12 FÉVRIER 2023
La Sagesse de Dieu
n’est pas la sagesse du monde
SAINT Paul dans la première lecture de ce dimanche nous parle de la Sagesse de Dieu opposée à la sagesse du monde. En quoi consiste cette Sagesse ? Que veut-il dire en affirmant que si Jésus, Sagesse de Dieu, était apparu comme Seigneur de gloire, les Pharisiens et les chefs des prêtres ne l’auraient pas crucifié ?
Jésus, Sagesse de Dieu, Force de Dieu, a tout réglé, décidé à la perfection. Il voulait être crucifié. Il devait être crucifié. C’était une nécessité, non pas de sa justice, mais de l’amour de Dieu voulant nous faire comprendre, toucher nos cœurs, ce qu’était son amour miséricordieux, pardonnant nos crimes. Donc, il fallait, pour que le Fils de Dieu soit la victime du péché des hommes, qu’Il tombe à leur merci, qu’Il soit pauvre et petit. Et que, dans cet événement unique de l’histoire qui devait arriver, qui était de portée éternelle et universelle, Il soit plus homme que Dieu. Il fallait qu’Il soit apparemment homme et même, ayant même perdu l’apparence de l’homme, si nous en croyons la prophétie d’Isaïe au chapitre 53e : « comme un ver de terre », qu’Il ne soit plus qu’esclave des hommes et non pas leur Maître, qu’Il soit plus fragile que fort.
Au jardin de l’Agonie, quand ils arrivent, tout tremblants, pour mettre la main sur Lui, Jésus n’avait qu’à souffler et tous ces gens-là étaient réduits au néant. La preuve, c’est qu’ils tombent en arrière, sans même qu’Il ait dit une parole. Donc, il fallait qu’Il soit faible plutôt que fort.
Il fallait aussi qu’en face de ses juges, Il soit silencieux. Jésus pouvait être le plus admirable avocat dans sa propre cause, puis réduire au silence le grand prêtre, montrer toutes les illégalités de ce procès, que sais-je ? Il n’avait qu’à parler ! Il se tait. Ce n’est pas qu’Il soit embarrassé pour parler, Il veut être silencieux plutôt que superbe et dominateur.
Il a donc manifesté une incroyable faiblesse dans son arrestation. Il a manifesté tristesse et angoisse. Il n’a jamais dit qu’Il était heureux de souffrir. S’Il avait été débordant de joie dans son supplice, Il ne nous aurait pas fait comprendre ce que le péché Lui avait coûté de peines et de douleurs. Jésus dans son agonie était triste et angoissé. Il est tombé dans un sentiment de solitude épouvantable. Il le fallait et Il l’a été réellement. Tous l’ont abandonné. Il n’a pas eu de défense. Personne ne l’a défendu. Il a paru embarrassé, là, au milieu du sanhédrin. Il aurait pu tourner pharisiens et sadducéens les uns contre les autres. De même, la Sainte Vierge n’a pas ri du tout à Fatima.
Il s’est fait objet de dérision et de mépris pour être enfin écrasé et mis à mort comme un rien : « Si tu es Fils de Dieu, descends de la Croix ! » Il n’a pas bougé. Les clous étaient plus forts que Lui ? Apparemment ! Parce qu’il le fallait, parce qu’il fallait obtenir enfin la mesure du péché du monde, cette mesure qui est la justice des hommes, faisant comprendre l’amour de Dieu qui est supérieur à toute justice. La mesure du péché des hommes, la mesure de la perfidie juive, la mesure de la haine des méchants qui est aussi la mesure du pardon divin.
Telle est la logique de la Rédemption, par laquelle Jésus se fait triste et angoissé, souffrant dans sa Passion, réduit à rien dans sa Croix et dans sa mort. Si Jésus avait été plein de joie dans ses tribulations, s’Il s’était montré impassible sous les coups, miraculeusement guéri après la flagellation, remis sur pied aussitôt après chaque séance de torture, on n’aurait pas cru que Ses souffrances aient été réelles, et le monde, à travers les siècles, n’aurait pas cru que ce Dieu fait Homme avait vécu réellement une agonie, qu’Il avait vraiment souffert pour nos péchés. Et donc, nul n’aurait attribué à son Sacrifice cette valeur infinie que nous sommes obligés de Lui reconnaître à chaque fois que, en larmes, nous lisons le récit de sa Passion.
Donc, la prédication du Christ sur la Croix n’est pas vaine parce que Jésus a réellement souffert pour notre rédemption et notre salut éternel. Telle est la Sagesse de Dieu opposée à la sagesse du monde.
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la retraite l’Évangile de Paul
S 63 (1985) – 12e conférence