8 AOÛT 2021

La communion remédie à notre tristesse

« Je suis le Pain vivant descendu du Ciel. Celui qui mangera de ce Pain vivra éternellement. » (Jean 6, 51)

Dans un sermon sur la « divine Eucharistie », saint Pierre-Julien Eymard nous incite à communier pour remédier à notre tristesse et pour trouver en Jésus-Hostie un avant-goût du bonheur éternel du Ciel :

« Nous sommes travaillés par une grande tristesse, qui demeure attachée au fond de notre cœur sans que nous puissions la chasser. Il n’y a pas de joie pour nous sur la terre, de joie qui dure un peu et qui ne finisse pas par les larmes : il n’y en a pas et il ne peut y en avoir. Nous sommes chassés de chez nous, et de la maison de notre Père. Cette tristesse fait partie intégrante du patrimoine laissé par Adam pécheur à sa postérité malheureuse.

« Nous sentons surtout cette tristesse quand nous sommes seuls avec nous-mêmes. Elle est quelquefois effrayante, cette tristesse ! Elle est en nous ; on ne sait d’où elle vient. Les gens sans foi se découragent, se désespèrent et préfèrent la mort à une pareille vie. C’est un crime horrible et le gage de la réprobation.

« Pour nous, chrétiens, quel remède trouverons-nous à cette tristesse native ?

« Le remède absolu, c’est la Communion ; c’est un remède toujours nouveau, toujours énergique, devant lequel la tristesse ne résiste pas. Notre-Seigneur s’est mis dans l’Eucharistie et vient en nous pour combattre directement notre tristesse. Et je pose en principe que pas une âme ne communie avec un vrai désir, une vraie faim de Jésus, et demeure triste dans sa Communion.

Après, la tristesse pourra revenir, parce qu’elle est de notre condition d’exilés : elle reviendra même d’autant plus vite que nous nous replierons plus tôt sur nous-mêmes et ne demeurerons pas assez dans la pensée de la bonté de Notre-Seigneur : mais au moment où Jésus entre en nous, jamais ! C’est un festin que la Communion ; Jésus y fait ses noces avec l’âme fidèle : et vous voudriez qu’on y pleure ? J’en appelle à votre expérience personnelle : toutes les fois qu’avant la Communion, et malgré une bonne confession, vous étiez triste, n’avez-vous pas senti la joie renaître quand Notre-Seigneur descendait dans votre cœur ?

« Zachée le publicain ne fut-il pas comblé de joie de la réception de Jésus, bien qu’il eût grand sujet d’être triste de ses déprédations qu’on lui reprochait publiquement ?

« Les deux disciples d’Emmaüs, si tristes le long du chemin, même dans la compagnie de Notre-Seigneur qui leur parlait et les instruisait, sont pénétrés de bonheur après la Fraction du pain : la joie déborde de leur cœur, et malgré la nuit, la longueur du chemin et la fatigue, ils courent à Jérusalem annoncer leur joie et la faire partager aux Apôtres.

« Représentez-vous maintenant un pécheur qui a commis tous les crimes [ou un Charles de Foucauld avant sa conversion, par exemple]. Il se confesse, on ferme ses blessures. Il entre en convalescence ; il est toujours triste : sa conversion le rend plus sensible, et il pleure maintenant ce qu’auparavant il ne sentait même pas, à savoir la peine qu’il a faite à Dieu ; et plus sa conversion est sincère et éclairée, plus son chagrin est profond. « J’ai tant offensé Dieu, qui est si bon ! » se dit-il. Si vous le laissez en lui-même, la tristesse l’accablera, et le démon le jettera dans le découragement. Faites-le communier ; qu’il sente en lui la bonté de Dieu : la joie et la paix s’épanouissent dans son âme. « Quoi ! dit-il, j’ai reçu le Pain des Anges ! Je suis donc devenu l’ami de Dieu ? » Ses péchés passés ne l’attristent plus à ce moment : Notre-Seigneur lui dit, de sa propre bouche, qu’il est pardonné ; comment ne pas le croire ?

« Oh ! La joie apportée par la Communion est la plus belle démonstration de la présence de Dieu dans l’Eucharistie. Notre-Seigneur se démontre en se faisant sentir. “ Celui qui m’aime, je viendrai en lui et je me manifesterai à lui. ” Notre-Seigneur se manifeste par la joie qui l’accompagne toujours. »

« Goûtons sans crainte la bonté de Dieu ; recevons avidement la joie qui nous est offerte, prêts à donner généreusement à Notre-Seigneur tout ce qu’il lui plaira de nous demander en retour. »

La divine Eucharistie, extraits des écrits de saint Pierre-Julien Eymard, deuxième série : La Sainte Communion, p. 158-165.

Frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de l’Heure sainte du 18 mars 2004