SAINTE MARGUERITE-MARIE
Intermède - Psychodrames
LA Visitation Sainte-Marie à Paray est semblable à un théâtre où est donnée une représentation tragique : Le premier rôle, c’est notre sœur Marguerite-Marie ; et l’Auteur de la pièce, le metteur en scène, le personnage vraiment central, c’est le divin Cœur de Jésus. Il est le Maître et Il désire que son épouse soit pressée de « L’aimer d’un amour de conformité à sa vie souffrante ». Comme sur le Saint-Suaire, Jésus veut imprimer sur cette “ toile d’attente ” les traits douloureux de Sa Passion.
Les humiliations
Mère Greyfié dira plus tard que « pour satisfaire à cette sainte fille qui n’aspirait qu’au mépris et à la souffrance », elle ne lui épargnait pas « les corrections, prenant de tout occasion de l’humilier ». Et Jésus se plait à multiplier “ les psychodrames ”…
Un jour qu’elle était malade, notre sœur Alacoque confia à l’infirmière « qu’elle souhaiterait bien rester à jeun afin de pouvoir communier. » L’infirmière la leva donc plus tôt que prévu et « sortit par une porte pour aller prévenir la Mère Greyfié, tandis que celle-ci entrait par une autre. Trouvant la sœur levée et apprenant qu’elle était à jeun dans l’intention de communier [alors que Mère Greyfié n’avait pas été mise au courant, et pour cause !]. “ Sans m’informer de plus de raison, je lui fis une verte correction, lui exagérant les défauts de sa conduite ” ».
La supérieure ordonna à sa fille de quitter l’infirmerie malgré son état de santé et de suivre tous les exercices de communauté cinq mois de suite. Sainte Marguerite-Marie reçut cette correction « à genoux, les mains jointes, avec un visage doux et tranquille (…). Notre-Seigneur voulut qu’elle obéit en tout et lui promit la santé pour cela, qu’elle eut bonne dès ce jour-là. »
Et passés les cinq mois, Jésus « lui renouvela en titre de grâces tous ses maux passés ». « Elle devait plus d’une fois encore être favorisée de guérisons soudaines et absolument en dehors du cours de la nature », toujours sur ordre de sa supérieure.
Pendant ces six années de supériorat, Mère Greyfié pourra témoigner que la mystique n’ayant aucune volonté propre s’est toujours soumise à ses ordres et contre-ordres, Notre-Seigneur prenant systématiquement le parti de l’autorité contre celui de sa privilégiée…
La couronne d’épines
Sainte Marguerite-Marie a un jour la vision de Notre-Seigneur « tenant une couronne d’épines qu’il me mit sur la tête, un peu après que je l’eus reçu en me disant : “ Reçois, ma fille, cette couronne, en signe de celle que je te donnerai bientôt par conformité avec moi. ” »
Peu après, notre sainte est victime de plusieurs accidents dont le récit tire des larmes… La douleur est si atroce qu’il lui semble depuis « avoir tout le tour de la tête entouré de très poignantes épines de douleur ». Cette “ couronne précieuse ” « me met souvent dans l’heureuse nécessité de veiller et m’entretenir avec cet unique objet de mon amour, ne pouvant appuyer ma tête sur le chevet : à l’imitation de mon bon Maître qui ne pouvait appuyer la sienne adorable sur le lit de la Croix »
« J’ai soif ! »
« Son Époux divin l’assura qu’il aurait comme très agréable qu’elle passa cinquante jours sans boire, pour rendre hommage à la soif que son Cœur sacré a du salut des pécheurs. » Tant que Mère Greyfié lui en accorda la permission, notre sainte « habituellement travaillée d’une soif dévorante », pris l’habitude d’offrir ce genre de pénitence au Cœur de Jésus…jusqu’à ce que Mère Greyfié « lui donnât l’obéissance de boire trois ou quatre fois entre les repas tous les jours ». Alors, « pour obéir et souffrir tout ensemble, sœur Marguerite-Marie s’avisa de boire de l’eau où on lavait la vaisselle », afin de plaire, par ce sacrifice, à son Époux et d’aider au salut des âmes. La supérieure avertie, gratifia « l’innocente coupable d’une énergique réprimande » !
La douleur au côté
Mais Jésus est le Maître et Il montre bien à Mère Greyfié que c’est Lui qui gouverne les événements…
« Il est question de la mystérieuse douleur de côté que la sainte portait continuellement et que Notre-Seigneur lui avait prédit ne pouvoir être soulagée que par la saignée. » Mère Greyfié avoue : « Une fois, je m’obstinais à ne pas vouloir qu’elle fut saignée. » La servante de Dieu se soumet. « Le mal l’ayant réduite dans l’état de ne pouvoir presque plus respirer ni parler », la supérieure est obligée de céder et d’accorder à notre sainte ce remède qui lui apporte pourtant « plus d’humiliation et de souffrance que de soulagement », selon la prédiction de Jésus, désirant que cette saignée soit une manière pour elle de revivre sa Passion, mêlant son sang au Sang Précieux de son Époux sur la Croix.
À l’Ascension 1684, Mère Greyfié a achevé son temps de supériorat à la Visitation de Paray et se rend à celle de Semur-en-Auxois dont elle aura la charge. Convaincue de l’authenticité des Apparitions et de la sainteté de la voyante, elle pourra répandre et développer autant qu’il lui sera possible la dévotion au Sacré-Cœur