12 MARS 2023
Jésus et la Samaritaine
Ô mon Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit,
Je vous adore avec les sentiments de la plus grande admiration pour votre grandeur, de la plus grande humilité pour ma bassesse. Vous êtes ici présent au tabernacle, comme en votre vie mortelle, en votre humanité, en votre divinité, comme vous étiez en Samarie, en Judée, mais ressuscité, glorieux, entouré des saints et des anges de la cour céleste, louant votre gloire pour l’éternité.
Et, par la grâce de mon baptême, je me trouve introduit dans cette cour de vos adorateurs et cependant je suis tout navré de ma misère, et je voudrais ce matin faire de votre conversation avec la Samaritaine l’objet de ma méditation.
J’implore pour cela votre Esprit-Saint, afin qu’il me donne des lumières profondes sur ces paroles difficiles à entendre, et qui pourtant s’adressent encore à moi à travers les siècles. J’implore donc la Vierge Marie.
Je me représente le puits de Jacob, cette femme qui vient puiser de l’eau comme chaque jour, corvée quotidienne la plus banale ; une femme vulgaire, une femme de rien, et vous, ô Jésus, qui avez décidé de toute éternité de vous trouver là sur son chemin, et de lui adresser des paroles merveilleuses de salut éternel. La scène est d’une extrême simplicité. L’eau qu’elle vient chercher, qu’y a-t-il de plus commun ? C’est la vie humaine, c’est ma propre vie absorbée par les occupations quotidiennes. C’est sur ce tissu des jours, au fil des aventures les plus désordonnées de tant et tant d’êtres humains, que Jésus a choisi cette femme comme un véritable échantillon de notre condition, afin que nous nous reconnaissions en elle, en sorte que les paroles qu’il lui adresse nous parlent à nous aussi.
Ces paroles, je n’aurai jamais fini de les comprendre... Mais si je me fais de cette eau vive une représentation abstraite ou trop concrète, je ne serais plus capable de comprendre quelle coupure l’irruption de la grâce divine fait en ma vie. Celui qui croit vraiment, tout à coup, est transformé.
C’est sans doute ce qui est arrivé à cette femme de Samarie. A partir du moment de sa rencontre avec Jésus, elle a eu en son cœur, la Sagesse de Dieu comme une source. Et voilà ce que vous m’offrez, ô Jésus, ce à quoi je veux croire, afin que ma vie en soit transformée, afin de ne pas avoir besoin de consolations humaines ; afin que ce soit uniquement en vous que je trouve cette eau dont j’ai soif, qui non seulement vivifie, mais me transforme en source jaillissante, inépuisable. Car cette eau que vous donnez est une énergie inépuisable...
Vous me faites connaître de quelle soif vous brûlez, de quelle volonté vous êtes animé de me communiquer cette eau vive que j’attends de vous.
Pour votre Cœur, c’est désir infini de me sauver, de me vivifier, de me transformer.
Pour moi, reconnaissance, admiration envers vous. Vous venez à ce puits, non en service commandé, mais pour désaltérer les âmes, par un désir de votre Cœur.
L’incompréhension est le fondement du symbolisme de votre prédication. Aussi, les Apôtres qui surviennent ne comprennent-ils pas comment vous avez rassasié votre “ faim ”. Il y a dans votre être un appétit, une faim, qui ressemble à la faim terrestre, mais qui est tout autre. Jésus, vous nous révélez vos entrailles de miséricorde. Jésus, vous aviez faim en marchant vers le puits, comme les Apôtres, mais d’une autre faim, et c’est la rencontre avec les gens de Samarie qui a vous a repu. Vous aviez faim des âmes, faim d’annoncer la vérité, de communiquer votre Sagesse et de faire la Volonté du Père. Alors, je pense qu’ aujourd’hui encore, vous avez faim dans vos entrailles d’une faim qui ne s’apaise que dans un bon repas qui est celui des noces de l’Agneau, lorsque vous vous donnez en nourriture à ceux que vous aimez...
J’ai envers vous une très grande reconnaissance pour m’avoir enseigné de tels mystères sous une forme si simple qu’il m’est facile de m’en souvenir.
Qu’y a-t-il de plus simple qu’une femme venant puiser de l’eau, qu’un homme, qui aux environs de midi, a faim ?
Cette femme, c’est moi, cet homme, c’est vous ; mais votre faim, c’est de me donner votre vie de grâce pour la vie éternelle, et ma soif, c’est de la recevoir.
Donnez-moi cette vie de la grâce, ô Jésus, pour que je n’aie plus soif, et pour que vous-même, n’ayez plus faim.
Abbé Georges de Nantes
Extraits de l’oraison du 21 janvier 1979