lui révéla, à elle la première, le nom de l’Esprit-Saint. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit le Saint-Esprit par l’opération duquel elle a été tout à la fois Vierge et Mère. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit le Saint-Esprit par la vertu duquel elle fut le temple vivant de la Très Sainte Trinité. Amen.

Je vous aime, ô Marie.

Loué soit le Saint-Esprit par lequel elle fut élevée dans le ciel, au-dessus de toutes créatures. Amen.

Je vous aime, ô Marie. Gloire au Père.

Pour la sainte Église catholique, la propagation de la foi, la paix entre les princes chrétiens et l’extirpation des hérésies : Salve Regina.

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Grégoire XVI, par un rescrit du 8 janvier 1838, conservé aux archives des Pères des Écoles Pies, de Saint-Pantaléon, à Rome, accorda à tous les fidèles l’indulgence de cent jours, chaque fois qu’ils réciteront dévotement la Couronne des douze étoiles de la bienheureuse Vierge, composée par saint Joseph Calasanz, fondateur desdites écoles, qui la faisait toujours réciter à ses écoliers.

Le bienheureux Pie IX affectionnait beaucoup cette prière ! Trois mois après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, il enrichissait de faveurs spirituelles la Couronne des Douze Étoiles.

MIRACLE DE PIE IX DE SON VIVANT

Une femme protestante se trouvait à Rome avec son mari, officier français catholique. Pie IX avait été chassé de la Ville, mais l’armée française lui en avait rouvert les portes. Le Saint-Père n’y était pas encore revenu, et on l’y attendait.

Madame G. voulut visiter les appartements privés du Saint-Père, en compagnie de son mari et de ses deux enfants, âgés de douze et dix ans :

« On arriva à la chapelle particulière du Pape. En y entrant, madame G. aperçut un prie-Dieu couvert d’un tapis de velours rouge. Pensant avec raison que c’était la place où Pie IX priait, elle s’y agenouilla, persuadée qu’elle y recueillerait du bonheur pour elle et pour les siens.

« Elle pria avec ferveur pendant quelques minutes et, par une pieuse habitude, en opposition pourtant avec les principes protestants, elle recommanda ses enfants à la Sainte Vierge. Elle leva ensuite les yeux et vit alors, au-dessus de l’autel, une Dame environnée d’une auréole éblouissante qui tenait ses deux enfants par la main et, devant l’autel, le Pape tourné vers elle...

« Frappée et émue tout à la fois d’un tel spectacle, sa tendresse maternelle se trouva surtout alarmée, et son premier mouvement fut de s’assurer si ses deux fils étaient encore à ses côtés. Son émotion était si visible que son mari en eut de l’inquiétude. Pour la dissiper, elle prétexta une petite indisposition, sans s’expliquer davantage ; mais l’empreinte de ce tableau était tellement gravée dans son esprit qu’elle ne l’oubliait pas un instant.

« Quelques jours après, le 12 avril, à l’arrivée du Saint-Père, madame G. se rendit, avec beaucoup d’autres dames, à la tribune qui leur était réservée dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran. À peine eut-elle aperçu le Pape qu’elle reconnut parfaitement les traits de Pie IX, tels qu’elle les avait remarqués dans la chapelle. Elle fut vivement saisie ; mais lorsqu’elle aperçut au-dessus de lui, dans la même position et avec le même éclat qu’au Vatican, l’image de la Très Sainte Vierge, elle ne fut plus maîtresse de son émotion, et l’on crut qu’elle allait se trouver mal. Ayant repris ses sens, elle dissimula la cause de son trouble et garda encore son secret.

« Un troisième assaut lui était réservé. Le jour fixé pour la réception des dames de nos officiers par Sa Sainteté, madame G. se trouva des plus exactes au rendez-vous. Tout le monde était rangé sur deux lignes, au milieu desquelles le Saint-Père passait en donnant sa bénédiction à droite et à gauche.

« Arrivé devant madame G. et ses deux fils, le Vicaire de Jésus-Christ s’arrêta. Il s’informa avec bonté du nom des enfants, leur donna à chacun un chapelet et semblait vouloir les gratifier d’une bénédiction particulière, en posant ses mains sacrées sur leurs deux têtes. L’heureuse mère était ivre de joie. Mais qu’éprouva-t-elle lorsqu’elle vit encore au-dessus du Souverain Pontife, et de la même manière que les deux fois précédentes, l’éclatante image de Celle que les catholiques appellent la Mère de Dieu !

« Madame G. s’était sentie, dès la première et la deuxième apparition, pressée de quitter sa religion ; elle avait résisté. À la troisième, elle se rendit.

« Après avoir passé la nuit suivante dans les larmes, elle déclara à son mari qu’elle était résolue à abjurer le protestantisme. Celui-ci seconda sa résolution, et l’abjuration se fit, avec toutes les cérémonies prescrites, le vendredi 17 mai 1850, dans une chapelle intérieure de la Trinité-du-Mont. Le jeudi suivant, madame G. communiait avec son mari et ses deux enfants des mains du cardinal-vicaire, et celui-ci confirma ensuite la nouvelle convertie.

Au moment où le cardinal et sa suite allaient se retirer, monsieur G. détacha de sa poitrine sa décoration et demanda à tracer quelques lignes dont voici le sens : “ Les grâces que j’ai reçues aujourd’hui ainsi que ma famille sont si grandes, que je ne saurais les reconnaître. Ma décoration est ce que j’ai de plus précieux ; je la laisse sur l’autel de la Sainte Vierge comme un témoignage de ma reconnaissance. ”

« Le même officier dit le soir à plusieurs d’entre nous : “ Savez-vous que j’ai communié ce matin, et que je n’ai jamais été aussi fier et aussi heureux ? Voyez-vous, il n’y a que cela pour donner le bonheur. ”

« Quel tableau ! Marie apparaissant au-dessus de Pie IX, et, de concert avec lui, convertissant une pauvre égarée ! Il semble que ce trait nous rende plus cher encore le Pontife de l’Immaculée Conception et de la Sainte Espérance. Il semble qu’il nous fasse mieux comprendre encore comment la Sainte Espérance, nous venant de la bouche de Pie IX, nous venait bien du Cœur de la Très Sainte Vierge. Amour et reconnaissance à Marie ! Amour et reconnaissance à Pie IX ! »