Sacré-Cœur 2023 avec les saints militaires

Introduction

LORS de la session de Pentecôte 1989, notre Père,  l’abbé de Nantes, expliquait : « Désirer apprendre, c’est bien ! Désirer connaître les uns et les autres, c’est bien ; désirer tisser des amitiés, c’est bien, c’est très, très bien ; désirer grandir dans l’Amour de Dieu, c’est aussi bien ; mais tout cela doit nous mener finalement à servir ! Ayant beaucoup reçu, notre tour est venu de beaucoup donner aux autres.

« La Phalange est d’abord l’école du service de Dieu. Quand on a appris, il faut servir ensuite ! La Phalange est une armée pacifique au service du Christ. »

Durant ce mois du Sacré-Cœur, mettons-nous à l’école des saints militaires que notre Père nous a fait connaître et aimer. Ils ont pratiqué l’héroïsme des vertus, certains jusqu’au martyre, d’autres en se consacrant à Dieu dans la vie religieuse. Apprenons d’eux le don de soi, le service de la Patrie, le dévouement total.

Prions saint Georges, ce « soldat romain prompt à obéir, à servir, à combattre, à braver tous les périls et endurer toutes les peines, enfin à mourir martyr pour le Christ. Qu’il intercède pour nous, nous protège et participe à toutes nos luttes et peines pour la victoire du Christ-Roi par le Cœur Immaculé de Marie, Reine de la Sainte Église et de toute la Chrétienté. »

Jeudi 1er juin

SERVIR L’EMPEREUR DU CIEL !

L’EMPEREUR romain Licinius commanda à tous les  chrétiens, sous peine de mort, de renier Notre-Seigneur Jésus-Christ. À Sébaste, quarante soldats de la Légion refusèrent de sacrifier aux idoles.

Le gouverneur Agricola essaya de les gagner par la douceur. En vain.

Les vaillants militaires s’exclamèrent : « Si nous avons si vaillamment combattu pour l’empereur de la terre, que ferons-nous maintenant qu’il est question de servir l’Empereur du Ciel ? Nous nous comporterons en braves, nous ne quitterons jamais le bon parti, et nous gagnerons la victoire. »

Emprisonnés, ils prièrent Dieu toute la nuit :

« Comme nous avons autrefois reçu de vous, Seigneur, la grâce d’être délivrés des dangers et de triompher dans les combats livrés pour des causes passagères, ne nous refusez pas le secours dont nous avons besoin maintenant que nous entrons dans le champ de bataille pour votre gloire. »

Notre-Seigneur leur apparut et les exhorta à tenir bon :

« Vous avez commencé : tâchez de bien achever. Continuez jusqu’au bout, la couronne n’est donnée qu’à ceux qui persévèrent. »

Petits phalangistes de l’Immaculée, vivons en présence de Jésus et de Marie par la prière. Rappelons-nous la recommandation pressante de l’Ange de Fatima aux trois pastoureaux : « Priez, priez beaucoup ! Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. »

Cœur de Jésus, Roi et centre de tous les cœurs, ayez pitié de nous !

Colorier une couronne de la frise.

Vendredi 2 juin – premier vendredi du mois

COMBATTEZ VAILLAMMENT !

LE lendemain, le gouverneur les convoqua à son  tribunal puis devant Lysias, leur général. Ce dernier les condamna à avoir les dents cassées avec des pierres. Les bourreaux exécutèrent aussitôt la sentence. Or, par une permission de Dieu, les pierres blessèrent non pas les victimes, mais les bourreaux !

Lysias attribua ce miracle à la magie et au sortilège. Saisi de colère, il jeta une de ces pierres à la figure d’un soldat. Conduit par une autre main plus puissante, le projectile changea de trajectoire, frappa et blessa grièvement le gouverneur !

Notre-Seigneur fortifia ses généreux martyrs reconduits en prison :

« Celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Ayez confiance et ne craignez point les tourments qui durent peu. Combattez vaillamment pour être couronnés. »

En ce premier vendredi du mois, consolons le Divin Cœur de Jésus en récitant la prière de l’Ange :

« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas, qui ne vous aiment pas. »

Colorier une couronne de la frise.

Samedi 3 juin – premier samedi du mois

QUARANTE MARTYRS

AU matin, le gouverneur prononça sa sentence : les  soldats seraient exposés nus sur un étang glacé. Or, il ordonna de préparer, auprès de ce même lac, une cuve d’eau tiède. Celui qui voudrait ainsi se réchauffer facilement en aurait le moyen... à condition de renier son Maître !

Nos quarante militaires supplièrent le Ciel de leur accorder la fidélité jusqu’à la mort. Cependant, l’un d’eux, vaincu par la torture du froid, se glissa dans le bain tiède. Ce qui le fit mourir peu après, laissant les trente-neuf autres navrés, mais plus résolus que jamais de donner leur vie pour Jésus plutôt que de trahir.

Soudain, à la troisième heure de la nuit, une grande clarté fit fondre la glace et réchauffa l’eau. Des anges descendirent du Ciel avec trente-neuf couronnes qu’ils posèrent sur le front des trente-neuf confesseurs de Jésus-Christ.

L’un des gardes, témoin de cette apparition, remarqua qu’il n’y avait que trente-neuf couronnes au lieu de quarante. Comprenant tout, il se convertit sur-le-champ et prit la place du déserteur, affirmant qu’il était chrétien !

Accomplissons nos exercices du premier samedi du mois pour réparer les offenses commises contre le Cœur Immaculé de Marie. Demandons-lui la grâce de lui rester toujours fidèles, malgré les oppositions.

Doux Cœur de Marie, soyez mon salut !

Colorier une couronne de la frise.

Dimanche 4 juin – fête de la Sainte Trinité

« RECONNAIS-TU CE MANTEAU ? »

MARTIN servait dans la Garde impériale. Un soir  d’hiver, un malheureux se dressa devant lui, à demi nu, grelottant de froid. Ayant donné toute sa solde et ses vêtements chauds, Martin ne possédait plus rien que la moitié de son manteau. Il le coupa en deux avec son glaive. Il offrit au pauvre la moitié qui lui revenait, gardant celle appartenant à l’armée.

La nuit suivante, une éblouissante lumière envahit sa chambre. Notre-Seigneur, environné d’anges, lui souriait, portant sur sa tunique blanche un pan de manteau rouge :

« Reconnais-tu ce manteau, Martin ? »

Bouleversé, notre soldat ne répondit pas. Le Seigneur se tourna vers sa lumineuse escorte, et déclara : « Martin, encore catéchumène, m’a revêtu de ce manteau. »

Sans plus de délai, Martin reçut le baptême, à Amiens, dans la nuit de Pâques 354.

En cette fête de la Sainte Trinité, récitons la prière apprise par l’Ange aux trois petits enfants : Très Sainte Trinité...

Colorier saint Martin, coupant son manteau en deux.

Lundi 5 juin

SOLDAT DU CHRIST

NOTRE néophyte se montrait un brave et courageux  soldat. Son chef, Julien, voulut le récompenser. À l’appel de son nom, Martin s’avança et lui annonça :

« Garde tes dons, je suis soldat du Christ. Il ne m’est plus permis de combattre pour un empereur païen.

– Lâche !

– Tu sauras que je ne suis pas un lâche ! reprit-il résolument. J’irai demain en avant des lignes sans arme, sans bouclier et sans casque. Avec la seule protection du signe de la Croix, je pénétrerai le premier dans les rangs ennemis !

– Il en sera fait selon ton désir », répondit Julien.

Ce dernier ordonna alors de le garder à vue. C’était la veille d’une offensive ! Les troupes étaient recrues de fatigue. Tous, païens et chrétiens, attendaient avec impatience l’effet du signe de la Croix sur les ennemis.

Or, le lendemain matin, aux trompettes du réveil, un mot retentit :

« Pax !... Pax ! »

Les rois ennemis avaient signé un traité de paix ! Le Christ avait accordé la soumission du camp adverse sans effusion de sang.

Cependant, le détenu était passible de mort. Tout à la joie de sa victoire, Julien lui accorda la grâce. Notre intrépide soldat lui demanda :

« Je t’ai servi jusqu’à présent. Maintenant, permets-moi de servir Dieu.

– Je verrai. »

Il examina le dossier du lieutenant de la Garde. Les appréciations étaient excellentes, élogieuses même. Martin était exact au service. Un décret de Constantin, premier empereur chrétien, donnait la possibilité de quitter l’armée pour appartenir au clergé. Julien signa...

Le Cœur de Jésus veut que l’on vénère avec lui le Cœur Immaculé de Marie, que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée. Offrons notre chapelet pour que le pape François se soumette à ce désir du Ciel.

Ô Cœur Immaculé de Marie, embrasez le cœur du Saint-Père du Divin Amour dont vous brûlez !

Colorier le cheval de saint Martin.

Mardi 6 juin

L’APÔTRE DES GAULES

LIBÉRÉ, Martin se rendit à Poitiers pour y rencontrer  Hilaire, le saint évêque de cette ville. Ce dernier l’ordonna prêtre avec mission de prêcher les paysans gaulois.

Ceux-ci adoraient une divinité logée dans un pin gigantesque.

« Il n’y a rien de divin dans un tronc d’arbre, leur expliqua l’apôtre. Vous feriez mieux d’honorer le seul vrai Dieu, celui que je sers.

– Faisons un marché, répondirent-ils. Le pin sera coupé à condition que tu te mettes en dessous. S’il ne te fait aucun mal, alors nous saurons que ton Dieu est plus puissant que le dieu qui habite dans le pin ! »

Martin accepta. On lui entrava les jambes et les paysans scièrent l’arbre. Quand celui-ci s’écroula avec un craquement effroyable, le moine étendit la main, repoussa l’énorme masse en faisant le signe de la Croix. Ramené en arrière, l’arbre s’abattit du côté opposé !

L’effroi dissipé, l’homme de Dieu fut délié et supplié de baptiser le village sur-le-champ.

Ce grand convertisseur obtenait de Dieu, par le jeûne et la prière, le pouvoir de faire des miracles, ce qui était nécessaire à la conversion de la Gaule.

À la veille d’une conquête difficile, il restait « trois jours sans manger ni boire une goutte d’eau ».

« Ils sont durs, Seigneur, les combats qu’il faut livrer dans son corps pour ton service et je suis las des luttes... Mais si tu m’ordonnes de peiner encore pour monter la garde devant ton camp, je ne refuse pas. Je me dévouerai à la tâche que tu m’imposeras. Sous tes étendards, aussi longtemps que tu l’ordonneras, je te servirai. Mon bien, Seigneur, c’est ta Volonté. » (prière de saint Martin)

Colorier le pauvre recevant la moitié du manteau.

Mercredi 7 juin – apparition de saint Joseph à Cotignac

« JE SERAI TRAPPISTE ! »

GABRIEL Mossier naquit le 25 août 1835, d’une  famille très catholique. C’était un enfant musclé, débordant d’initiative. Au collège des Pères jésuites, il se lia d’amitié avec un bon garçon.

Un jour, nos deux jeunes élèves de sixième écrivirent en cachette ce qu’ils seraient plus tard. Mossier : « Je serai trappiste ! » et son ami Bosdure : « Je serai missionnaire ! »

Toutefois, à la sortie du lycée, Gabriel ne voulut pas entendre la petite voix qui lui parlait au cœur de vie religieuse. Il rejeta toute pensée de vocation. Tous ses désirs se tournaient vers l’armée, spécialement vers la cavalerie. Ce robuste garçon raffolait des chevaux et rêvait de combats et de gloire. Le 20 mars 1854, il s’engagea au 3e régiment de Dragons.

Répondons à l’appel de notre Mère du Ciel et tâchons de la consoler par notre dévotion réparatrice.

Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde.

Colorier Gabriel Mossier.

Jeudi 8 juin – Fête-Dieu

LA BATAILLE DE GRAVELOTTE

ARDENT, travailleur, Gabriel Mossier était un superbe  soldat ! Figure martiale, ses deux grands yeux noirs lançaient des flammes. Large d’épaules, poitrine bombée, démarche imposante et cadencée, son aspect était “ terrible comme une armée rangée en bataille ”.

La guerre éclata le 16 juillet 1870. Le 16 août, le 3e Dragons prit une magnifique part à la fameuse bataille de Gravelotte. Plus de cinq mille cavaliers s’affrontèrent à l’arme blanche.

Le lieutenant Mossier se démena comme un lion, donnant et recevant de rudes coups. Alors qu’il pourfendait un adversaire, un autre lui assena un coup de sabre sur la nuque, le blessant profondément. Étourdi, notre intrépide cavalier opéra cependant une prompte volte-face. D’un coup de revolver, il se débarrassa de son agresseur et en mit un autre hors de combat.

Une fois sorti de la mêlée, et après un rapide pansement, le courageux officier retourna à la bataille. Rien n’abattait l’indomptable énergie de son âme de fer.

Petits phalangistes de l’Immaculée, suivons ce conseil de Gabriel Mossier :

« Vive la joie ! La tristesse, l’ennui, le découragement, enfin tout cet attirail d’idées noires et chagrines vient de la fabrique du diable, ce misérable imposteur. À nous de nous montrer plus forts que lui ; c’est un lâche. Pour le faire fuir, il n’y a qu’à tendre les bras vers la Vierge Immaculée. Elle accourt au simple désir que nous avons de l’invoquer. »

Colorier la résolution de Mossier.

Vendredi 9 juin

L’APPEL DE MARIE

DÈS le lendemain arriva l’ordre de repli. Mossier  reçut la croix de la Légion d’honneur en récompense de sa brillante conduite. La joie qu’il en ressentit ne put adoucir sa douleur au spectacle de l’écroulement de sa Patrie.

Le 29 octobre 1870, c’était la capitulation et l’Armée partait en captivité en Prusse.

Rentré en France le 16 avril 1871, le lieutenant rejoignit son régiment à Tours. Le 23 avril, fête de saint Georges, patron des cavaliers, ses supérieurs le nommèrent capitaine au 16e Dragons.

Cependant, il sentait bien que sa Mère du Ciel lui reprochait sa lâcheté. Ses espoirs de revanche, de service de la France n’étaient que des prétextes pour rejeter l’appel intérieur à entrer à la Trappe !

Mossier, lâche ? L’officier bondit d’indignation... avant de se rendre à l’évidence : oui, lâche à tout sacrifier pour répondre à l’exhortation de la Vierge Marie. Il se jeta à genoux devant sa statue, et lui demanda la force d’accomplir son sacrifice. Se relevant, sa résolution était prise. Peu après, il donna sa démission de l’Armée.

« Vous êtes fou ! lui répondit son colonel. Pour quoi faire ?

– Être trappiste.

– Vous n’y resterez pas huit jours.

– Mon colonel, quand un Dragon décide quelque chose, il ne recule pas, il le fait. »

Le colonel comprit que toute discussion était inutile et lui souhaita que, après avoir été valeureux militaire, il devienne bon trappiste.

Apprenons de Gabriel Mossier à accomplir notre devoir d’état avec énergie et par amour de Jésus et de Marie. Lorsque je suis nonchalant dans toutes mes actions, je suis lâche devant l’effort. Si je suis paresseux maintenant, je ne ferai rien de bon plus tard !

Colorier une partie de la frise.

Samedi 10 juin

LE COMBAT SPIRITUEL

LE 17 juillet, le supérieur de l’abbaye de Chambarand  l’accueillit. Le soir, à l’hôtellerie, Gabriel Mossier confia au Père Théodore qui lui servait un dîner :

« Vous savez, Père, ce n’est guère une belle acquisition que vous faites avec moi ; c’est pas riche !

– Oh ! répondit l’hôtelier, ce n’est pas l’argent qui nous intéresse, ce sont les âmes ! »

Après sa Prise d’habit, sa mère lui écrivit une lettre pleine de foi et de tendresse qu’elle termina par ces mots :

« J’étais fière de toi sous ton bel uniforme de capitaine de Dragons, je t’aime davantage sous ton habit de religieux. »

Toute sa vie, le frère lutta contre son tempérament fougueux. Le démon s’acharnait contre lui pour le pousser à la colère.

Un jour, il vit un lapin manger ses salades. Il s’enflamma, le traita de gredin. Or, la Règle interdit de parler. Il s’accusa donc d’avoir manqué au silence. Informé de l’interlocuteur, son supérieur lui précisa que seules les conversations sont interdites et... lui demanda si le lapin a répondu !

Toujours prêt à lutter et à combattre, notre moine-soldat mit au point sa tactique spirituelle : pas question de se reposer. L’ancien militaire voulait rester en activité de service et mourir sur le champ de bataille.

« Il nous faut toujours saisir le taureau par les cornes. On gagne les batailles en attaquant l’ennemi de face, sans lui donner le temps de se reconnaître et de se retrancher dans ses positions.

« Si on a le malheur de tergiverser, d’y aller mollassement, aïe ! la bataille devient indécise, si elle n’est pas perdue sans retour. Le diable est un malin retors, plein de finesses et de ruses. S’il peut obtenir de nous quelques transactions dans les choses qui répugnent à notre pauvre nature, le monstre se met à ricaner ; c’est une demi-victoire qu’il enregistre sur ses tablettes. »

Lorsqu’il souffrait du froid, le frère Gabriel se frottait les mains en répétant son exclamation favorite :

« Aïe ! aïe ! quel temps ! quel rude temps ! Mais nous nous réchaufferons là-haut sur le Cœur de la bonne Mère ! »

Et il ajoutait : « Prendre Marie comme conseil et comme guide et, à son exemple, toujours sourire ! »

Colorier le lapin.

Dimanche 11 juin – solennité de la Fête-Dieu

LE SAINT DE L’ARMÉE

QUINZE jours après la mort de son père, Louis-Gaston de Sonis entrait à Saint-Cyr. Il y serait soldat, mais “ soldat du Christ ” ! Élève d’élite, le plus brillant sujet de sa promotion, son intelligence supérieure et son travail acharné attirèrent l’attention de ses supérieurs.

Il sortit de l’école de cavalerie de Saumur sous-lieutenant au 5e Hussards. Dans les diverses villes de garnison, il se montra le modèle des officiers chrétiens. À Limoges, tous le considéraient comme le “ saint de l’armée ”.

Le 15 juillet 1870, l’Allemagne déclara la guerre à la France. Sonis s’y attendait et le craignait car, expliquait-il, « la France n’est pas prête ni moralement ni matériellement ».

Nommé général de brigade, il eut la consolation d’apprendre que la vaillante petite troupe des Zouaves pontificaux, désormais appelée les “ Volontaires de l’Ouest ”, était affectée au corps d’armée qu’il commandait.

Le colonel de Charette, qui les dirigeait, lui proposa la bannière du Sacré-Cœur qui lui avait été remise providentiellement à Tours. Le général l’accepta avec enthousiasme et grande foi, puis la désigna comme l’étendard du régiment des Zouaves.

Petit phalangiste de l’Immaculée, la foi est ma lumière, mon énergie. Comme le général de Sonis, que mon cri soit : « Quand on a Dieu dans le cœur, on ne capitule jamais, jamais ! »

Colorier une partie de la frise.

Lundi 12 juin

VIVE LE SACRÉ-CŒUR !

LES combats commencèrent le 1er décembre. Le froid  était intense (moins quinze degrés) et le ravitaillement difficile. Les hommes étaient démoralisés. À 4 heures du matin, après avoir assisté à la Messe, le 17e corps se mit en route vers le nord.

Le général Chanzy dirigeait l’attaque. Or, il ignorait qu’un corps d’armée bavarois l’attendait à hauteur du village de Loigny. Dès les premiers assauts, ses troupes se débandèrent.

Appelé en renfort, Sonis le rejoignit, releva le courage de ses hommes, pensant ainsi donner le temps aux fuyards de se ressaisir et de reprendre leur poste. Il n’en fut rien. Le général Chanzy abandonna la bataille ! Sonis et son régiment n’avaient plus qu’à tenir coûte que coûte et se faire tuer sur place !

Avec ses canons, le général de Sonis commença par déjouer une manœuvre d’encerclement de l’ennemi. À 16 heures, il décida d’attaquer Loigny. Au même moment, le 51e bataillon commença à se disperser ! Sonis tenta de le ramener au combat. N’y parvenant pas, il appela les Zouaves :

« Déployez votre drapeau, et montrons ce que peuvent des hommes de cœur et des chrétiens.

– Vive la France ! Vive Pie IX ! Vive le Sacré-Cœur ! », répondirent-ils dans un cri unanime.

Ils placèrent la bannière en première ligne. Au spectacle de ces braves, le 51e bataillon se ressaisit soudain.

« Il n’y a rien de plus précieux pour la Patrie que d’avoir des soldats qui la défendent, qui veulent vaincre », disait notre Père. Offrons notre chapelet pour nos soldats en opération.

Ô Marie conçue sans péché, regardez la France, priez pour la France, sauvez la France !

Colorier l’invocation brodée sur la bannière.

Mardi 13 juin – apparition de Notre-Dame à Fatima

LE “ BOIS DES ZOUAVES 

À la tête des Zouaves, Sonis s’élança à la charge.  Obus et balles pleuvaient, tandis que les ennemis les encerclaient de toutes parts. Avec cette troupe d’élite, le général leur opposa une résistance acharnée. La bannière passait de main en main, relevée dès que son porteur était frappé à mort.

Les Français occupèrent les premières maisons de Loigny. Pour tenir cette position, il aurait fallu un renfort... Il ne vint jamais.

Les Allemands concentrèrent alors toutes leurs forces sur cette poignée de braves, les contraignant à battre en retraite. Dès lors, la bataille de Loigny était terminée.

Par leur sacrifice volontaire, le général et ses hommes avaient réussi à retarder l’avance prussienne de quelques heures, ce qui permit à l’Armée de la Loire de se ressaisir et de se replier en ordre.

L’honneur de l’Armée française avait été sauvé, mais à quel prix ! Sur les trois cents hommes partis au combat, deux cents étaient couchés sur le sol gelé, autour du bois qui portera désormais en leur honneur le nom de “ Bois des Zouaves ”.

À l’exemple du général de Sonis, que je mette « toujours le cap de mon navire sur le Bon Dieu. Quels que soient les vents qui soufflent, favorables ou contraires, je maintiens ma direction ; car, en définitive, c’est à ce port-là que je veux aborder. » Avec le bon secours du Cœur Immaculé de Marie, « notre refuge et le chemin qui nous conduit jusqu’à Dieu ».

Colorier une partie de la frise.

Mercredi 14 juin

PORTE DU CIEL

LE général de Sonis avait reçu à bout portant un  coup de canon qui lui avait broyé la cuisse. Ne tenant plus sur son cheval, ses officiers l’avaient déposé à terre et s’étaient retirés, sur ses ordres, pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi.

Étendu sur la terre glacée, au milieu des morts et des mourants, il avait assisté, impuissant, à la fin de la mêlée.

L’armée prussienne traversa victorieusement le champ de bataille. Les soldats désarmèrent les cadavres. Après le passage des troupes, le silence régna, interrompu par les cris des blessés.

Le général perdait son sang... La neige tombait à gros flocons. Les gémissements des mourants s’éteignaient peu à peu. Deux zouaves se glissèrent près de leur chef pour mourir sur son épaule.

« Je les entretins de la mort avec cette liberté que donne la foi en l’immortalité. Nous étions sur le seuil de ces espérances éternelles qui forment comme le prix de ce grand combat qu’on appelle la vie ; et sur ce seuil, l’Église a placé Marie, afin d’inspirer confiance à ceux qui doivent le franchir... »

Petit phalangiste de l’Immaculée, j’offrirai les sacrifices de ma journée pour que le Saint-Père établisse dans le monde la dévotion réparatrice. Par cette “ petite dévotion ”, les âmes recevront à l’heure de la mort toutes les grâces nécessaires pour leur salut éternel.

Chantons le cantique “ J’irai la voir un jour ” (E 72).

Colorier la bannière.

Jeudi 15 juin

NOTRE-DAME DE LOURDES !

SONIS perdit tout espoir de survie et se prépara  à la mort en priant. Il pensait à la détresse des siens quand, tout à coup, Notre-Dame de Lourdes lui apparut ! Elle ne le quitta pas de toute la nuit, le réconfortant dans ses souffrances.

« Avant la guerre, racontera-t-il, j’avais fait un pèlerinage à la Grotte miraculeuse, et j’en avais rapporté les plus vives et les plus salutaires impressions. Depuis ce moment, je ne voyais la Sainte Vierge que sous l’aspect de la statue de Lourdes. Je puis dire que cette douce image me fut constamment présente toute la nuit que j’ai passée sur ce sol sanglant, où j’ai attendu la mort durant de longues heures. Grâce à Notre-Dame, ces heures, pour être longues, n’ont pas été sans consolations : mes souffrances alors ont été si peu senties, que je n’en ai pas conservé le souvenir. »

Le lendemain, 3 décembre, un aumônier militaire découvrit enfin le blessé, à demi gelé sous une couche de neige.

« Monsieur l’abbé, vous arrivez à temps, je vais mourir.

– Oh ! non, mon général, espérons que votre blessure n’est pas mortelle.

– J’ai la jambe brisée. Je suis ici depuis hier soir, sans pouvoir faire un mouvement. Que la nuit a été froide ! J’ai offert mes souffrances pour le salut de notre pauvre pays ! »

Ô Immaculée Conception, qui êtes venue dans la Grotte de Lourdes pour sauver notre chère France, priez pour nous !

Colorier une partie de la frise.

Vendredi 16 juin – Fête du Sacré-Cœur

SERVIR LA FRANCE

SON calvaire ne faisait que commencer. On le  transporta sur un brancard, avec mille précautions. Chaque secousse lui causait un surcroît de douleur. On l’entendit s’écrier :

« Ô mon Maître ! mon bon Maître, vous avez souffert plus que moi ! »

Il avait le pied droit gelé et la jambe gauche fracturée en vingt-cinq morceaux ! Quand il arriva au presbytère de Loigny, les chirurgiens lui déclarèrent :

« Il n’y a pas d’autre moyen de vous sauver que de vous couper la cuisse.

– Docteurs, je vous appartiens, je m’en remets à Dieu et à vous. Seulement, tâchez de m’en laisser assez pour que je puisse encore monter à cheval et servir la France ! » répondit-il.

Après l’amputation des deux tiers de sa jambe gauche, « je souffris, avoua-t-il, pendant quarante-cinq jours jusqu’à en devenir fou. Je ne pus dormir une minute durant tout ce temps-là... »

« Il souffrait avec un si héroïque courage que tout le monde était dans l’admiration, témoigna sa courageuse épouse Anaïs. Monsieur le Curé lui apportait la sainte Communion, dans laquelle la pauvre victime puisait sa force. »

Le quarante-cinquième jour, ô merveille, la Sainte Vierge apparut dans le ciel de Pontmain, pour annoncer que le sacrifice des Zouaves était agréé. Ayant entendu les prières des enfants de France, son Divin Fils faisait grâce à notre malheureux pays.

Sur la robe constellée d’étoiles de la Reine du Ciel apparaissait la croix que les Zouaves portaient sur la poitrine, cousue à leur uniforme.

Obéissons à la demande de notre Mère du Ciel : « Mais priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon Fils se laisse toucher. »

Mère de l’Espérance, dont le nom est si doux, protégez notre France, priez pour nous !

Colorier le Sacré-Cœur sur la bannière.

Samedi 17 juin

RECONNAISSANCE AU MAROC

LE 20 juin 1883, à ses frais et sans l’aide du  gouvernement français, l’officier Charles de Foucauld partit pour le Maroc. Il avait démissionné de l’Armée, pour pouvoir accomplir ce voyage.

Son objectif était de renouveler les connaissances géographiques, politiques, économiques, ethnologiques que nous avions de cet empire, afin de le coloniser un jour.

Explorer le Maroc était à cette époque une entreprise très dangereuse. Aucun étranger ne pouvait pénétrer en ce pays sans risquer sa vie.

Un juif, Mardochée, servit de guide à Charles de Foucauld. Vêtu en Israélite, il partit de Tanger, traversa le Petit Atlas, parcourut le Sahara marocain, puis revint en Algérie.

En onze mois de courses incessantes, faisant abnégation absolue de son bien-être, il releva les cotes d’un itinéraire de trois mille kilomètres, détermina quarante-cinq longitudes et quarante latitudes.

Foucauld était le premier Européen à entrer dans les régions les plus fermées et les moins connues de ce pays. Il réussit à traverser ces contrées inhospitalières où sévissait le plus effrayant brigandage, et en revint sain et sauf !

Le Sacré-Cœur de Jésus a tout donné pour nous arracher à l’enfer. En retour, Il ne reçoit qu’ingratitude. Rendons-lui amour pour amour et réparons pour tant d’offenses. Répétons souvent dans la journée :

Cœur de Jésus, brisé de douleur à cause de nos péchés, ayez pitié de nous !

Colorier Charles de Foucauld sur son âne.

Dimanche 18 juin – solennité du Sacré-Cœur

TU ES UN CHRÉTIEN !

MALGRÉ toutes les précautions prises par Foucauld,  il fut reconnu sous son travestissement. Les juifs comprirent qu’il était un faux frère. À la casbah de Tadla, les allures de ce “ rabbin ” parurent très étranges au vieux chef du quartier. Ce dernier chargea l’un de ses neveux de le surveiller étroitement. Le prenant à part, celui-ci lui lança : « Tu es un chrétien ! »

Dans cette circonstance critique où il y allait de sa vie, Foucauld paya d’audace. Il avoua sa véritable identité, dévoila le but de son entreprise et les motifs de son accoutrement. Touché de cette franchise, le jeune marabout lui promit le secret. Non seulement il ne le livra pas, mais il lui donna de précieuses recommandations pour la suite de son voyage.

Cœur de Jésus, par le Cœur de Marie, régnez sur nous et conquérez l’univers !

Colorier les palmiers.

Lundi 19 juin

UN PLUS HAUT SERVICE

QUELQUES jours avant de parvenir à la frontière  française, Charles de Foucauld courut un plus grand danger. En effet, deux hommes ne s’étaient offerts à l’escorter que dans le but de le piller. Ce qu’ils firent, lui volant tout son argent. Heureusement, ils lui laissèrent l’essentiel : ses notes et ses instruments.

Il eut la vie sauve grâce au troisième compagnon, un honnête homme qui le défendit, prêt à donner sa vie pour lui, s’il le fallait.

Enfin, le 23 mai 1884, notre explorateur rentra en Algérie. Il possédait dans ses carnets tout ce que l’Armée devait savoir pour conquérir le Maroc.

Mais le Bon Dieu l’appelait à un “ plus haut service ” : celui d’être moine-missionnaire chez les Touareg. Sans tergiverser, il répondit à sa vocation particulière avec un héroïsme puisé dans l’amour du Sacré-Cœur de Jésus. Ce qui le mena à la sainteté du martyre.

« J’avais cru en entrant dans la vie religieuse que j’aurais surtout à conseiller la douceur et l’humilité. Avec le temps, je vois que ce qui manque le plus c’est la dignité et la fierté. »

Chantons le cantique “ Charles de Foucauld ” (G 38)

Colorier l’âne.

Mardi 20 juin

LES SOUTANES SOUS LA MITRAILLE

C’ÉTAIT sur le Front, pendant la Grande Guerre.  Ce jour-là, le médecin-major des ambulances avait réuni ses brancardiers pour leur demander un nouveau sacrifice :

– Il y a, près des tranchées ennemies, plus de vingt blessés qui gisent depuis hier soir. Les Allemands les surveillent et guettent les brancardiers. Ils nous attendent pour nous abattre.

Sur ces mots tragiques, il regarda fixement ses hommes. Pas un n’avait bronché. Puis il reprit :

– C’est une tâche que je ne veux pas commander. Notre devoir ne va pas jusque-là. Pourtant... s’il en est parmi vous ?

Ils étaient trente-huit, trente-huit bras se levèrent :

– Moi !

Le docteur les fixa quelques secondes, silencieusement. Une joie fière éclairait son visage. Il se rapprocha d’eux, puis doucement, presque tendrement :

– C’est bien... Je vous remercie tous... Il me faut vingt hommes.

Encore une fois, toutes les mains se levèrent. Les traits devenus sévères, pour masquer l’émotion qui le faisait trembler, le major commanda :

– Les vingt plus jeunes, sortez !

Le tri se fit, par classes de mobilisation, et lorsque le Père Duroy s’avança, le docteur l’écarta d’un geste.

– J’ai mon compte ; Duroy, rentrez dans le rang. Vous êtes tous solides ? interrogea-t-il. Tous vigoureux et bons pour la course ?

Ensemble, les têtes s’inclinèrent. Mais, du côté de ceux qui n’avaient pas été choisis, une protestation éclata :

– Non ! Monsieur le major, pas tous, s’écria Duroy. Il y en a un qui ne peut pas courir et qui ne tient pas debout.

– Lequel ?

– Celui-ci... Leroux !

Et, s’approchant de lui, le prêtre lui dit :

– Voyons, mon petit, tu sais bien que tu ne peux pas aller là-bas... Que tu as une jambe abîmée par le sale coup de l’autre jour... Par ta blessure.

Leroux essaya de blaguer. Puis, riant aux éclats, d’un rire plus brave que joyeux :

– C’est qu’il veut prendre ma place, Monsieur le major.

Mais le médecin, planté devant lui, s’exclama :

– Vous êtes blessé, tonnerre ! et vous ne l’aviez pas dit ! Depuis quand ?

– Depuis trois jours, Monsieur le major, répondit Duroy. Une balle de shrapnel au mollet gauche... Et il n’a pas voulu qu’on le panse... Faites-le marcher, vous verrez qu’il boite et je suis sûr qu’il souffre.

Le major le regarda silencieusement et tous les hommes firent cercle autour de ce soldat de vingt-sept ans, qui avait héroïquement caché sa blessure et voulait marcher quand même. Cachant son admiration sous une phrase banale, le docteur lui tendit la main et l’entraîna à l’écart :

– Tu en as assez fait, mon garçon, je t’ordonne d’aller te soigner à l’ambulance. Va ! il faut en laisser aux autres...

Le Père Duroy appuya sa main sur l’épaule du camarade :

– Tu ne m’en veux pas ?

Leroux se pencha vers celui qui venait de prendre sa place, et les deux hommes s’embrassèrent.

Cœur de Jésus, fournaise ardente de charité, ayez pitié de nous !

Colorier une partie de la frise.

Mercredi 21 juin

LE SANG DES PRÊTRES

QUELQUES minutes après, la troupe était en marche.  Les hurlements de la bataille faisaient trembler le sol. Autour d’eux, c’était une grêle de plomb et d’acier. Ils contournèrent le talus. Des acclamations jaillirent :

« Bravo ! Les brancardiers ! »

Duroy s’élança vers le blessé plus éloigné, en priant le chapelet. Tandis qu’il se penchait vers l’agonisant, lui-même s’affaissa sur le sol. Il se redressa pourtant et, de son bras droit levé, donna l’absolution à son camarade qui expira. Alors, ayant accompli sa tâche, lui-même s’effondra dans l’herbe sanglante... Ainsi fut blessé le Père Duroy, prêtre de France, frappé au champ d’honneur et cité à l’ordre du jour de l’Armée.

Un soldat écrivait du Front à sa famille : « Ici, les oraisons jaculatoires crépitent comme des balles. » De même, répétons souvent :

Cœur agonisant de Jésus, ayez pitié des mourants.

Colorier une couronne de la frise.

Jeudi 22 juin

APOSTOLAT ET RÉPARATION

LÉON Bourjade naquit le 25 mai 1889, d’une belle  et grande lignée où l’on avait toujours servi avec fidélité Dieu, la France et le Roi. La persécution des années 1901-1904 puis l’expulsion des religieux fortifièrent sa foi et son désir d’apostolat, de réparation.

Il s’en ouvrit à ses parents puis partit à vélo confier à Notre-Dame de Lourdes sa vocation et sa Patrie. Peu après, il quitta sa famille qu’il aimait tant et entra dans la congrégation des Pères du Sacré-Cœur.

Son maître des novices lui fit découvrir “ l’Histoire d’une âme ”. La petite Thérèse (qui n’était pas encore canonisée) lui ravit le cœur. Dès lors, il vécut perpétuellement avec cette “ Petite Reine ”.

Le 1er août 1914, l’ordre de mobilisation le conduisit dans les tranchées. « Avec ma relique de sœur Thérèse, je ne crains ni les obus ni les balles », affirmait-il. De fait, il jouit pendant toute la guerre d’une protection spéciale qui devint bientôt légendaire.

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, aide dans toutes les nécessités spirituelles et temporelles, priez pour nous !

Colorier Léon Bourjade dans son avion.

Vendredi 23 juin

SOLDAT EXEMPLAIRE

FRÈRE Léon commença dans l’artillerie. En février  1915, il accepta de passer en première ligne, dans les tranchées. On y demandait des volontaires et peu se présentaient. « Je dois donner l’exemple », écrivit-il.

Il y passa deux ans atroces, demeurant jour et nuit sous les bombardements des obus et des mines. Le 15 octobre 1915, il reçut sa première citation.

Sous la mitraille, le jeune moine demeurait aussi tranquille qu’au cloître, tâchant de mener le plus possible une vie religieuse. Il récitait chaque jour son chapelet et multipliait les oraisons jaillissantes.

Dans les moments d’accalmie, à l’arrière, frère Léon entraînait ses camarades aux offices religieux, répandait la dévotion au Sacré-Cœur et le recours à la protection de la petite carmélite.

Comme elle, il désirait mourir martyr : « Malgré la folie qu’il y a de ma part à rêver une pareille grâce que tant de saints n’ont pas obtenue, je vous demande, ô mon Dieu, de n’écouter que votre bonté ineffable, votre Cœur tout aimant et bon, si bon ! J’ai confiance en vous, faites-moi vôtre jusqu’à répandre pour vous tout mon sang. »

Cœur de Jésus, espérance de ceux qui meurent dans votre amour, ayez pitié de nous !

Colorier l’avion.

Samedi 24 juin

JETER DES FLEURS !

JAMAIS maussade, frère Léon s’appliquait à être  toujours joyeux et aimable. La pluie transformait les tranchées en marécages. Il écrivit ces lignes à sa sœur :

« Comme le besoin crée l’organe, je regarde chaque soir mes doigts de pieds pour vérifier s’ils ne sont pas encore palmés. »

Il tâchait de se mortifier en tout afin « d’offrir les fleurs des petits sacrifices », comme sa chère sainte. Le principal défaut contre lequel il lutta jusqu’à sa mort était son tempérament flegmatique. Avec sévérité, il s’accusait d’être paresseux.

Ses dévouements et ses actes de courage dans les tranchées, au milieu des obus et des “ marmites ”, lui valurent de passer sous-lieutenant.

Comme sainte Thérèse, aimons lancer au Cœur de Jésus les fleurs de nos petits sacrifices. Chantons le cantique “ Jeter des fleurs ” (p. 24 du supplément).

Colorier les fleurs dans la frise.

Dimanche 25 juin

« MA PREMIÈRE SAUCISSE »

PEU après, Bourjade demanda à servir dans l’aviation,  pour protéger plus efficacement nos troupes, en détruisant les terribles “ Drachen ”. Ces ballons d’observation indiquaient à l’ennemi les endroits à bombarder. Ils étaient la terreur des Poilus !

Le 11 février 1918, il détruisit sa première “ saucisse ”. Mieux qu’une victoire, pour lui, c’était une revanche !

« Cinq Nieuport patrouillaient de Munster à Thann. Un superbe ballon faisait le guet en bas, assez loin, à dix kilomètres environ. J’étais en queue du groupe et ruminais attentivement mon attaque.

« Sans trop me détacher des autres, je reste à la traîne, j’oblique insensiblement. Puis, d’un seul coup, je plonge, je pique, je tombe droit sur ma proie. C’est une rude minute. Je sens de violents chocs dans ma poitrine, je n’entends plus mon moteur, mais seul le sifflement de la chute.

« À droite et à gauche, j’observe à la hâte mes ailes : rien d’anormal. Le compte-tours ? Oh ! le régime de rupture. Vite, un coup sur la commande du moteur. L’altimètre descend, mais trop lentement à mon gré. Et la saucisse ? Elle est bien là, en dessous. J’approche. Elle grossit très vite. Attention !... Zut ! ma mitrailleuse n’est pas embrayée. Vlan ! Ça y est, d’un grand coup de poing : ta ca, ta ca, ta ca, ta... Sans rien viser, je tire. Maintenant, demi-tour et pleine sauce... »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, toute dévouée pour le prochain, priez pour nous !

Colorier la première “ saucisse ” de Bourjade.

Lundi 26 juin

LE CHASSEUR DE “ DRACHEN 

LE courageux aviateur poursuit : « Restons calme. Trop  de hâte pourrait tout perdre. De toute la force de mes sens, j’observe la machine. Le moteur ronfle à souhait. Sur les cadrans, tout va bien.

« L’altimètre me tranquillise. Je suis à sept cents mètres. Et elle ? Ratée ? Cependant, j’ai failli rentrer dedans ! Mais non. Elle y est ! Ah, quelle joie !... Un petit point rouge se montre, qui très vite grandit, et tout s’effondre en flammes...

« Je file. Mon regard fouille partout, au-dessus, devant, derrière, à droite, à gauche. Pas le moindre point noir. Les balles lumineuses des mitrailleuses allemandes arrondissent trop bas maintenant leurs trajectoires. Quelques obus craquent, mais le pointeur n’est sûrement pas un as. C’est égal, le retour est rudement plus long que l’aller !

« Cette fois cependant, tout se passait bien. Il n’en fut pas toujours de même. Pour le chasseur de Drachen, ce moment-là est le plus dur. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, guide des petites âmes, priez pour nous !

Colorier les fleurs dans la frise.

Mardi 27 juin

L’  “ AS-ABBÉ 

L’AUDACE de Bourjade enthousiasmait ses camarades.  On l’appelait “ l’As-abbé ”. Pendant soixante ans, on parlera dans l’aviation des “ atterrissages à la Bourjade ”.

Certains voulurent se mettre à son école. Ils durent y renoncer, tant suivre Bourjade exigeait de volonté et supposait de fatigues, de dangers, de courage et de peines. D’ailleurs, entre ses différentes sorties, frère Léon demeurait allongé sur son lit, exténué.

Il vit la gloire que sa conduite lui suscitait et s’empressa de les rapporter à sa bien-aimée sœur ­Thérèse. N’avait-il pas obtenu la permission de fixer son portrait sur l’extérieur de sa carlingue ?

« En me protégeant comme vous l’avez fait, vous m’avez attiré des décorations. Ce sont, hélas, de gros dangers d’amour-propre et de vanité. N’oubliez pas que c’est de votre faute si je suis décoré. Venez donc m’aider à lutter contre cet autre danger que je sens si près de moi, et contre lequel, sans vous, je suis faible, bien faible. »

Les citations se suivaient. À la fin de la guerre, Bourjade avait totalisé 250 heures de vol au-dessus des lignes allemandes et 15 citations, 32 “ Drachen ” descendus en flammes et 10 non homologués. Il est l’as de la guerre, celui qui a eu le maximum de victoires dans le minimum de temps.

Or, ce courage était vertu. Quand arriva la nouvelle de l’armistice, on l’entendit murmurer avec soulagement : « Alors, cette folie d’attaquer un ballon défendu par vingt mitrailleuses, je n’aurai plus à la faire ? »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, miniature de l’Immaculée, priez pour nous !

Colorier le portrait de sainte Thérèse sur la carlingue de l’avion.

Mercredi 28 juin

MORT AU MONDE

BOURJADE s’était couvert de gloire. Humainement  parlant, un magnifique avenir s’ouvrait devant lui. L’humble frère avait renouvelé ses vœux religieux pour trois ans, le 3 novembre 1912, selon les règles canoniques. Le 11 novembre 1918, ses vœux avaient expiré : il n’était plus tenu.

La griserie de la gloire, l’infidélité possible à ses engagements n’effleurèrent pas le jeune religieux. En février 1919, en pèlerinage à Lisieux, l’As mit ses décorations et sa gloire aux pieds de la sainte. Mort aux honneurs, mort au monde, Bourjade confia à sa mère :

« J’ai offert mes décorations en ex-voto et la mère supérieure, mère Agnès de Jésus, sœur de sœur Thérèse, est venue m’en remercier au parloir et m’a parlé un moment. »

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, prodige d’humilité, priez pour nous !

Colorier une couronne de la frise.

Jeudi 29 juin

SOUFFRIR BIEN

L’ABBÉ de Nantes, notre Père, expliquait : « Être  soldat et être moine missionnaire, cela va très bien ensemble, mais ce qui passe d’abord, c’est Dieu, c’est Jésus-Christ. Que le soldat devienne missionnaire, c’est un aboutissement normal. »

Ainsi du jeune officier Bourjade. Il regagna son monastère à Fribourg. Pour l’amour du Sacré-Cœur, il se prépara à l’ensevelissement total dans la brousse et les marais de la Papouasie encore cannibale.

On ne parlerait plus de lui. C’était ce qu’il voulait. Bourjade continua cependant le combat... contre lui-même, cette fois. Il se reprochait l’oisiveté, le bien-être, la négligence de ses jours de guerre et désirait suivre « la voie royale de la Croix ». C’est « qu’il n’y a pas d’autre choix à faire ici-bas que souffrir, et il est préférable de souffrir bien, très bien ».

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus l’avait bien compris : « Vivre d’amour, c’est gravir le Calvaire, c’est regarder la Croix comme un trésor. »

Colorier les fleurs dans la frise.

Vendredi 30 juin

LE CIEL DES ÂMES

APRÈS son ordination sacerdotale, le missionnaire  partit en Papouasie. Après bien des contretemps, Bourjade arriva à Yule-Island, le 20 novembre 1921, en compagnie de son évêque. Avant de partir, il avait écrit :

« Ô mon Jésus, si j’ai dit adieu au ciel de la terre dans lequel si souvent j’ai voyagé et combattu, dans quel autre ciel bien plus pur et bien plus vaste vous m’engagez maintenant à prendre mon vol. C’est le ciel des âmes...

« Vous me conduirez où vous voudrez, vers le soleil ou vers la tempête, à travers les nuages, la pluie ou la neige. Avec vous, j’irai au combat sans crainte, et si quelque balle ou quelque éclat d’obus vient à m’atteindre et à me traverser, je ne m’en étonnerai pas ; je suis la faiblesse même : un peu de toile [il se compare à un avion]. Mais sur la blessure, le mécanicien mettra une autre pièce de toile et cet endroit deviendra plus solide qu’avant.

« Oh ! Je volerai sans crainte, mon pilote est invulnérable, Lui ! »

Après trois ans de vie héroïque pour convertir ces peuples, le Père mourut d’épuisement et de fièvre à trente-cinq ans, le 22 octobre 1924.

Par tous vos désirs d’obtenir la gloire éternelle pour pouvoir faire du bien sur la terre, ayez pitié de nous, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus !

Colorier une couronne de la frise.