Mardi 8 décembre

Auprès des blessés

LA mobilisation du 1er août 1914 rappela Édouard sous les drapeaux. Attaché aux fourgons d’ambulances, il dut, avec quel regret ! quitter sa soutane, mais sous l’uniforme militaire il garda sa ceinture cléricale comme signe de fidélité inconditionnelle à sa vocation.

Le 4 août, les Allemands franchissent la frontière belge, alors que sa division arrive à Namur. Les premiers jours sont calmes et Édouard écrit quelques cartes à sa famille où il dit son enthousiasme pour la combativité de l’armée belge. Le 18 août, l’artillerie allemande se déchaîne. Les blessés affluent ; Édouard se dévoue de toutes ses forces, et même au-delà, soignant les uns, réconfortant les autres.

Journées d’enfer. Le 23, c’est la retraite... Édouard, épuisé, est assis à côté du cocher de la voiture d’ambulance. Il cède pourtant sa place à un blessé. Responsable du véhicule, il marche derrière en le tenant par une corde. Quand les chevaux, effrayés par des tirs ennemis, prennent le galop, il est dans l’impossibilité de suivre la troupe. Il continue péniblement à avancer, soutenu par un ami.

Le lendemain, il s’évanouit lors d’une halte. Il est transporté dans un lazaret de fortune où des religieuses prennent soin de lui. Elles comprennent qu’il est séminariste, en découvrant sa ceinture noire. Elles font venir le curé qui lui apporte le Pain des forts et le recueille chez lui, afin qu’il ne soit pas fait prisonnier par les envahisseurs.

Remis sur pied, Édouard tente plusieurs fois de rejoindre son armée. Sans succès. Début décembre, quand il apprend que les Allemands n’exigent plus de laissez-passer, il part sur-le-champ. Il était grand temps car, quelques jours plus tard, l’administration communale de Bourlers recevait l’ordre de signaler tous les étrangers résidant dans le village.

La veille de la fête de l’Immaculée Conception, ­madame Poppe, qui ignorait tout du sort de son fils, pouvait le serrer dans ses bras, bien vivant.

« Nous devons acquérir une mentalité chrétienne de combat, un esprit généreux et viril. Et pour cela regarder en face les difficultés et les charges de la vie, et non pas, peureusement, leur tourner le dos et supplier d’en être préservés. Car le Ciel est aux courageux qui ne disent jamais : “ j’essayerai ”, mais toujours : “ je ferai ”. »

Colorier le mot “ Miséricorde ”.