Carême 2021 en Nouvelle-France

Introduction

LE 22 juillet 1534, une poignée de marins français,  dirigée par Jacques Cartier, prenait possession des terres du Canada au nom de Dieu et de François Ier, roi de France. Plus tard, Samuel de Champlain prit la tête d’une nouvelle expédition et fonda Québec le 3 juillet 1608. Le premier hiver, terrible, décima l’équipage. Au printemps, Champlain n’avait plus que sept compagnons, sur vingt-sept !

Dès son arrivée, il s’imposa aux autochtones sans user de la force. Les liens tissés à cette époque avec les différentes tribus se révélèrent un atout considérable. Cependant, ce grand colonial manqua cruellement de renfort. En outre, après neuf ans d’efforts, les récollets (franciscains arrivés en 1615) constatèrent leur échec auprès des indigènes, dont ils ne réussissaient toujours pas à maîtriser la langue. Forts dévots à saint Joseph, ils lui consacrèrent la Nouvelle-France, sûrs de sa puissante intercession. En 1629, le zélé Henri de Lévis, duc de Ventadour, achetait la charge de vice-roi du Canada et obtenait le remplacement des méritants religieux par quatre jésuites.

L’un d’eux, le Père Jean de Brébeuf perça, en un hiver, le secret des langues algonquines, puis parvint à se faire accepter chez les Hurons. Malheureusement, la prise de Québec par les Anglais chassa les missionnaires du pays avant même qu’ils aient récolté les premiers fruits de leur apostolat.

Après la signature du traité de Saint-Germain et la restitution du Canada, le Père Paul Le Jeune, supérieur des jésuites, reprit l’œuvre si rapidement ruinée. Il comprit qu’ « on ne doit pas espérer grand-chose des sauvages tant qu’ils seront errants ». Aussi décida-t-il d’organiser des villages indigènes sur le modèle des réductions d’Amérique du Sud. Il les consacra à l’Immaculée Conception, en accomplissement du vœu de 1635, et les plaça sous le patronage de grands saints : saint Joseph, saint Ignace, saint Michel, saint Louis, saint Jean-Baptiste.

Les Hurons avaient accepté les “ Robes noires ”, comme ils appelaient les Pères, plus pour bénéficier de la protection française que par désir de conversion. Les débuts s’avérèrent très difficiles et même décevants. En trois ans, les jésuites ne comptaient qu’un seul baptême d’adulte, si l’on excepte les mourants.

Les sorciers devinrent les ennemis les plus acharnés des missionnaires qui dénonçaient leurs mascarades. Pour se venger, ils prétendirent que les Européens étaient la cause des calamités, en particulier des maladies. Tous, même les catéchumènes, se détournèrent des jésuites. Lors de la grave épidémie de 1637, la calomnie l’emporta : les chefs décrétèrent la mise à mort des Pères afin de conjurer les mauvais sorts.

Nos jésuites se recommandèrent à saint Joseph et promirent une neuvaine de Messes en son honneur. Neuf jours ne s’étaient pas écoulés que le patron du Canada opérait un revirement inattendu. Non seulement on ne parla plus de mise à mort mais, bien plus, des jeunes gens demandèrent à être instruits des mystères de la foi !

Le Père Le Jeune contribua puissamment à forger l’esprit de la Nouvelle-France par la rédaction annuelle des Relations, lecture attendue des meilleurs catholiques de France. Ces chroniques suscitèrent un grand nombre de vocations et de généreux dévouements. Elles ont conservé le portrait de plusieurs de ces convertis exemplaires en même temps que ceux des missionnaires 1. Nous allons les découvrir pendant ce Carême.

Mercredi 17 février – Mercredi des Cendres

LA CABANE HURONNE

LORSQU’UN Père arrive dans une mission, il doit “ cabaner ” (habiter) chez les sauvages. La cabane huronne est une grange à pourceaux. Jamais ils ne balaient leur maison, ils la tapissent de branches de pin pleines de poils d’orignaux, de plumes, de cheveux, de copeaux.

Pour leur manger, je les ai vus cent fois patrouiller dans le chaudron où était notre boisson commune, s’y laver les mains. Dans ce même seau, ils rejettent leurs restes et plongent leur vaisselle pleine de cheveux. Après cela, il faut boire de ce breuvage, noir comme de l’ambroisie.

Ce n’est pas tout, ils versent dans cette marmite les os qu’ils ont rongés. Ils les recouvrent d’eau ou de neige et font bouillir le tout. Ils dégustent ensuite cela comme un bon vin ! Un jour, des souliers tombèrent dans ce liquide ; on les lava, on les retira sans autre cérémonie, puis on but, comme si rien n’était arrivé.

Les sauvages se font peindre la face quand ils font quelques visites. Ils frottent leurs doigts sur une hache rouillée puis se font des rayures au visage avec ce “ maquillage ”. Ils trouvent cela si élégant que les petits enfants pensent ne pas être beaux s’ils ne sont pas barbouillés !

Le Père Noël Chabanel était particulièrement rebuté par la manière de vivre de ces Indiens. Il ne s’y ha­bitua jamais. Mais il ne voulut pas « se détacher de la croix où Dieu l’avait mis » et demeura fidèle jusqu’au martyre. À notre petite mesure, acceptons les sacrifices de notre vie quotidienne par amour de Jésus Crucifié.

Colorier le Père prêchant les sauvages.

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Jeudi 18 février

UN POIL DU MANITOU !

UN sorcier fameux ne pouvait suivre ses gens à la chasse et s’arrêta à Saint-Joseph. Les Mères Hospitalières le recueillirent dans leur hôpital durant tout l’hiver. Ce vieillard, servi et assisté si charitablement par ces bonnes religieuses, considérait le soin et les grands frais avec lesquels elles soignaient les autres malades sans jamais attendre de récompense.

Apprenant qu’elles avaient quitté leurs parents et leur beau pays pour secourir ici les pauvres, il comprit la bonté et la sainteté de notre religion. Il demanda et reçut le baptême. Il ne restait plus qu’à lui faire rendre un poil qu’il conservait précieusement comme un porte-bonheur.

« C’est un poil que j’ai arraché de la moustache du manitou, expliqua-t-il. Il m’a conservé la vie dans mille circonstances où j’ai failli la perdre. Je me serais noyé cent fois sans ce poil. J’ai guéri des malades avec ce poil, il n’y a rien que je ne fasse sans ce poil : me le demander, c’est me demander la vie ! »

Il fallut bien du temps et de la patience pour désabuser ce pauvre homme. Enfin, le Saint-Esprit ­triompha. « Je crois que je mourrai, dit-il, quand ­j’aurai rendu mon poil, mais peu importe, je le donnerai. J’aime mieux mourir et aller au Paradis que de vivre plus longtemps et aller en enfer. »

Pendant ce Carême, nous nous détacherons de notre “ idole ”, qui n’est pas un poil de manitou, mais... Internet. Mortifions-nous pour n’utiliser ordinateur et téléphone portable que pour l’indispensable.

Colorier une partie de la frise.

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Vendredi 19 février

SERVIR JÉSUS-HOSTIE

PIERRE Oumenabano se disposa à son baptême avec une ferveur extraordinaire. Il avait une attirance particulière pour Jésus-Hostie qu’il visitait plusieurs fois par jour. “ Jésus, aie pitié de moi ” était sa prière continuelle.

Il observa attentivement les différentes salutations pouvant rendre hommage au Saint-Sacrement. Chaque fois qu’il entrait et sortait de la chapelle, il les faisait toutes successivement : celle des prêtres, celle des hommes, celle des femmes. « Je voudrais honorer Dieu autant que tous les autres ensemble », expliquait-il.

Ses amis ne pouvaient s’empêcher de rire, mais il persistait dans sa dévotion. Après son baptême, il répétait sans cesse ces paroles : « Jésus, je te remercie ; Jésus, je te remercie. » Il avoua au Père qui l’instruisait :

« Je suis bien mal : outre les écrouelles qui me dessèchent, j’ai beaucoup d’autres incommodités. Je serai content de mourir si Dieu le veut ; néanmoins, je serais bien aise de vivre longtemps si Dieu le voulait.

– Pourquoi ? interrogea le missionnaire.

– Pour remercier Dieu et le servir. Je commence seulement à le connaître ; je n’ai encore rien fait pour lui. Je voudrais bien faire quelque chose pour son amour, avoir beaucoup de temps pour le servir, et apprendre à bien le prier.

– Tu feras tout cela au Paradis mieux que sur la terre !

– Mais, au Paradis on n’a pas de peine à servir Dieu, et Il en a tant eu pour nous. »

Pensons à Jésus-Hostie, abandonné dans les églises fermées. Pour réparer tant d’ingratitudes, récitons plusieurs fois dans la journée cette “ flèche d’or ” :

« Qu’à jamais soit loué, béni, aimé, glorifié, le très Saint, très sacré, très suradorable, très inconnu, très inexprimable Nom de Dieu, au Ciel, sur la terre et dans les enfers, par toutes les créatures sorties des mains de Dieu et par le Sacré-Cœur de Jésus au très Saint-Sacrement de l’autel. »

Colorier Pierre Oumenabano, à genoux près du Père.

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Samedi 20 février

QUE DIEU LUI DONNE DE L’ESPRIT !

UN vieillard âgé de quatre-vingts ans tomba malade.  Le Père le visita, lui parla de la mort et de l’éternité. Le malheureux ne voulut rien entendre, refusant de se convertir à la foi catholique. Notre jésuite le menaça du supplice éternel, sans l’ébranler. Épouvantés de cet endurcissement, les gens de sa cabane s’écrièrent :

« Prions pour lui, Père, afin que Dieu lui donne de l’esprit, il ne sait pas ce que c’est d’être brûlé à jamais au pays des démons ! »

Le missionnaire s’agenouilla, ainsi que les chrétiens, et même les païens. Priant d’une voix forte, il conjura Celui qui a tant souffert pour nous d’avoir pitié de ce misérable agonisant. Étonné de cette façon de faire, le pauvre homme, touché, s’exclama :

« Je n’ai pas d’esprit, ma colère m’a rendu méchant. Je quitterai bien volontiers les festins, les chants superstitieux ! Priez pour moi afin que toutes mes malices soient effacées. »

Le voyant bien disposé, le missionnaire le consola. Il le soigna lui-même si bien qu’il recouvra la santé. « C’est le Père qui m’a guéri, annonçait-il à tout le monde, et il m’a enseigné des choses qui me font revivre ! »

Tant d’âmes nient l’existence du Ciel et de l’Enfer. Réparons cette offense faite à notre très chéri Père Céleste par cette invocation :

« Père très Saint, regardez la Face de votre Jésus et de tous les pécheurs faites autant d’élus. »

Colorier une partie de la frise.

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Dimanche 21 février – 1er dimanche de Carême

TU ME FERAS PLAISIR !

LA dévotion de nos sauvages à la sainte Messe est  tout aimable. Ils l’entendent chaque jour avec une grande modestie. Ni les montagnes, ni les vallées, ni la longueur du chemin, ni les glaces, ni les neiges, ni le vent, ni le froid, rien ne les empêche d’assister au Saint-Sacrifice, même les enfants.

Les Pères nouvellement arrivés disent qu’on ne verrait jamais cela en France. Ces bonnes gens viennent parfois visiter le Saint-Sacrement dans la journée. Ils amènent leurs petits et les présentent à Dieu avec des tendresses véritablement amoureuses.

« Toi qui as tout fait, disait un père de famille, tu sais tout, tu sais ce qui arrivera. Voici mon enfant, si tu connais qu’il ne veuille point avoir d’esprit quand il sera grand, qu’il ne veuille point croire en toi, prends-le avant qu’il t’offense. Tu me l’as prêté, je te le rends. Mais comme tu es tout-puissant, si tu veux lui donner de l’esprit et me le conserver, tu me feras plaisir. »

Imitons l’ardeur de ces néophytes et soyons bien recueillis à l’église, surtout pendant la Messe.

« Cœur Eucharistique de Jésus, suppliant qu’on l’aime, je vous aime et je vous adore. »

Colorier une partie de la frise.

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Lundi 22 février

NE TE LASSE POINT DE M’ENSEIGNER !

UNE femme, remarquant le bréviaire d’un Père, lui  avoua : « Devine ce que je pense, j’ai envie de te voler ! Je voudrais savoir ce que tu sais, et tout ce qui est dans ton livre. Si je pouvais te dérober tout cela, je ne cesserais de prier Dieu.

– Mais, interrompit le missionnaire, ne sais-tu pas bien ton chapelet ?

– Si, répondit-elle, je le sais bien.

– Ne le dis-tu pas ?

– Je le récite trois fois par jour. Le matin pendant la Messe, l’après-midi et le soir avant de me coucher.

– C’est assez ! Continue.

– Ainsi ferai-je ; mais, si outre cela je savais quelque autre chose, que je serais aise ! Ainsi, ne te lasse point de m’enseigner. »

Apprenons notre catéchisme avec ardeur pour bien connaître les vérités de notre si belle religion.

Colorier le bréviaire dans la main du Père.

Mardi 23 février

BENEDICITE !

NOS deux nouveaux petits écoliers commencent à lire et à prier en latin. Ils nous font quelquefois rire par leurs petits discours. Nous leur avons appris à réciter le Bénédicité avant les repas. Aussi, lorsqu’ils veulent manger, ils nous disent : « Mon Père, ­Bénédicité », autrement dit : Donnez-moi à dîner.

Comme ils nous voyaient apporter au chien sa nourriture, l’un d’eux s’inquiéta :

« Il n’a pas dit son Bénédicité ! Je m’en vais le dire pour lui.

– Nama irinisionahhi attimoukhi, lui expliqua son compagnon. Les chiens n’ont point d’esprit, ils ne disent pas leur Bénédicité, c’est à faire aux hommes seulement ! »

Il faut les entendre, allant et venant, fiers de déclamer le Pater noster, en prononcer tantôt une partie, tantôt l’autre. Un jour, monsieur Émery de Caôn dînait chez nous. L’un de ces enfants, regardant le peu que nous mettions sur la table, et voyant bien que ce n’était pas pour lui, s’écria : « Et ne nos inducas in tentationem ! »

Les missionnaires ne mangeaient jamais à leur faim. Imitons-les un peu en nous privant un temps de ce que nous aimons le plus, avec la permission de nos parents.

Colorier le chien.

Mercredi 24 février

LE ZÈLE D’UN CHRÉTIEN CONVERTI

UN catéchiste, Étienne Totihri, aimait rester à Sainte- Marie pour prier. Un jour, une grâce intime le poussa à aller prêcher la nation des Neutres, tribus païennes qui avaient repoussé les missionnaires.

Il y resta plus d’un mois, gardant son chapelet bien visible autour du cou. Cela lui attira les questions des indigènes et lui permit de prêcher la foi avec succès.

Au bourg de Saint-Ignace, la population s’était rassemblée pour brûler un prisonnier. Entendant les cris du malheureux et la cruauté des bourreaux, Étienne fendit la foule et s’exclama :

« Écoutez, infidèles ! Voyez en cet homme l’image du malheur qui vous attend ! Qui de vous pourra soutenir la colère de Dieu et la rage des démons ? Non, non, mes frères, ne croyez pas que je veuille arracher ce captif de vos mains. Seule la mort peut mettre fin à ses misères. Mes compassions sont pour vous-mêmes.

« Mes frères, adorez ce grand Dieu qui a créé le ciel et la terre. Tremblez à la vue de ses jugements effroyables, alors l’enfer n’aura plus de flammes pour vous. »

Luttons contre notre égoïsme : rendons gentiment service en famille et à l’école, sans qu’on soit obligé de nous le réclamer.

Colorier Étienne, près du Père, le chapelet au cou.

Jeudi 25 février

LE SALUT !

PLUSIEURS des assistants furent touchés, d’autres traitèrent Étienne de fou. Pour le pauvre condamné, c’était le salut ! Notre apôtre s’approcha de lui et lui adressa ces paroles :

« Mon camarade, ne crains pas, je ne veux que te faire du bien. Ton corps est dans un état déplorable, ton âme va bientôt s’en séparer. Elle seule vivra pour toujours, et sera heureuse ou malheureuse. Si tu veux invoquer avec moi un Esprit tout-puissant, Il t’aimera pour toujours et attirera ton âme à lui. Dans le Ciel, tu seras à jamais bienheureux. Ceux qui manquent de l’honorer souffriront des cruautés et des tourments sans fin.

– Est-il donc vrai qu’il y a un lieu de bonheur dans le Ciel pour ceux qui sont misérables en ce monde ? Nous pensions que c’était des fables ! »

Et il demanda le baptême. Les infidèles s’y opposèrent. « Il faut que son âme soit brûlée à jamais en enfer ! Et si nous-mêmes pouvions perpétuer ses peines, jamais elles n’auraient de fin ! »

Étienne courut aux cabanes environnantes et revint avec de l’eau pour le baptiser. Mais ils le poussaient, l’accablant d’injures et de coups. Sa charité triompha de leur malice. Son zèle embrasa le cœur du pauvre homme de douleurs, qui semblait oublier son mal. Après avoir reçu le saint baptême, il n’avait plus de voix, sinon pour s’écrier qu’il serait heureux dans le Ciel.

N’oublions pas que « le Ciel est l’unique but de tous nos travaux ». Demandons à Jésus et Marie la grâce de leur rester fidèles, car, disait Étienne, nous ne « sommes puissants que pour le mal et le péché ».

Colorier une partie de la frise.

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Vendredi 26 février

AYEZ SOIN DE MON AME

UNE grave émeute éclata contre les chrétiens, au bourg de Saint-Joseph. On tenta de tuer un des Pères, tandis que des chrétiens étaient rudement frappés. À cette nouvelle, un vieillard récemment baptisé courut à la chapelle où se tenait le plus fort de la sédition. Il chantait sa joie d’être bientôt martyr :

« J’irai au Ciel, je mourrai en la compagnie de mes frères, Jésus aura pitié de moi ! »

Mais, il ne fut pas tué. L’ordre et le calme revinrent dans le village. Peu après, l’homme tomba malade, et demanda au Père de le disposer à bien mourir. Il craignait que, venant à perdre connaissance, sa femme et ses parents infidèles n’aient recours au diable et aux superstitions du pays.

Il appela sa famille, l’exhorta à embrasser la foi et à redouter l’enfer. Il leur annonça qu’il renonçait à toutes les choses défendues aux chrétiens.

Son cœur demeura élevé vers le Ciel, et il rendit son dernier soupir après avoir répété sa fidèle prière : « Jésus, ayez pitié de moi. »

Peu avant sa mort, ce bon chrétien avait interrogé le missionnaire qui se trouvait près de lui :

« Qui est ce jeune homme d’une rare beauté qui se tient à tes côtés et me ravit de joie ?

– Il n’y a personne.

– Non, non, je n’ai perdu ni la vue ni le jugement. Je le vois tout près de toi, il t’accompagne. Je comprends à son visage qu’il vient m’assister à bien mourir : ayez tous deux soin de mon âme. »

Pensons à invoquer notre ange gardien, toujours prêt à nous secourir :

« Bon ange, vous m’avez protégé cette nuit, protégez-moi tout le jour ! »

Colorier une partie de la frise.

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Samedi 27 février

PARDONNER

L’UNE des plus étranges passions des Indiens est la vengeance contre leurs ennemis. On ne pouvait, au début, les persuader que c’est un bienfait de prier pour nos adversaires. Ils en étaient scandalisés.

« Tu ne nous aimes pas, rétorquaient-ils au Père qui leur donnait ce conseil. Cette prière ne vaut rien ! Quel bien peut-il nous arriver si Dieu bénit ou secourt nos ennemis ? »

Ceux qui sont convertis ont bien changé. L’automne dernier, les Sokoquiois frappèrent à mort Vincent Xavier Nipikiouigan. Conduit à l’hôpital de Québec, les religieuses le soignèrent avec une grande charité. Voyant que ses blessures étaient incurables, il voulut mourir avec les chrétiens de Saint-Joseph.

Non seulement il pardonna à ses assassins, mais il pria Dieu de les bénir et de leur accorder la grâce de se convertir. Lorsqu’on lui porta le Viatique, il promit qu’il se souviendrait d’eux au Ciel et qu’il demanderait à Dieu la connaissance de Jésus-Christ à toute leur nation.

Sa femme, forte et fidèle, pansait tous les jours les plaies purulentes de son mari.

« Je sens bien que je suis chrétienne, affirmait-elle. Sans cela, il ne me serait pas possible de demeurer un jour auprès d’un homme qui me choque les sens si rudement, et cependant je ne saurais m’éloigner de lui. »

C’était sans doute une grâce bien particulière et un effet du sacrement de mariage.

Ai-je des sentiments de rancune ou de jalousie contre mon frère, ma sœur ou quelque ami ? Si je veux plaire au Cœur de Jésus, il faut que je m’en corrige.

Colorier Vincent Xavier Nipikiouigan, blessé et soutenu par sa femme.

Dimanche 28 février – 2e dimanche de Carême

J’AIME CELUI QUI A TOUT FAIT

CE mourant avait une petite fille qu’il avait consacrée à Dieu dès sa naissance et confiée aux Mères ursulines. Ces dernières admiraient les bonnes inclinations et la douceur de l’enfant. Quand elle pleurait, il suffisait de lui dire : « Prions Dieu ! » Aussitôt, joignant ses petites mains, elle retenait ses larmes et se mettait en prières.

Se voyant mourir, son père voulut la revoir. Après lui avoir donné mille bénédictions, il la félicita d’être en de si bonnes mains. Puis, lui parlant comme à une adulte :

« Adieu, ma fille, je m’en vais au Ciel, ne t’attriste pas de ma mort. Sois bien obéissante aux filles vierges, elles sont tes plus proches parentes. Ne les quitte jamais : quand tu seras grande, elles te diront ce qu’il faudra faire. »

Lorsqu’il mourut, sa maîtresse mena la petite devant le Saint-Sacrement. Après avoir prié pour l’âme de son père, elle demanda à la religieuse :

« Jésus ne sera-t-il pas mon père, puisque je n’en ai plus ? La Vierge sera aussi ma mère, et vous serez mes parentes, mon père me l’a dit. »

La fillette avait contracté elle aussi une maladie qui la conduisit rapidement au tombeau. Après l’avoir confessée, le missionnaire lui demanda :

« Êtes-vous heureuse d’aller voir Notre-Seigneur ?

– J’aime uniquement celui qui a tout fait », déclara la fillette. Elle expira, entourée des bonnes Mères.

Aujourd’hui, ne pas me plaindre ni chercher à me faire plaindre. Prendre les difficultés avec bonne humeur et être souriant.

Colorier la petite Huronne près de la religieuse ursuline.

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Lundi 1er mars

GRÂCE DU SACREMENT DE MARIAGE

APRÈS avoir reçu le baptême, Charles Mejaskaouat  tâcha d’adoucir sa femme, païenne, extrêmement orgueilleuse et violente.

Avec une patience admirable, il l’amena à la foi et au baptême. Le Père résolut alors de les marier à l’Église.

Au moment de l’échange des consentements, Charles interrompit le prêtre :

« Attends un peu. Se tournant vers son épouse : Toi, seras-tu encore orgueilleuse, désobéissante, coléreuse comme tu as été par le passé ? Réponds-moi ; car si tu ne veux pas être sage, je ne te prends pas pour ma femme. J’en trouverai bien une autre.

– Je serai plus sage à l’avenir, murmura-t-elle, toute confuse.

– Parle plus fort, répliqua Charles, on ne t’entend pas ! Quand tu te fâches, tu cries comme une folle, et maintenant tu fais la petite bouche !

– Je proteste que je t’obéirai et vivrai avec toi dans la douceur et l’humilité ! cria-t-elle bien clairement.

– Voilà qui est bien. Pourvu que tu fasses ce que tu dis, autrement tu me donneras occasion de me fâcher ; et si je me fâche, j’irai en enfer et toi aussi. »

Puis, s’adressant au Père :

« Continue, dit-il, je suis content, je l’aimerai toujours comme ma femme unique et légitime. »

Dieu a visiblement béni ce mariage, car nous n’avons jamais vu de changement plus notable que chez cette femme. Elle est maintenant douce comme un agneau, très pieuse et très affectueuse.

Luttons contre notre impatience et faisons des efforts de douceur.

« Jésus, doux et humble de cœur, rendez mon cœur semblable au vôtre. »

Colorier la femme de Vincent Xavier Nipikiouigan.

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Mardi 2 mars

DIEU EST BON

UN de nos Pères remarqua qu’un de ces chrétiens passait de très longs moments en prière. Il lui en demanda la raison. « Je ne sais pas encore bien prier Dieu, avoua le néophyte, je suis souvent rempli de distractions. Mais, pour que le diable ne gagne rien sur moi et se lasse de m’interrompre, je recommence mes prières chaque fois que vient une distraction.

« Quand mon esprit arrive jusqu’à Dieu, je ne m’aperçois plus du temps qui passe. Mon cœur est tellement transporté hors de lui que je ne sens ni la chaleur, ni le froid, ni la douleur, ni l’ennui. Je n’ai même pas une pensée des choses de la terre. Je pense seulement que Dieu est bon, et qu’il est bon d’être avec lui.

– À quoi peux-tu comparer ce bonheur que tu ­ressens ?

– Je ne connais rien de semblable. Tout ce que j’ai conçu de contentements en ce monde n’est rien au prix d’un seul moment de ces délices que Dieu me fait goûter ; ni les festins, ni les richesses, ni les plaisirs, dont j’ai maintenant de l’horreur, et qu’autrefois j’estimais les plus grands du monde. Je ne vois rien qui ressemble à ces plaisirs du Ciel sinon celui que je ressentais autrefois à la chasse, lorsque je trouvais quelque cerf arrêté dans mes pièges. »

Faisons effort pour rester recueillis pendant nos prières et tâchons de répéter plusieurs fois dans la journée :

« Sainte Face de Jésus, consolation des pauvres et des persécutés, et consolé vous-même par les pécheurs qui se tournent vers vous, je me tourne vers vous et je vous embrasse de tout mon cœur. »

Colorier une partie de la frise.

Mercredi 3 mars

DIEU, NOTRE PÈRE !

CE même homme, en voyage avec son enfant,  s’aperçut que ce dernier chantait quelques airs pour passer le temps : « Mon fils, lui expliqua-t-il, je vois bien que Dieu n’est pas le plus grand maître de ton cœur. Si tu avais élevé tes pensées vers lui, tu te serais rapproché du Ciel.

« Les vents ont emporté ton chant. Si tes entretiens avaient été avec Dieu, la grâce que tu aurais acquise par tes prières te serait demeurée pour l’éternité. »

Un de nos jésuites demanda à un enfant de cinq ans où se trouvait son père. Le petit le désigna de la main. Mais son père le reprit doucement :

« Mon fils, regarde le Ciel, voilà où est ton Père, Dieu est ton vrai Père. Je te donne tous les jours à Celui qui a tout fait.

« Je le prie de te faire religieux, afin que tu saches le prier, car ma plus grande tristesse en ce monde est que je ne sais pas bien comment il faut le prier. Je pense quasi toujours à lui et l’aime, il me semble, mais je ne sais pas beaucoup de choses qu’il faut lui dire. »

Aujourd’hui, récitons souvent le “ Notre Père ” pour bien vivre notre journée sous le regard de notre Père Céleste.

Colorier l’enfant et son père, près du missionnaire.

Jeudi 4 mars

LE PÈRE ANNE DE NOÜE

LE 30 janvier 1646, le Père Anne de Noüe quitta Trois-Rivières en compagnie de deux soldats ­français et d’un Huron. Ils se rendaient à Richelieu, distant de soixante kilomètres.

La terre était couverte de plus de soixante-dix centimètres de neige. Rivières et lacs étaient gelés. Ils parcoururent trente kilomètres la première journée et se bâtirent une petite “ maison ” dans la neige pour passer la nuit.

Ayant remarqué que les soldats avaient beaucoup de peine à marcher sur des raquettes, le Père se leva à 2 heures du matin. Il voulait gagner Richelieu, seul, et revenir avec du renfort. Il partit avec un peu de pain et cinq pruneaux.

Lorsqu’il arriva au lac Saint-Pierre, une tempête de neige se leva. Notre missionnaire ne voyait plus rien. N’ayant pas de boussole, il s’égara.

Ses compagnons qui, au matin, avaient repris la route, ne voyaient pas la trace de ses pas. La neige avait tout effacé ! Ne connaissant pas l’itinéraire, l’un d’eux sortit un cadran et tâcha de guider la troupe. Ils marchèrent tout le jour sans que personne vînt à leur rencontre, comme il était prévu.

Recrus de fatigue, ils passèrent la nuit sur l’île de Saint-Ignace. Ils se trouvaient non loin du Père, mais ils ne le virent pas...

Les missionnaires n’étaient pas des paresseux ! Pensons à ce qu’ils ont souffert, et acceptons courageusement les contrariétés et difficultés de notre devoir d’état.

Colorier le Père Anne de Noüe, marchant sur des raquettes.

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Vendredi 5 mars – premier vendredi du mois

VICTIME DE SA CHARITÉ

LE Huron parvint à se repérer et alla jusqu’à Richelieu.  À son grand étonnement, il apprit que la “ Robe noire ” n’était pas encore arrivée. Le lendemain matin, les soldats de la garnison le cherchèrent, crièrent, appelèrent, tirèrent des coups d’arquebuses. En vain.

Le 2 février, un soldat, assez adroit pour retrouver les marques de pas sous la neige, remarqua les tours et détours faits par le Père. Il trouva le lieu de sa seconde nuit : un trou dans la neige, au fond duquel il avait mis quelques branches de sapin. Il y avait pris son repos, n’ayant qu’une simple soutane et une vieille chemise ! Il se trouvait alors tout près de Richelieu, mais n’avait pas reconnu l’endroit.

Huit kilomètres plus loin, en face de l’île Plate, entre deux petits ruisseaux, notre homme trouva le missionnaire à genoux, raide et congelé. Ses yeux étaient ouverts, fixés vers le Ciel ; ses bras en croix sur la poitrine. Son chapeau et ses raquettes étaient auprès de lui. Touché d’un saint respect, il tomba à genoux et pria. Après avoir entaillé une croix sur l’arbre le plus proche, il enveloppa le défunt dans une couverture et le ramena à la mission.

Le Père Anne de Noüe avait rendu son âme à Dieu le jour de la Présentation de l’Enfant-Jésus au Temple, fête pour laquelle il avait une dévotion très particulière.

Il jeûnait tous les samedis en l’honneur de la Sainte Vierge et récitait tous les jours le petit office de l’Immaculée Conception. Cette grande et très fidèle Maîtresse lui avait obtenu cette mort si purifiante, si sainte et si éloignée de tous les secours de la terre, pour le recevoir plus glorieusement au Ciel.

En ce premier vendredi du mois, consolons le Cœur de Jésus si méprisé et pourtant si bon :

Jésus qui désirez nos cœurs pour en faire votre demeure, donnez-nous la grâce de vous aimer.

Colorier quelques flocons de neige.

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Samedi 6 mars – premier samedi du mois

NOTRE DEMEURE EST DANS LE CIEL

APRÈS son baptême, Michel, de la nation du Feu,  tomba gravement malade. Le Père s’absenta un long moment. Abandonné de ses parents encore païens, il passa des journées entières sans manger ni boire. Dieu même sembla se retirer. La tristesse le saisit.

« Vous aussi mon Dieu, vous voulez donc m’abandonner ? se plaignit-il.

– Michel, ne te mets pas en peine des misères de ton corps, lui répondit une voix intérieure. Souviens-toi que ta demeure éternelle n’est pas ici, mais dans le Ciel. »

Ces paroles le consolèrent. Quand le missionnaire revint le visiter, il lui confia que Dieu s’était emparé de son cœur.

Surtout, il avait conçu une affection très tendre envers la Sainte Vierge et ne manquait pas de réciter son chapelet tous les jours.

Le jésuite lui parla des guérisons miraculeuses obtenues par Notre-Dame de Lorette, dont une très belle image se trouvait à la mission Sainte-Marie.

Il s’y rendit, se traînant tantôt à quatre pattes, tantôt sur des béquilles. Lorsque les forces lui manquaient, il s’adressait à Notre-Dame. Aussitôt, elle lui redonnait confiance et courage. Il mit plus de quinze heures à faire quinze kilomètres.

La Sainte Vierge est la Consolatrice des missionnaires. À notre tour, consolons son Cœur Immaculé en accomplissant les exercices du premier samedi.

Doux Cœur de Marie, soyez mon salut !

Colorier la mission Sainte-Marie.

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Dimanche 7 mars – 3e dimanche de Carême

GUÉRISON DE LA VIERGE DE LORETTE

ENTRANT dans notre chapelle, une grande joie envahit  son cœur. « C’est ici, pensa-t-il, la maison de Dieu : c’est ici qu’il me fera miséricorde. Mon Dieu, vous êtes tout-puissant, faites vos volontés et n’ayez pas d’égard aux miennes. Mais je crois et ne doute point que vous ne puissiez me guérir. »

C’était là toute sa prière, qu’il répétait sans se lasser. Non seulement Notre-Dame de Lorette le guérit, mais elle l’éclaira : il comprit la vanité de cette vie et le bonheur d’être chrétien. Il remercia la Mère de Dieu de ces grâces intérieures dont il se réjouit plus que de sa santé.

Il retourna à son village dès le lendemain, sans aide, d’une démarche aussi ferme que s’il n’avait jamais ressenti aucun mal.

En l’honneur de Notre-Dame de Lorette, récitons ses litanies (page E 2 dans le carnet de chants).

Colorier Michel, marchant avec des béquilles.

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Lundi 8 mars

LE CHAPELET EN ENTIER !

LES missionnaires rassemblent les chrétiens avant la  nuit pour le chapelet. Un soir, le Père Dequen le leur faisait réciter très lentement, entrecoupant chaque dizaine d’un cantique. Craignant de les dégoûter, il se contenta de la moitié. Ces bonnes gens s’en ­aperçurent :

« Il semble que nous ne soyons chrétiens qu’à demi ! Disons tout, mon Père, disons tout, ne servons pas Dieu à moitié !

– Mais, repartit le jésuite, quelques-uns d’entre vous sont peut-être pressés par quelque affaire.

– Que ceux qui sont appelés ailleurs sortent, répondirent-ils. Pour nous, nous n’avons pas de raison de ne pas dire nos prières. »

Une bonne vieille ayant retrouvé son chapelet : « Oh ! que je suis heureuse ! Il y a deux jours que je l’avais perdu. Pendant tout ce temps, il m’a semblé que j’avais mal au cœur, non seulement à cause de la perte que j’avais faite, mais aussi parce que je ne sentais plus la croix me battre sur le cœur, comme elle faisait d’ordinaire lorsque je portais mon chapelet autour du cou. »

Ces sentiments montrent qu’il n’y a plus de barbarie dans ces cœurs, puisque l’amour de la Croix y est.

Imitons les pieux sauvages : sans rechigner, récitons chaque jour notre chapelet avec plus d’attention, pour l’amour de Jésus et de la Sainte Vierge.

Ô Cœur Immaculé de Marie, qui obtenez grâce pour les pécheurs, embrasez mon cœur du Divin Amour dont vous brûlez !

Colorier le chapelet, dans la main du Père.

Mardi 9 mars

SANCTE JOSEPH, ORA PRO NOBIS

MÈRE Cécile de la Croix et mère Marie de Saint- Joseph, ursulines, témoignaient des bonnes qualités de leurs enfants. « Dociles, elles se plient à tout ce que nous leur demandons. Prier, réciter le catéchisme ou faire quelque petit travail, elles font tout immédiatement, sans murmure et sans excuse.

« En plus des heures prévues pour la prière et pour l’instruction, elles nous demandent cent fois par jour de leur apprendre à prier. Il faut les voir joindre leurs petites mains et donner leur cœur à Notre-Seigneur !

« Elles assistent tous les jours à la sainte Messe avec une telle attention que nous en sommes ravies. Elles s’y tiennent très bien, mieux que nos petits enfants de France.

« Elles veulent nous imiter en tout. Elles ne manquent pas de réciter tous les jours leur chapelet. Si une Sœur le récite en son particulier, elles la rejoignent. Une religieuse qui leur avait accordé cette faveur leur apprit à dire, après chaque Ave Maria : Sancte Joseph, ora pro nobis, ce qu’elles font. »

Aujourd’hui, j’obéirai sans retard et avec le sourire.

Colorier la religieuse ursuline.

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Mercredi 10 mars

IMITER LES SŒURS

LES petites pensionnaires « se glissent parfois dans notre chœur lorsque nous n’y sommes pas. Elles se placent de part et d’autre, un livre en main, et se comportent comme nous à l’office.

« Elles chantent Ave maris Stella et Gloria Patri, en faisant les mêmes inclinations que nous. Comme elles ne savent par cœur que cette hymne, elles la chantent vingt à trente fois sans se lasser, s’imaginant qu’elles font une prière bien agréable à Dieu !

« Le Vendredi saint, elles enlevèrent, comme nous, leurs chaussures et firent de grandes prosternations pour adorer la sainte Croix. Assez souvent on les trouve seules, priant Dieu, récitant leur chapelet.

« Elles prennent un grand plaisir à ramasser des fleurs dans les bois et à en tresser de petites couronnes. Elles les offrent à la Sainte Vierge et lui font toutes les caresses possibles. Elles dressent de petits oratoires.

« Elles aiment beaucoup les images pieuses et se font expliquer ce qu’elles représentent, ne se lassant jamais d’entendre parler des mystères de notre foi. »

Pour faire plaisir à notre Mère du Ciel, chantons “ Beau lys ” (page E 53 dans le carnet de chants).

Colorier une petite pensionnaire tenant en main un bouquet de fleurs.

Jeudi 11 mars

POUR L’AMOUR DE NOTRE-SEIGNEUR

COMME les ursulines expliquaient à leurs petites que les corps des bienheureux auraient d’autant plus de gloire au Ciel qu’ils auraient souffert ici-bas avec plus de patience, elles se réjouirent :

« Voilà qui va bien ! Les sauvages seront donc bien relevés au Ciel, car ils souffrent beaucoup, surtout en hiver. Cela nous donne envie d’être malades, afin d’endurer davantage pour avoir plus de gloire. »

Elles offrent à Notre-Seigneur leurs travaux et leurs peines, rassemblent leurs pensées et leurs intentions avant de commencer leurs ouvrages. Si le travail est pénible, elles s’arrêtent de temps en temps pour faire une prière et une petite élévation de cœur au Ciel. Pour entretenir cette ferveur, il y en a toujours une qui exhorte les autres, s’écriant tout haut :

« Faisons tout pour l’amour de Notre-Seigneur, mes sœurs, faisons tout pour son amour ! »

Cette dévotion les tire petit à petit de la paresse et de la liberté qui ne sont que trop naturelles aux sauvages.

Dans nos actions de la journée, répétons souvent : « Ô Jésus, c’est pour votre amour, en réparation des offenses au Cœur Immaculé de Marie, pour la conversion des pauvres pécheurs et pour le Saint-Père. »

Colorier une partie de la frise.

Vendredi 12 mars

IL A TANT SOUFFERT POUR NOUS !

DEUX pensionnaires avaient été envoyées faire une commission. Comme elles avaient mis beaucoup plus de temps qu’il n’en fallait, leur maîtresse les reprit et leur demanda ce qu’elles avaient fait :

« Nous avons pensé et parlé des souffrances du Fils de Dieu, expliqua la première. Cela est bien étrange qu’il se soit fait homme pour endurer et pour payer son Père.

– Il aime bien les hommes, ajouta la seconde, puisqu’il a tant pâti pour leurs péchés. Je pense souvent à cela pendant la Messe.

– Et moi, j’y pense aussi, je me donne à lui, et je le prie qu’il dispose de moi comme il voudra. »

Un bon chrétien malade exhortait sa fille à embrasser la foi.

« Oui, ma fille, personne autre que Dieu ne pourrait me donner la consolation que je sens maintenant dans mon mal. Je suis aussi content que si je me voyais guéri.

« Je lui dis avec plaisir qu’il ordonne comme il lui plaira de ma vie, parce que je ressens en mon cœur une assurance toute certaine que je ne perdrai rien en perdant ce corps.

« C’est sans doute que notre âme a quelque chose qui lui est plus précieux que cette vie, quelque amour que nous ayons pour elle. »

Tournons notre cœur vers Jésus par cette invocation : « Visage de Jésus si aimable aux petits enfants que vous embrassiez, je vous embrasse de tout mon cœur. »

Colorier une partie de la frise.

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Samedi 13 mars

SE CONFIER À DIEU

L’UNE des choses que nous inculquons aux sauvages est d’avoir recours à Dieu dans leurs besoins, et de se confier en sa bonté et en sa toute-puissance.

Deux catéchumènes, affamés, poursuivaient un cerf. L’un suivait sa piste dans le bois, l’autre traversait une rivière glacée pour lui couper le chemin. Hors d’haleine, ils se mirent à genoux, l’un sur la neige et l’autre sur la glace. Leur prière faite, ils poursuivirent leur proie avec plus d’ardeur. L’ayant lassée, ils la tuèrent, puis s’agenouillèrent, remerciant Dieu de leur avoir donné à manger.

Deux jeunes chrétiens avaient poursuivi un élan pendant quatre jours dans la neige et le froid. Un méchant bout de couverture tout usé leur servait de vêtement, de lit et de tente. Dans cette extrémité, le plus faible des deux confia à son compagnon :

« Je n’en peux plus, je suis mort. » Mais, suivant la recommandation des Pères, il se tourna vers Dieu et l’appela au secours. Soudain, une chaleur se répandit dans tout son corps. Elle le réchauffa tant qu’elle lui sauva la vie !

Nous sommes souvent ingrats et égoïstes. Appliquons-nous à bien dire : « S’il vous plaît ! » et « ­Merci » dès que nous demandons quelque chose.

Colorier les bois.

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Dimanche 14 mars – Lætare

ÊTRE BAPTISÉ !

UN autre jeune homme s’était rendu à la chasse avec ses compagnons, et avait couru plusieurs jours dans les bois sans rien trouver. La faim les tenaillait tous vivement.

Notre catéchumène, qui n’avait encore reçu aucune instruction, se retira à l’écart et se mit à genoux dans la neige. Élevant les yeux et les mains au Ciel, il pria ainsi :

« Mon Dieu, aie pitié de moi. J’ai bien faim : tu le sais bien, je voudrais tuer un orignal. Je n’en ai jamais tué, je n’en vois point. Pourtant, si tu le veux j’en tuerai bientôt un. C’est toi qui les as faits, et tu les as faits pour nous. Si tu ne le veux pas, n’importe. Mais ne me laisse pas mourir, car je ne suis pas encore baptisé, et je voudrais bien l’être. »

À peine avait-il terminé sa prière qu’il remarqua la piste d’un orignal ! Il le poursuivit, le tua, se remit à genoux dans la neige et remercia son Bienfaiteur. Il destina la meilleure part de sa prise à Dieu, en la personne des malades de l’hôpital.

Pendant la Messe, soyons attentifs au déroulement de la cérémonie et tenons-nous bien recueillis.

Cœur Eucharistique de Jésus qui avez promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps, je vous aime et je vous adore.

Colorier l’Indien chassant l’élan.

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Lundi 15 mars

ÊTRE TOUT À DIEU

JOSEPH Taondechoren, notre excellent chrétien du Bourg de la Conception, nous avoua : « Je n’ai point d’esprit. Je sens bien que Dieu attire mon cœur à lui. Je le lui donne chaque fois et me contente de cela, mais lui ne s’en contente pas.

« Il me dit dans le fond de mon âme qu’il veut que je sois tout à lui. Je lui réponds qu’il sait bien que je ne veux être qu’à lui seul, qu’il fasse sur moi ses volontés : plus je me donne à lui, plus il me presse de ne pas lui refuser ce qu’il demande.

« Tout homme qui me traiterait de la sorte me serait importun, et ses empressements me le rendraient insupportable. Mais je ne puis et n’oserais me plaindre de la rigueur avec laquelle Dieu me traite. Je vois bien que ce n’est qu’amour et bonté.

« Il n’y a point en ce monde de plaisir semblable à celui que je sens lorsqu’il me laisse le moins en repos, et me contraint mille fois de lui dire que je suis tout à lui. »

Ô Jésus, dont la Face adorable rayonne d’amour, touchez mon cœur et gardez-moi tout à vous !

Colorier l’élan.

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Mardi 16 mars

HEROÏQUE CHARITÉ

UN père de famille, âgé de soixante ans, sa femme et deux de leurs enfants, tous chrétiens, apprirent qu’une de leurs parentes se mourait au milieu des bois. Sachant que son bébé ne pourrait lui survivre, ils résolurent de le sauver, au moins pour le Ciel.

Ils demandèrent la formule du baptême et partirent. Après trois jours de marche, ils trouvèrent cette pauvre femme malade et baptisèrent son enfant.

« Non, déclarèrent-ils à leur retour, jamais nous n’aurions cru qu’il y eut de tels plaisirs au milieu des périls. Nous craignions la mort à chaque pas que nous faisions sur ces glaces, mais cette crainte était aimable. Jamais nous n’avons prié Dieu de si bon cœur et avec tant d’amour.

« Mon Dieu, répétions-nous sans cesse, vous voyez notre cœur et vous savez pourquoi nous sommes en chemin. Disposez de nos vies selon vos volontés. Que notre peine vous agrée. Après cela, quoi qu’il arrive notre esprit sera content. Si nous nous noyons dans ces eaux, nous serons heureux dans le Ciel. »

J’offrirai aujourd’hui mon chapelet pour une ­personne malade de ma famille ou de mon entourage.

Colorier une partie de la frise.

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Mercredi 17 mars

QU’IL FAIT BEAU LA VOIR !

CHRISTINE Totihri, mère de notre excellent chrétien Étienne, était très vertueuse. Elle éprouvait une affection très tendre envers la Sainte Vierge.

Les souffrances de cette vie lui semblaient pleines de douceur depuis qu’elle croyait à la résurrection des corps.

Au moment de son agonie, notre malade s’écria, étonnée et ravie d’admiration :

« Mon fils, ne vois-tu pas cette rare beauté de cette grande Dame éclatante de lumière qui est ici à mon côté ? Ne vois-tu pas ce beau livre qu’elle porte ouvert entre ses mains ? N’entends-tu pas ces paroles d’amour ? Oh ! qu’elle me parle bien mieux que nos frères les Français, que ses discours pénètrent plus en mon cœur, qu’elle est aimable et qu’il fait beau la voir !

– Vous rêvez ! lui dit son fils. Comment pourriez-vous voir ce que vous dites, ayant perdu la vue ?

– Non, non, mon fils, répliqua cette mère, je ne me trompe aucunement, ni ne veux te tromper. Regarde de l’autre côté ces jeunes Français qui l’accompagnent, les plus beaux que je n’ai jamais vus. Que leurs habits sont riches ! Mais plutôt, prête l’oreille à ce que me dit cette Dame. Oh ! qu’il fait beau la voir ! »

Et elle mourut.

Nous n’avons pas la grâce de voir Jésus et Marie, et pourtant Ils sont sans cesse auprès de nous ! Accomplissons toutes nos actions pour leur faire plaisir.

Colorier une partie de la frise.

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Jeudi 18 mars

SUB TUUM PRAESIDIUM

LES Pères Claude Pijart et Léonard Garreau passèrent l’hiver avec les Algonquins. Ils partirent à la fin du mois de novembre. Après quatre ou cinq journées de navigation, ils quittèrent leur canot et marchèrent sur le lac gelé.

Tout à coup, la glace se brisa sous leurs pieds et ils se retrouvèrent dans l’eau. Le Français qui les accompagnait leur lança des cordes, mais chaque effort pour les en sortir les faisait retomber plus lourdement dans le lac.

Ayant perdu tout espoir, ils appelèrent la Sainte Vierge à leur secours. Aussitôt, un morceau de glace assez ferme leur servit d’appui. À demi morts de froid, ils réussirent à se traîner en un lieu sûr.

Trois jours après, le jeune homme français se perdit dans les bois. La nuit venue augmenta son malheur : s’arrêter, c’était mourir de froid ; avancer, c’était s’égarer davantage. Il erra toute la nuit et encore le lendemain, qui était la fête de l’Immaculée Conception, jusqu’à 2 heures de l’après-midi.

Enfin, n’en pouvant plus de froid, de faim, de lassitude, il s’arrêta et se prépara à mourir. Il eut recours à cette Mère de miséricorde, en récitant : Sub tuum praesidium confugimus, Sancta Dei genitrix (Nous nous réfugions sous votre protection, sainte Mère de Dieu).

Au même moment, il aperçut un petit chemin. Les forces lui revinrent, suffisamment pour continuer sa route. Enfin, il retrouva les deux Pères et les Algonquins !

À l’exemple des jésuites, ayons habituellement recours à la médiation de l’Immaculée, toute puissante sur le Cœur de Dieu.

« Nous reconnaissons évidemment qu’il faut que ce soit le Ciel qui convertisse la terre de Nouvelle-France. C’est pourquoi nous avons tous été d’avis de recourir à la Très Sainte Vierge, Mère de Dieu, par laquelle Dieu a coutume de faire ce qui ne peut se faire et convertir les cœurs les plus abandonnés. » (Vœu à l’Immaculée Conception, de 1635)

Colorier quelques flocons de neige.

Vendredi 19 mars – fête de saint Joseph

EN L’HONNEUR DE SAINT JOSEPH !

LA fête du glorieux Patriarche saint Joseph, Père,  Patron et Protecteur de la Nouvelle-France, est l’une des grandes solennités de ce pays.

La veille de ce jour, qui nous est si cher, on arbora le drapeau et on fit tonner le canon. Monsieur le Gouverneur organisa de magnifiques feux d’artifice autour de l’église.

D’un côté, on avait dressé une banderole, sur laquelle paraissait, éclatant, le nom de saint Joseph. En dessous de ce nom sacré étaient disposées plusieurs mèches d’où partaient vingt petits serpenteaux et ­quatorze grosses fusées ! Les sauvages, qui n’avaient jamais rien vu de semblable, admiraient la pluie d’or et les étoiles qui retombaient de si haut.

Un petit château était dressé, peint de toutes les couleurs, flanqué de quatre tourelles et entouré de seize lances à feu. Une croix de feu, éclairée de guirlandes, la faisait paraître comme toute couverte de diamants.

Saisis par ces serpenteaux et ces fusées qui s’échappaient de la forteresse, les Hurons déclarèrent que les Français étaient plus puissants que les démons, car ils commandaient au feu !

Le lendemain, jour de la fête, notre église était pleine comme au jour de Pâques. Chacun bénissait Dieu de nous avoir donné pour protecteur, le protecteur et L’Ange-Gardien (pour ainsi dire) de Jésus-Christ son Fils.

En cette fête de saint Joseph, patron de la France et du Canada, chantons “ Aimable Saint ” (page F 14 dans le carnet de chants). Demandons-lui d’intercéder pour l’Église dont il est le “ gouverneur ”.

Colorier la banderole de saint Joseph.

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Samedi 20 mars

SA MAJESTÉ !

NOUS avons reçu cette année un magnifique tableau du Roi, de la Reine et de Monsieur. Ne pouvant se faire voir en personne à ses sujets, Sa Majesté leur en envoya une image. Tous nos Français en ressentirent une grande joie pleine de respect. Les sauvages témoignèrent de l’admiration au-delà de nos pensées.

Le Père leur expliqua que le Roi demandait le secours de leurs prières pour lui et ses états. Il leur envoyait ces portraits pour les assurer que son plus grand désir était que tous les peuples de la terre reconnaissent et adorent Jésus-Christ. L’un des chefs de tribu se leva et prit la parole :

« Mon Père, ce que tu dis est admirable. Plût à Dieu que nous puissions voir en personnes ceux qui nous ravissent en leurs portraits. Il est vrai que nous les croyons quasi vivants, leurs yeux nous regardent, et on dirait que leur bouche veut nous parler. Mais, qui sommes-nous pour obtenir de Dieu des bénédictions pour notre grand Capitaine [le Roi], pour son frère et pour cette grande Capitainesse leur mère ? C’est à vous, qui connaissez la prière, de parler à Dieu. Nous ne savons pas bien ce qu’il faut lui dire pour de si grands personnages ! Nous l’aimons néanmoins, et nous lui dirons tout ce que nous savons, mais nous savons peu. »

Aujourd’hui, je prierai spécialement pour la France afin qu’elle retrouve sa vocation de fille aînée de l’Église.

« Père Éternel, je vous offre la Face de votre Fils pour attirer sur la France votre miséricorde. »

Colorier le château dressé pour les feux d’artifice.

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Dimanche 21 mars – 1er dimanche de la Passion

DANS L’ADMIRATION DE LA FRANCE

LE chef de tribu poursuivit : « Pour la foi, nous la garderons et défendrons toute notre vie. Il n’y a pas longtemps que je l’ai reçue, mais je l’ai aussi forte que si j’avais été baptisé dès ma naissance. »

Tous prièrent à haute voix et chantèrent quelques cantiques. Ils demeuraient stupéfaits de ce que ces portraits semblaient les regarder. Ils se mettaient à différents endroits, surveillant soigneusement leurs yeux. Puis, se mettant à rire, certains s’écriaient :

« En vérité, ils nous suivent en quelques endroits que nous allions ! »

Les voyant dans l’admiration, le Père demanda au capitaine :

« À combien de castors estimerais-tu un si magnifique tableau ?

– Si je répondais, je dirais une mauvaise parole. Il n’y a point de prix, mais bien du respect pour des choses si grandes. Les castors ne sont rien ; cela est quelque chose. »

Ils ne se lassaient pas de le contempler. Le Dieu que les souverains adorent est grand ; et la prière est puissante, puisque même les rois de la terre en demandent le secours à leurs pauvres sujets qui habitent si loin.

Prions le Roi du Ciel de sauver nos pays de la décadence !

« Père Éternel, nous vous offrons la Face adorable de votre Fils bien-aimé pour l’honneur et la gloire de votre Saint Nom et pour le salut de la France. »

Colorier les fleurs de lys au sommet du château.

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Lundi 22 mars

GAGNER LE JUBILÉ

À l’occasion d’un jubilé, nos chrétiens participèrent à une procession bien pénitente, de la mission Saint-Joseph jusqu’à Québec : environ sept kilomètres.

Il faisait extrêmement froid en ce lendemain de Noël. Ils marchaient deux à deux, en bel ordre, avec les enfants. Après la croix et la bannière venaient les Pères. Ils entonnèrent des hymnes puis récitèrent le chapelet.

Arrivés à Québec, ils se rendirent à l’église des ursulines où ils prièrent et chantèrent quelques cantiques. Puis, le cortège se dirigea vers la paroisse pour louer le Saint-Sacrement exposé. Après un arrêt à l’hôpital, la dernière station du Jubilé s’accomplit dans leur église.

Ceux qui avaient connu le pays dans sa barbarie rendaient grâces à Dieu d’une telle dévotion et d’une si grande humilité. Tous avaient parcouru les quatorze kilomètres à pied, dans un froid piquant et à jeun, pour gagner la rémission de leurs offenses ! Vraiment, Dieu verse ses bénédictions où il lui plaît.

En cette année consacrée à saint Joseph, récitons ses litanies (page F 2) pour le Saint-Père, afin qu’il daigne obéir aux demandes de Notre-Dame de Fatima.

« Doux regard de Jésus tourné tristement vers saint Pierre après son reniement, je vous adore et je vous aime. »

Colorier la pluie d’étoiles.

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Mardi 23 mars

TEMPÊTE APAISÉE

BARNABÉ Otsinonannhont se trouvait au milieu d’un lac, en compagnie d’infidèles. Soudain, une tempête se leva. Les païens invoquèrent Iannaoa.

Ils croyaient que ce démon s’était autrefois jeté dans ce lac, et qu’il suscitait des orages lorsqu’il voulait se venger des hommes. Pour l’apaiser, il fallait lui rendre hommage. Aussi, jetèrent-ils du tabac dans l’eau, en signe de sacrifice.

« Mes camarades ! les interpella notre bon néophyte, nous périrons bientôt puisque vous appelez le malheur à votre aide. Pour moi, je préfère mourir plutôt qued’invoquer les démons pour qui je n’ai que de la haine.

– Malheureux, lui répliquèrent-ils, invoque donc ton Dieu ! S’il nous délivre de la mort, nous reconnaîtrons son pouvoir. »

La pirogue commençait à prendre l’eau. « Grand Dieu, qui êtes obéi des tempêtes, ayez pitié de nous ! » s’écria Barnabé.

Aussitôt, les vents tombèrent, les vagues s’aplanirent. Cependant, ces mécréants refusèrent d’attribuer ce miracle à Dieu, ne voulant pas se convertir :

« C’est le démon que nous avons invoqué qui a exaucé nos prières. Il a l’habitude de nous sauver que lorsque nous sommes vraiment désespérés. »

Soyons certains qu’adviendra bientôt le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. Hâtons-le par nos prières et nos sacrifices.

« Ô Cœur Immaculé de Marie, espoir et doux soutien de ceux qui vous sont dévoués, embrasez mon cœur du divin Amour dont vous brûlez ! »

Colorier une partie de la frise.

Mercredi 24 mars

UN BON PÈRE

PLUS tard, ayant perdu toutes leurs provisions, la faim commença à les tenailler. Les idolâtres lancèrent à Barnabé : « Que ton Dieu te fasse prendre un cerf puisque tu dis qu’il est aussi puissant dans les bois que sur l’eau.

– Que vos démons vous fassent tuer aujourd’hui quelque vache sauvage ! » rétorqua-t-il.

Chacun partit de son côté. Barnabé avait à peine fait quelques pas qu’il aperçut un jeune cerf. Il le perça de flèches, le dépeça, prépara le repas et attendit les autres.

Les chasseurs arrivèrent sur le soir, affamés. Croyant que Barnabé n’avait rien capturé, ils se moquèrent de lui :

« Cette fois, ton Dieu a été sourd à tes prières. Un autre jour, il t’entendra !

– Non, non, nous ne vivons qu’à ses dépens. » Et, leur montrant sa prise : « Votre impiété ne l’a pas empêché de nous faire du bien. Mais vous mériteriez de mourir de faim. Vraiment, il vous traite comme un bon père fait avec ses méchants enfants qu’il espère toucher et convertir. »

Nous aussi, nous sommes parfois bien ingrats envers le Bon Dieu et la Sainte Vierge, et nous nous décourageons.

« Doux Cœur de Jésus, j’ai confiance en Vous ! »

Colorier une partie de la frise.

Jeudi 25 mars – Annonciation

CONTRITION PARFAITE

AYANT donné rendez-vous à quelques-uns pour les confessions, une femme vint s’excuser, demandant plus de temps pour se préparer.

« Comment, s’étonna le Père, ne savais-tu pas que tu devais te confesser aujourd’hui ? Ne t’ai-je pas vue quasi tout l’après-midi à la chapelle ? Qu’as-tu fait pendant ce temps-là ?

– J’ai pensé, avoua l’humble sauvage, à mes péchés. J’y ai pensé hier toute la journée, je voudrais y penser jusqu’à demain. Et, après tout, peut-être que je ne ferai pas comme il faut. Je voudrais bien que mon cœur ne soit plus méchant du tout, je suis bien marrie d’avoir fâché Dieu. »

Ses plus gros péchés étaient d’avoir voulu se mettre en colère contre ceux qui sont moins portés à prier Dieu. Elle se confessa avec innocence et simplicité. Comme le Père lui donnait une pénitence trop légère à son goût, elle s’en plaignit et lui dit : « J’ajouterai d’autres prières. »

Elle demeura en effet plus d’une heure à l’église après sa confession.

Préparons notre confession pascale en suivant la recommandation de cette mère à sa fille :

« Écoute, ne cache rien, dis tout et sois bien marri d’avoir offensé Dieu. »

Colorier une partie de la frise.

Vendredi 26 mars

DÉLICATESSE DE CONSCIENCE

LA belle-mère de cette bonne chrétienne la surpasse en dévotion, en candeur et en piété. Le Saint-Esprit lui a donné une telle délicatesse d’âme, qu’elle fait son examen de conscience tous les huit jours.

La nuit qui précède le dimanche, lorsque tout le monde dort, elle se lève, se met à genoux, examine sa conscience.

Puis, cette pieuse femme demande pardon et accomplit une pénitence. Enfin, elle prie Dieu qu’il lui accorde la grâce de se souvenir de toutes ses offenses pour les accuser en confession à la première occasion.

La seule ombre du péché lui fait peur. C’est incroyable comme elle explique ses fautes :

« Je suis parfois une vraie chienne, je fais plusieurs actions sans diriger mon intention. Je vais chercher du bois sans penser que c’est pour Dieu. Je suis comme ces pourceaux qui grognent incessamment, car je me plains parfois d’un mal de tête qui me travaille et qui me fait souffrir assez souvent. »

Soyons humbles, sachons reconnaître nos torts.

« Dans le devoir difficile de la confession, pour que je le remplisse toujours assez tôt et assez bien, venez à mon secours, ma bonne Mère du Ciel ! »

Colorier une partie de la frise.

Samedi 27 mars

LA CROIX

PAR amour de Jésus Crucifié, les Pères désiraient être attachés avec Jésus à la croix, pour le salut des âmes. Cette croix tant aimée devenait réalité chaque jour davantage. Ils pressentaient qu’elle leur viendrait surtout du côté des Iroquois.

Le Père Jean de Brébeuf la vit apparaître dans le ciel. « Cette croix était assez grande pour y attacher tous les Pères. » Elle signifiait le martyre. Tous s’y préparèrent. Dès 1639, le Père de Brébeuf prononça ce vœu :

« Oui, mon Seigneur Jésus, je fais vœu de ne jamais manquer la grâce du martyre si, dans votre miséricorde, Vous l’offrez à votre indigne serviteur.

« Je vous offre donc dès aujourd’hui et de grand cœur, ô mon Seigneur Jésus, et mon sang et ma vie, afin que si vous m’en accordez la grâce, je meure pour vous qui avez daigné mourir pour moi.

« Faites que je vive de manière à accepter ce genre de mort. Ainsi, Seigneur Jésus, je prendrai votre calice et j’invoquerai votre nom : Jésus, Jésus, Jésus. »

En cet anniversaire de l’ordination de notre Père, offrons nos prières et sacrifices pour frère Bruno.

« Visage de Jésus levé vers le ciel pour l’Action de grâces sur le pain et le vin au soir de la Cène, je vous adore et je vous aime. »

Colorier la grande Croix.

Dimanche 28 mars – Dimanche des Rameaux

CAPTIFS DES IROQUOIS

LE péril iroquois était de plus en plus pressant. Les attaques se multipliaient. Les Hollandais ­protestants avaient armé les Iroquois de quatre cents arquebusespour qu’ils anéantissent l’œuvre française.

Le 2 août 1642, près de Trois-Rivières, les Iroquois capturèrent des Hurons. Le Père Jogues, qui les accompagnait, se cacha au milieu des roseaux. Mais, pour ne pas abandonner ses chrétiens ni le “ donné ” [auxiliaire des Pères] René Goupil, il se livra.

Le jeune et agile Guillaume Couture avait réussi à s’échapper. Pour ne pas laisser « son Père », il revint sur ses pas et se constitua prisonnier à son tour. Ils ne tardèrent pas à subir les supplices rituels : ongles arrachés, doigts broyés sous les dents des vainqueurs et bastonnade.

Eustache Ahatsistari, un vaillant chef de guerre huron, pardonna à ses bourreaux qui le brûlaient avec des raffinements de cruauté.

Le Père Jogues baptisa ou confessa tous les prisonniers. Quand on lui coupa un pouce, le jésuite le ramassa et l’offrit à Dieu en sacrifice. Les Iroquois le suspendirent par le haut des bras, avec des écorces.

« Or, à cause de la violente douleur, je gémis et je priai mes bourreaux de relâcher un peu mes liens. Mais, avec raison, Dieu faisait que, plus je les priais, plus ils les resserraient. Après un quart d’heure environ passé en cette posture, j’aurais bientôt rendu l’âme s’ils n’eussent défait mes liens. »

Notre futur martyr tira de sa faiblesse cette admirable méditation : « Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, de ce que j’ai appris par cette légère épreuve combien vous avez daigné souffrir pour moi sur la Croix, alors que le poids de tout votre corps très saint était suspendu non par des cordes, mais par vos mains et par vos pieds cruellement percés de clous. »

Lors de la cérémonie des Rameaux, acclamons Jésus en pensant à tout ce qu’il a souffert pour notre salut.

Colorier quelques Iroquois armés d’arquebuses.

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Lundi saint 29 mars

LE PREMIER MARTYR

NOTRE missionnaire ainsi que les deux “ donnés ” et quelques autres Hurons eurent la vie sauve. Ils connurent alors le long martyre de l’esclavage, « une vie plus cruelle que toute mort ». Cinq mois après les premiers supplices, leurs doigts n’étaient pas encore cicatrisés.

L’hiver fut terrible au Père Jogues, « surtout la nuit lorsque j’étais contraint de coucher nu sur la terre nue ou sur de dures écorces d’arbres ». Et il réconfortait ses pauvres compagnons de captivité. René Goupil supportait tous les mauvais traitements pour l’amour de Jésus. Le Père lui permit de prononcer ses vœux religieux. Quelques jours plus tard, un Iroquois le frappa mortellement pour le châtier d’avoir tracé le signe de la Croix sur un enfant. L’humble frère devint ainsi le premier martyr de l’Église canadienne.

À partir de ce jour, notre jésuite n’eut plus la possibilité d’exercer le moindre ministère. Après seize mois de captivité, il accepta de s’échapper et rentra en France. Mais il n’aspirait qu’à retrouver le champ d’apostolat canadien. En 1645, il reçut la permission de regagner “ le pays des croix ”.

« Sainte Face de Jésus voilée d’un bandeau, moquée, giflée, couverte de crachats immondes, je vous adore et je vous embrasse de tout mon cœur. »

Colorier les roseaux.

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Mardi saint 30 mars

« MONTRE-NOUS TES PLAIES »

LE Père Bressany arriva à l’automne. Prisonnier des Iroquois lors de son premier voyage, il n’avait pu apprendre la langue huronne.

Or, ses mains mutilées, ses doigts coupés devinrent la meilleure prédication.

« Il faut, dit un sauvage, que Dieu soit bien aimable et mérite vraiment lui seul d’être obéi, puisque la vue de mille morts et de supplices effroyables ne peut arrêter ceux qui viennent nous annoncer sa parole.

– S’il n’y avait pas un Paradis, reprit un autre, pourrait-il se trouver des hommes qui traversent les feux et les flammes des Iroquois pour nous retirer de l’enfer, et nous mener avec eux dans le Ciel ?

– Non, s’écria un autre, je ne suis pas capable d’être tenté sur les vérités de la foi. Je ne sais ni lire ni écrire, mais ces doigts que je vois tronçonnés sont la réponse à tous mes doutes. Celui-là est bien sûr de ce qu’il vient nous enseigner, car ayant essuyé de si horribles cruautés, il s’y est exposé pour la seconde fois aussi gaiement que s’il n’avait trouvé dans son premier voyage que des délices.

– Montre-nous seulement tes plaies, ajoutaient-ils. Elles nous parlent plus efficacement que tu ne pourras faire quand tu connaîtras bien notre langue. Nous comprendrons alors que nous devons servir et adorer celui qui te rendra et la vie que tu as exposée si généreusement pour lui, et les doigts qu’on t’a brûlés si cruellement, en venant ici pour son service. »

« Père Éternel, je vous offre les Plaies de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes. »

Colorier une partie de la frise.

Mercredi saint 31 mars

LA “ MISSION DES MARTYRS 

AU printemps 1646, apprenant que les Iroquois voulaient faire la paix, le gouverneur Montmagny décida de leur envoyer une ambassade française. Le Père Jogues en faisait partie. Il écrivit à son supérieur :

« Mon cœur au commencement a été comme saisi de crainte. La pauvre nature, qui se souvient du passé, a tremblé. Oui, mon Père, je veux tout ce que Notre-Seigneur veut, et je le veux au prix de mille vies ; car c’est beaucoup d’être au milieu d’une nation pervertie, seul et sans Messe. »

La délégation revint deux mois plus tard. Le Père avait baptisé des enfants mourants et confessé des chrétiens hurons, jetant ainsi les bases d’une future Chrétienté.

En septembre, le Père Jogues retourna avec le donné Jean de La Lande consolider ce qu’on appelait déjà la “ mission des martyrs ”. « J’irai et ne reviendrai pas, écrivit une dernière fois le saint missionnaire, mais je serais heureux si Notre-Seigneur voulait achever le sacrifice là où il l’a commencé. Ce peuple est pour moi  un époux de sang ”, je l’ai épousé par mon sang. À Dieu, mon cher Père, priez-le qu’il m’unisse inséparablement à lui. »

Le 18 octobre, trois semaines seulement après son arrivée en pays iroquois, il tombait, à Ossernenon, sous la hache d’un Indien. Jean de La Lande, lui, fut livré toute la nuit à la férocité de la jeunesse du village. Un coup de hache scella son martyre.

« Sainte Face de Jésus défigurée par les souffrances de la flagellation, je vous adore et je vous aime. »

Colorier quelques rayons autour de la Croix.

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Jeudi saint 1er avril

DIEU SERA NOTRE RÉCOMPENSE

L’ACCALMIE, due à l’hiver, ne dura pas. En mars 1649,  un millier d’Iroquois armés montèrent à l’assaut du village de Saint-Ignace et massacrèrent la plupart des habitants.

Ils se dirigèrent ensuite vers Saint-Louis où se trouvait le Père Jean de Brébeuf assisté du Père Gabriel Lalemant. Les quatre-vingts défenseurs ne purent résister aux assauts répétés de l’ennemi et furent submergés. Les survivants, dont les Pères, furent emmenés captifs à Saint-Ignace.

Dès le soir, les tortures commencèrent. Les Iroquois brûlèrent nos deux missionnaires avec des tisons et des haches rougies au feu. Après les avoir scalpés, ils les ondoyèrent d’eau bouillante en dérision du saint baptême. Le Père de Brébeuf exhortait ses chrétiens :

« Mes enfants, souvenons-nous que Dieu est le témoin de nos souffrances et en sera bientôt notre trop grande récompense. Soutenez avec courage le peu de tourments qui reste : ils finiront avec nos vies. La gloire qui les suit n’aura jamais de fin.

– Père, lui répondirent-ils, notre esprit sera dans le Ciel lorsque nos corps souffriront en terre. Prie Dieu qu’il nous fasse miséricorde, nous l’invoquerons jusqu’à la mort. »

« Sainte Face de Jésus, blessée et cruellement déchirée par la couronne d’épines, frappée du roseau et couverte encore de crachats, je vous embrasse de tout mon cœur. »

Colorier une partie de la frise.

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Vendredi saint 2 avril

L’ABANDON DE SAINTE-MARIE

L’OBJECTIF suivant des Iroquois était la mission Sainte-Marie, à une heure de marche de Saint-Louis. Elle abritait beaucoup de réfugiés venus de tous les villages ; en outre, les missionnaires étaient responsables de toute une maisonnée de donnés et de pensionnaires. Le Père Ragueneau, leur supérieur, raconte :

« Nous voyant à la veille de la fête du glorieux saint Joseph, patron de ce pays, nous nous sentîmes obligés d’avoir recours à un protecteur si puissant. »

Tous lui firent un vœu. Le lendemain, jour de sa fête, les Iroquois, pourtant vainqueurs, prirent la fuite, pris d’une panique subite et inexpliquée. Ce providentiel salut de la résidence Sainte-Marie n’empêcha cependant pas les Hurons, affolés, de fuir.

Le Père Ragueneau suivit son troupeau. La mort dans l’âme, il décida l’abandon de la mission Sainte-Marie. On en retira tout ce qui pouvait être emporté. Puis, les flammes auxquelles on la livra anéantirent en quelques instants le labeur de dix rudes années.

Le missionnaire regroupa sur l’île Saint-Joseph tous ceux qui n’avaient pas fui. Les jésuites et leurs auxiliaires y bâtirent un fort « qui ne craignait ni le feu, ni la sape, ni l’escalade des Iroquois ».

« Sainte Face de Jésus levée vers le ciel dans un grand cri et retombant sur votre poitrine en expirant, je vous adore et je vous aime. »

Colorier les autres Iroquois.

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Samedi saint 3 avril

ÉCHEC HUMAIN, VICTOIRE MYSTIQUE

LES Iroquois continuaient à rôder. Ils décidèrent d’attaquer la nation des Pétuns, ainsi que les Hurons qui s’y étaient réfugiés : un vrai carnage.

Le Père Charles Garnier encouragea ses chrétiens : « Nous sommes morts, mes frères ; priez, prenez la fuite. Portez votre foi avec vous, pendant le reste de vos vies, et que la mort vous trouve songeant à Dieu. »

Il resta pour baptiser quelques catéchumènes. Un Iroquois le blessa mortellement. Avant d’expirer, il eut la force de ramper vers un agonisant pour l’assister ! On était aux premières vêpres de l’Immaculée Conception, la grande dévotion de tous les jésuites, et particulièrement de saint Charles Garnier.

Ce même 8 décembre 1649, le Père Noël Chabanel tombait à son tour : un Pétun apostat l’abattit, alors qu’il se mettait en route pour rejoindre l’île Saint-Joseph.

À vues humaines, c’était l’échec. Mais aux yeux de la foi, de cette foi ardente qui animait la jeune colonie, les vœux les plus chers des saints missionnaires étaient réalisés : l’Alliance avec ces peuplades de la Nouvelle-France était scellée par leur martyre, l’Église au Canada pouvait vraiment naître et se développer.

Le Père Le Jeune n’avait-il pas écrit en 1637 :

« Le grand prêtre n’entrait dans le Saint des saints qu’après l’effusion du sang de quelque victime. J’ai bien de la peine à me persuader que ces peuples entrent dans l’Église sans sacrifice, sans que quelqu’un de ceux qui les instruiront soit mis à mort. »

Nos saints martyrs canadiens étaient tout à fait conscients et enthousiastes d’avoir reçu cette vocation.

« Sainte Face de Jésus tendrement essuyée et couverte de baisers par la Très Sainte Vierge à la descente de croix, je vous adore et je vous aime. »

Colorier une partie de la frise.

Dimanche 4 avril - Pâques

« RESTEZ FIDÈLES ! »

EN 1645, le Père Jérôme Lallemant concluait sa Relation par cet appel : « Le nombre des ouvriers est trop petit pour tant de peuples ; nous avons besoin de secours ; nous demandons de l’aide, et nous espérons que l’Ancienne France ne délaissera pas la Nouvelle.

« Il est vrai que les dangers sont redoutables, et que celui qui viendra à nous doit mourir à lui-même. Il se perdra dans ces terres perdues, mais découvrira que rien n’est plus aimable en ce monde que Dieu et le salut des âmes. »

Trois siècles plus tard, le Canada lançait de nouveau un vibrant appel vers la France, pour ne pas perdre la vraie foi. En effet, le 16 octobre 1966, l’abbé Saey, prêtre de Montréal, écrivait à l’abbé de Nantes : « Au secours, cher confrère... vos prières s. v. p., et cellesde vos plus fervents amis !!! »

Ce fut le début d’une longue amitié qui entraîna notre Père à visiter le Canada pour y exposer sa “ ligne de crête ” : « ni schisme ni hérésie ».

Afin de soutenir ses amis tentés par toutes sortes de fausses doctrines, il résolut d’y fonder une filiale de la maison Saint-Joseph. Deux frères inaugurèrent la vie monastique le 16 juin 1982, dans le but d’­édifier « une digue dans la tempête actuelle. Ceux qui le voudront y trouveront un abri ».

Comme les “ Robes noires ” étaient venues montrer « le chemin du Ciel » aux sauvages, notre Père envoyait ses frères pour soutenir la foi de nos amis canadiens et leur montrer « le chemin très sûr de notre CRC ». Le 19 août 1984, lors d’une cérémonie, il rappelait :

« S’il y a dix ans, nous sommes venus ici, c’est parce que nous étions attirés par ce qu’il y avait en vous du souvenir du passé, jusque dans votre langage ; dans vos traditions familiales, je retrouve notre passé, plus profond. Vous avez gardé notre dix-septième siècle, un des très grands siècles de notre histoire. Vous en êtes encore des créations et vous y êtes restés fidèles jusqu’à maintenant.

« Je suis venu il y a dix ans pour vous dire :  Restez fidèles à cela !  Si vous détruisiez tous les témoignages, toutes les institutions et traditions de ce passé, un jour vous le regretteriez. Vous avez une richesse, c’est votre trésor. Non seulement il faut le garder, mais c’est à vous à évangéliser l’ensemble de l’Amérique du Nord et du Sud, parce que vous possédez ce trésor. »

« Sainte Face de Jésus recouverte du Suaire et imprimant votre Image sacrée sur le lin, je vous adore et je vous aime. »

Colorier les rayons autour de la Croix.

Prière aux saints martyrs canadiens

Ô saints martyrs, qui nous avez donné l’exemple de tant d’héroïsme et de si belles vertus, obtenez-nous, s’il vous plaît, la grâce de persévérer dans la foi que vous êtes venus répandre dans le Nouveau Monde.

Demandez que nous restions fidèles à l’Esprit-Saint qui vous animait, afin que nous puissions répondre généreusement à notre vocation phalangiste en ces temps d’apostasie.

Veillez sur frère Bruno, sur nos communautés religieuses et sur nos familles. Priez pour que le peuple canadien-français se soumette à Jésus-Christ et à la Vierge Marie, retrouve l’amour de ses traditions catholiques et sa vocation missionnaire pour la Renaissance de l’Église dans le continent américain.

Ainsi soit-il.

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Litanies des saints martyrs canadiens

Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.
Père Céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils Rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, priez pour nous.
Saint Joseph, Patron du Canada, priez pour nous.
Saint Jean de Brébeuf, chef valeureux et apôtre par excellence du peuple huron, priez pour nous.
Saint Gabriel Lalemant, âme d’acier dans un corps fragile, priez pour nous.
Saint Antoine Daniel, prêtre et hostie à l’image de Jésus, priez pour nous.
Saint Charles Garnier, lys empourpré offert à l’Immaculée, priez pour nous.
Saint Noël Chabanel, souffrant dans le silence et succombant dans l’oubli, priez pour nous.
Saint Isaac Jogues, deux fois martyr de Jésus-Christ, priez pour nous.
Saint René Goupil, chaste et doux martyr du signe de la Croix, priez pour nous.
Saint Jean de La Lande, héroïque serviteur des serviteurs de Dieu, priez pour nous.

Vous tous, glorieux martyrs de Jésus-Christ, priez pour nous.
Apôtres au cœur de feu, priez pour nous.
Missionnaires infatigables, priez pour nous.
Exilés volontaires en terre païenne, priez pour nous.
Pionniers de la foi dans un monde nouveau, priez pour nous.
Ennemis du vice et de la superstition, priez pour nous.
Modèles de prière et de dévouement, priez pour nous.
Épris de détachement et de pureté, priez pour nous.
Amants passionnés de Jésus Crucifié, priez pour nous.
Torturés par la faim et la soif pour Jésus-Christ, priez pour nous.
Flagellés pour Jésus-Christ, priez pour nous.
Joyeux de mourir pour Jésus-Christ, priez pour nous.
Enfants chéris de la Reine des Martyrs, priez pour nous.
Fidèles serviteurs de saint Joseph, priez pour nous.
Dignes disciples de saint Ignace, priez pour nous.
Puissants protecteurs du Canada, priez pour nous.

Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.
Priez pour nous, Saints Martyrs canadiens.
Afin que nous soyons dignes des promesses des promesses de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

PRIONS

Vous avez voulu, Seigneur, que la parole et le sang de vos martyrs, Jean de Brébeuf, Isaac Jogues et leurs compagnons, scellent une alliance divine et sanctifient les débuts de l’Église en Amérique du Nord ; faites que se lève partout, à leur prière, une moisson de chrétiens fervents pour la renaissance de l’Église. Par Jésus-Christ Notre-Seigneur.

Ainsi soit-il.

Tous les récits de ce carnet sont extraits des Relations. Pour une meilleure compréhension des enfants, nous avons modernisé le “ vieux français ”.