SAINTE MARGUERITE-MARIE

XI. Le grand dessein du Sacré-Cœur

PAR une volonté de Dieu, la dévotion au Cœur Sacré de Jésus a commencé à se répandre dans ce petit couvent de la Visitation de Paray, produisant des fruits de conversion et de sanctification.

Sainte Marguerite-MarieLe Sacré-Cœur avait en effet promis à notre sainte « qu’Il répandrait la suave onction de son ardente charité dans toutes les Communautés où serait honorée cette divine image ; qu’Il en détournerait les coups de la juste colère de Dieu, en les remettant en sa grâce lorsque par le péché, elles en seraient déchues. »

Cette restauration du bon ordre et du bon esprit que sainte Marguerite-Marie a mérité à sa propre Communauté, est promise à tous les monastères qui honoreront le Sacré-Cœur.

Mais de magnifiques promesses s’adressent aussi aux pécheurs, leur donnant « l’esprit de contrition, de pénitence » ; aux fidèles “ qui tendent à la perfection ” et qui trouveront dans cette dévotion « de quoi vaincre les obstacles » ; aux parfaits amis du Sacré-Cœur : « la Sainte Vierge sera la spéciale protectrice de ceux-ci, pour les faire arriver à la vie parfaite. De plus, ce divin Cœur se rendra l’asile et le port assuré à l’heure de la mort de tous ceux qui l’auront honoré pendant leur vie, et les défendra et protégera »

Et Notre-seigneur met le comble à sa bonté en promettant à sa confidente, « dans l’excessive miséricorde de mon cœur, que mon amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis du mois, de suite, la grâce de la pénitence finale, ne mourant point en ma disgrâce et sans recevoir les sacrements, mon divin Cœur se rendant leur asile assuré au dernier moment.  »

« Ce divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes » qu’Il veut leur donner « les grâces sanctifiantes et salutaires nécessaires pour les retirer de l’abîme de perdition ». Grâce à cette très grande promesse, les âmes les plus faibles et même les pécheurs les plus endurcis, mais ayant accomplis les neuf premiers vendredis du mois, peuvent encore avoir un petit point d’espérance en pensant que, à la fin de leur vie, le Bon Dieu dans son excessive miséricorde, leur donnera des grâces de conversion pour les sauver du feu de l’enfer, malgré leur vie de péché.

Pour répandre cette dévotion, il faut de bons instruments : en 1675-1676, Notre-Seigneur avait laissé entrevoir ses desseins à notre sainte, lui faisant entendre que son union d’âme avec le Père La Colombière « était toute pour la gloire de son sacré Cœur, dont Il voulait que je lui découvrisse les trésors [au Père La Colombière], afin qu’il en fit connaître et en publiât le prix et l’utilité. »

C’est déjà une annonce de la mission confiée à l’Ordre de la Visitation et à la Compagnie de Jésus, lors de cette vision du 2 juillet 1688, où notre sainte en prière devant le Saint-Sacrement vit le Cœur de Jésus ainsi que la Sainte Vierge, saint François de Sales, le Père La Colombière et les sœurs de la Visitation :

« Alors, montrant le divin Cœur : “ Voilà, dit Notre-Dame aux visitandines, ce précieux trésor qui vous est particulièrement manifesté, par le tendre amour que mon Fils a pour votre institut qu’il regarde et aime comme son cher Benjamin. [La Visitation était alors l’Ordre le plus récent qui ait été créé] (…) Il faut que non seulement elles s’enrichissent de ce trésor, mais encore, qu’elles distribuent cette précieuse monnaie…  »

Se tournant vers le Père la Colombière, Elle ajoute : « … s’il est donné aux Filles de la Visitation de le connaître et distribuer aux autres, il est réservé aux Pères de votre Compagnie d’en faire voir l’utilité et la valeur », promettant que les Pères fidèles à cette mission « produiront des fruits au-delà de leurs travaux et de leurs espérances, et même pour le salut et la perfection de chacun d’eux en particulier ».

Dans une lettre à Mère de Saumaise, notre sainte écrit, enthousiaste : « Il règnera cet aimable Cœur, malgré Satan. Ce mot me transporte et fait toute ma consolation ! »

Louis XIV
Louis XIV

L’Église n’est cependant pas la seule institution qui doit être le ressort de la dévotion universelle au Sacré-Cœur. Le Christ veut en effet instaurer Son Royaume sur terre par l’entremise de Son “ lieutenant ”, le Roi de France : « Fais savoir au fils aîné de mon sacré Cœur que, comme sa naissance temporelle a été obtenue par la dévotion aux mérites de ma sainte Enfance, de même il obtiendra sa naissance de grâce et de gloire éternelle par la consécration qu’il fera de lui-même à mon Cœur adorable qui veut triompher du sien, et par son entremise de celui des grands de la terre. »

Le Sacré-Cœur « veut régner dans son palais, être peint dans ses étendards et gravé dans ses armes pour les rendre victorieuses de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses et superbes, pour le rendre triomphant de tous les ennemis de la Sainte Église. »

Il veut « être honoré autant qu’il y a été outragé, méprisé et humilié en sa Passion, et qu’il reçoive autant de plaisir de voir les grands de la terre abaissés et humiliés devant lui, comme il a senti d’amertume de se voir anéanti à leurs pieds. »

Et pour cela, Louis XIV doit « faire autoriser la messe en son honneur par le Saint-Siège apostolique… »

Jésus-Christ sollicite le cœur de ce grand roi de se livrer à Lui sans partage et Il entoure cette offre de promesses non seulement merveilleuses, mais utiles, indispensables à ce roi qui est mal pris à cette époque, tant à la fois avec le Pape qu’avec son opposition intérieure, avec les hérésies qui ravagent le royaume, et cette coalition de ses ennemis dans toute l’Europe.

Or, nous savons maintenant avec certitude, grâce aux révélations de Notre-Seigneur à sœur Lucie de Fatima, que Louis XIV a été averti de ce dessein grandiose de Dieu, mais qu’il refusa sur les conseils de son confesseur, le Père de la Chaise (Jésuite !), de s’humilier devant le Sacré-Cœur. Notre-Seigneur se plaignit à cette sainte religieuse, en 1931 et lui communiqua ce terrible avertissement qui visait surtout le Pape régnant et ceux qui, dans la suite, feront obstacle aux demandes du Cœur Immaculé de Marie : « Ils n’ont pas voulu écouter ma demande !... comme le roi de France, ils s’en repentiront, et ils le feront, mais ce sera tard » ; « Fais savoir à mes ministres, étant donné qu’ils suivent l’exemple du roi de France en retardant l’exécution de ma demande, qu’ils le suivront dans le malheur. Jamais il ne sera trop tard pour recourir à Jésus et à Marie »

Le grand dessein de Dieu qui est d’établir dans le monde la dévotion au Cœur de Son divin Fils et au Cœur Immaculé de Marie a été comme authentifié par la vie héroïque de ces deux humbles messagères, sainte Marguerite-Marie et sœur Marie-Lucie de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie, constamment mises à l’épreuve, humiliées, écrasées. Pour obtenir le salut, il revient aux visitandines et aux jésuites, au roi de France et au Pape de mettre leur dévotion, leur science, leur puissance et leur autorité au service de ces divins Cœurs.