Mercredi 9 décembre
« Édouard, M’aimes-tu ? »
LA situation du jeune clerc était irrégulière : soldat non réformé de l’armée active, il était contraint de rester en zone occupée. Que faire ? Le directeur du séminaire de Gand lui déclara que sa place était au front. Édouard se rendit donc à la frontière hollandaise pour tenter de la traverser clandestinement, afin de rejoindre les troupes belges. Déguisé en ouvrier, un bidon de pétrole à la main, il allait enjamber un barbelé quand les Allemands l’aperçurent, le conduisirent au poste et le condamnèrent à une amende. Il mit sur pied un deuxième plan d’évasion, mais l’évêque, consulté, estima l’essai suffisant et l’assura que, désormais, son devoir patriotique était de se préparer à son ordination sacerdotale.
Au séminaire, le corridor des cellules aboutissait à un crucifix monumental devant lequel les séminaristes venaient prier. Édouard était chargé d’y entretenir les cierges. Un soir, en priant avec un confrère, il contempla longtemps son Maître crucifié. De la flamme vacillante d’une bougie, il éclaira les plaies de Jésus et s’exclama : « Regardez, Joseph, quelles plaies profondes ! C’est pour nous que ce Corps n’est plus qu’une plaie ; c’est pour nous qu’Il est mort dans le plus total abandon. C’est ce qui nous attend nous aussi. Mais n’ayons pas peur, c’est pour lui, Jésus. »
Alors, il devine les plaintes du Sauveur, soucieux du sort des pauvres, des malades, des soldats au front, des âmes perdues et, surtout, du salut des enfants : « J’ai froid... J’ai faim... J’ai soif... Et toi, Édouard, M’aimes-tu ?
– Oui, Seigneur, Vous savez que je Vous aime.
– Eh bien ! suis-moi héroïquement, c’est le moment.
– Et vous, ô Jésus, m’aimez-Vous ?
– Édouard, tu sais que Je t’aime.
– Jésus, mon frère, donnez-moi la force pour aimer et réparer héroïquement, c’est le moment, Seigneur. »
Contentons-nous d’accomplir aujourd’hui en perfection nos petits devoirs d’état.
Colorier le Calvaire.