6 AVRIL 2023 - JEUDI SAINT

La Vierge Marie était en agonie avec son Fils  portant les péchés du monde

Ô mon Jésus, présent dans le tabernacle, nous vous adorons et nous vous bénissons parce que vous avez racheté le monde par votre Sainte Croix, et nous voulons rester une heure avec vous, comme vous l’avez demandé, au moment où l’Église commémore votre Agonie au jardin des Oliviers.

La Vierge Marie n’était pas là, à l’agonie. Sa souffrance était une souffrance séparée de celle de Jésus. Dans son Cœur, elle savait que Jésus souffrait, mais que c’était un jardin clos, qu’elle ne devait, qu’il ne fallait pas y entrer. Mystère d’une souffrance qui la dépassait.

Jésus ne voulait pas tirer une consolation sensible de la souffrance de sa Mère, afin que soit parfaitement accomplie la parole : « J’ai cherché un consolateur et je n’en ai pas trouvé. » La Vierge savait que cette souffrance était aussi pour elle, même si elle n’avait pas de tache sur la conscience, car elle était immaculée grâce aux mérites de Jésus.

Si elle avait été présente, elle eût souffert avec Jésus à égalité, Jésus aurait eu un repos en elle, or il ne le voulait pas, car il fallait gagner la grâce pour elle aussi. Voilà ce qui explique l’horrible séparation de la Mère et du Fils. Jésus s’est trouvé, il l’a voulu, très, très seul, même les Apôtres dormaient. Il les avait laissés en arrière et il s’était éloigné d’un jet de pierre de ses trois apôtres préférés : Pierre, Jacques et Jean. Il avait une sueur de sang, il souffrait à l’extrême, une souffrance que personne ne peut mesurer. La Sainte Vierge ressentait dans son Cœur cette souffrance.

Jésus se trouvait dans une solitude affreuse, mais cette solitude était partagée. Il était impossible que la Vierge Marie remplie de l’Esprit-Saint comme elle l’était, n’ait pas été elle-même prévenue de ce qui se passait. Dans la solitude de sa chambre, elle a été comme renseignée par l’Esprit-Saint de chacune des phases, des étapes de cette agonie et elle a commencé de rentrer dans ce rôle de consolatrice de son Fils, à distance (...). S’il pense à moi, je suis sûre qu’il saura que je suis avec lui dans cette agonie, et que je le réconforte comme une mère réconforte son fils dans son agonie.

Je suis sûr que la Vierge Marie, par une communion spirituelle, a vécu ce moment en agonie avec son Fils. Pendant trente ans, elle n’a pas eu une seule joie dans sa vie sans que cette joie soit aussitôt atténuée par la pensée qu’un jour, il faudrait payer tout cela, et que c’était bienheureux que ce soit pour le salut du monde.

Un empire de ténèbres les séparait ; elle vivait cette agonie pour lui, avec lui, en lui, par lui, elle en avait la force. Ce qui était terrible pour le Fils de Dieu, c’était d’avouer tous les péchés du monde comme étant les siens propres. Il s’est fait péché pour nous, dit saint Paul, il a porté notre péché devant Celui qui est la Sainteté, devant son Père. C’est un mystère. Nous qui avons tant de peine à confesser, à admettre nos péchés et lui, Jésus, le Saint, il s’est recouvert de tous ces péchés que nous n’osons pas accuser nous-mêmes. Il les a faits siens comme si c’était lui qui les avait portés devant le Père. La Vierge Marie, sachant tout cela dans sa sagesse, s’est fait péché avec Jésus-Christ. C’est effrayant !

La Vierge Marie évidemment savait pourquoi Jésus allait être persécuté, mis en prison, condamné, et mis à mort. Elle souffrait avec lui en sachant que cette souffrance allait sauver l’humanité.

Votre Cœur, ô Marie, connaissait à ce moment les mêmes angoisses que votre divin Fils. Vous l’aidiez autant qu’une créature peut aider son Créateur, mais aussi autant qu’une mère peut aider son enfant abattu par le chagrin. Vous suiviez comme pas à pas votre Enfant conduit par les gardes au palais, outragé bassement, moqué, frappé. Vous n’avez pas dormi un seul instant durant cette nuit où il souffrait sa Passion cruelle. Vous offriez toutes ces souffrances et acceptiez cette terrible journée du vendredi-saint qui commençait pour aider au salut du monde.

frère Bruno de Jésus-Marie
Extraits de la 6e conférence de la retraite : Vie de la Très Sainte Vierge