Morale totale
La femme selon le Christ
LA relation constituante de la femme et de l’homme les établit l’un et l’autre dans un système de relations, conditionné et caractérisé par leur sexe (...). L’homme a autorité, initiative, activité extérieure, raison et force en partage. Il se répand en multiples travaux et passions : il est pluridimensionnel. La femme est amour, désir, passivité intime. Elle a la beauté, la bonté en partage et cherche la jouissance d’un amour partagé qui la comble et l’épanouisse dans la maternité : elle est unidimensionnelle.
Cette différenciation organique, physiologique et psychologique est aussi le signe d’une “ inégalité ” qui est différence, complémentarité. Autant de termes qui ne se comprennent en toute vérité qu’à la pleine lumière de la Révélation, et qui impliquent une morale différente pour l’homme et pour la femme.
Ce qui va de soi dans la logique de notre Morale relationnelle, révolte les moralistes rationalistes qui confondent homme et femme dans une même définition de la nature humaine universelle et nécessaire. Héritiers de la Révolution française, révoltés contre le plan de Dieu, ils exigent : Égalité, Identité, indépendance (...). C’est ainsi que le féminisme lutte pour l’égalité et l’indifférenciation de l’homme et de la femme, mais il en arrive à des monstruosités qui mettent en question l’avenir de notre espèce...
À SON IMAGE ET RESSEMBLANCE,
DIEU LES CRÉA HOMME ET FEMME (Gn 1, 27)
« La biologie suffit à découvrir les caractères de complémentarité, subordination et égalité des éléments du couple humain. Même dans les détails. Le féminisme par exemple argue des récentes découvertes sur la rigoureuse similitude fonctionnelle des gamètes de l’un et de l’autre sexe (cependant seul le gamète mâle détermine le sexe du rejeton) pour déclarer périmée l’affirmation séculaire de la supériorité du mâle, principe actif, sur la femelle, passive. C’est oublier que bien au-delà de la relation sexuelle où la femme se soumet à l’homme, le spermatozoïde et l’ovule prolongent la même différence structurale, l’un est une sphère inerte en attente, l’autre une flèche en recherche de son but et de son repos.
Pourquoi insister ? Parce que tout est pur pour les purs, et qu’il s’agit là du plus sacré de la vie humaine : de savoir si le couple humain est l’association de deux personnes égales et autonomes, ou s’ils sont à eux deux, homme et femme, dans leur subordination l’un à l’autre et tous deux au Créateur, l’image et la ressemblance de Dieu.
IMAGE ET RESSEMBLANCE DE DIEU
« L’anatomie le suggère et la biologie le montre mieux, mais c’est la Révélation qui va le mettre en pleine lumière : Dieu, l’Homme et la Femme entretiennent entre eux trois une très profonde et mystérieuse union, de complémentarité et de subordination conspirant à une certaine égalité tangentielle.
« Dieu le Père est la Source, il est Tout. L’Homme sorti de Lui est à l’image et à la ressemblance du Fils qui est la Force, la Sagesse, le Verbe de Dieu. Adam est à la ressemblance de la Deuxième Personne, il est avec Dieu et dans une certaine mesure déjà, comme Dieu. Il est dans le monde créé, le chef qui doit croître et se multiplier, et dominer. La Femme, tirée par Dieu d’Adam, est l’image et la ressemblance du Saint-Esprit, qui est l’Amour, le Don, le doux rayonnement de la joie divine et le terme du mouvement en qui celui-ci se retourne vers son Principe. Ève est le terme de la création, en qui la force se fait tendresse et la sagesse recueillement, joie et amour (...).
De cette doctrine découle une merveilleuse morale, une morale mystique, et ce n’est pas de trop pour redresser la vie sexuelle de l’humanité. Au lieu de « faire l’amour » loin de Dieu, en se cachant de lui, comme s’il ne connaissait pas tout cela et n’en voulait pas, Lui qui l’a créé ! l’homme et la femme sont invités par Lui à s’aimer sous son regard, dans sa grâce, avec sa bénédiction sacramentelle, c’est-à-dire dans sa force enveloppante et divinisante...
L’HOMME, dans sa relation sexuelle, est appelé à être image du Fils, à être et paraître fort et sage aux yeux de sa femme comme un fils de Dieu, comme une image de Dieu pour elle. Il est son chef, son maître, mais au nom du Seul qui le soit principalement, absolument, et qui est le Père. D’où sa force, son autorité, son prestige, certains, mais tout relatifs.
LA FEMME, dans sa condition même d’épouse, ne peut être considérée comme un objet, comme une chose inférieure dont use, profite et jouit l’homme à sa guise. Elle est, dans sa soumission et son infériorité même, comme la Troisième Personne divine, l’Amour qui reçoit tout, et qui rend à celui qui l’épouse tout autant qu’elle reçoit de lui, soumise et subordonnée, mais dans l’égalité de nature et l’égalité tangentielle de l’échange, de la réciprocité et de l’union d’amour. Parce qu’elle est plus que la compagne de l’homme, plus que la « moitié » de l’homme, elle est aussi le terme de la bénédiction divine, elle est aux yeux de son époux l’inattendu, l’immérité, le merveilleux et le plus ardemment désiré des dons sans lequel il ne trouverait aucune complétude. Dans la femme, image de la grâce, l’homme trouve l’ultime sujet de son Action de grâces et de sa reconnaissance au Père.
« L’analogie trinitaire ne s’arrête pas là. Elle se prolonge encore, mais sur un autre plan, dans une rupture de continuité absolument essentielle. Car s’il est vrai que toutes les créatures procèdent de l’Amour que féconde la Sagesse du Père, les Personnes divines n’avaient nul besoin de ce prolongement de l’être dans notre contingence. Leur plénitude se terminait dans leur Trinité bienheureuse. Cependant c’est une décision merveilleuse que cette libre création dont nous sommes le terme infiniment reconnaissant. Eh ! bien, c’est de la même manière, gratuite et heureuse, que l’être, la vie, l’amour du Père, de l’époux et de l’épouse se terminent dans cette trinité parfaite de personnes. Et cependant celle-ci produit de nouveaux êtres et de nouvelles vies à la ressemblance de la fécondité divine créatrice, par un don du Père et par la puissance génitale de l’homme dans l’épouse féconde. Une pléiade de fils et de filles tirés du sein maternel, mais non sans le germe paternel et grâce à l’infusion de l’âme par Dieu, perpétue le genre humain merveilleusement. La force génésique précontenue dans l’union conjugale et dans l’attrait même de l’amour nous révèle à quel point la création s’enracine profond dans la nature intime d’un Dieu qui est tout amour. » (CRC no 65, février 1973, p. 12) (...).
L’IDÉAL DE LA FEMME CHRÉTIENNE
C’est celui de la femme qui réalise pleinement sa vocation en étant l’épouse d’un homme qui la comble et l’épanouit dans une maternité entendue par elle comme coopération à sa paternité. À l’image et ressemblance du Saint-Esprit qui est absolument tout au Christ et à la défense de ses intérêts, elle est pour son époux, pour ses enfants, pour son Dieu tout don de soi par amour, dans l’amour, pour l’amour. C’est en ce sens très élevé que nous la disons unidimensionnelle.
BEAUTÉ, BONTÉ, SAGESSE
La beauté asservie à sa vocation, c’est la pudeur. La beauté corporelle est, de soi, un attrait pour l’amour de l’homme, mais ses effets sont de nature différente selon que la femme se montre : provocante, émouvante, “ sanctifiante ”.
- L’impudique, barbare, païenne, animale provoque l’instinct brutal dont l’assouvissement ne laisse guère de trace chez l’homme et ne correspond qu’à l’une de ses passions, assez vite surclassée par une autre. La vertu de pudeur est un obstacle à ce ravage de la femme par l’homme, et cette utilisation d’elle comme instrument de jouissance passagère.
- L’attendrissante, proprement féminine ou humaine provoque l’amour de l’homme satisfaisant en plénitude le désir de la femme d’être aimée et de jouir de l’amour partagé. Mais c’est une réduction, une absorption, une servitude de l’homme aux charmes de sa femme, dans un égoïsme contraire à sa nature et à sa volonté d’homme. La vertu de soumission est un obstacle à cette réduction de l’homme au culte de la femme. C’est elle qui, dans son amour, veut suivre l’homme, l’admirer, le comprendre, l’aider, en toutes ses activités et pensées, ses passions.
- La “sanctifiante ”. Par sa soumission de femme, elle rappelle à l’homme sa soumission à Dieu le Créateur et Père Tout-Puissant. La femme, grâce à sa beauté mystérieuse, qui est fragilité, faiblesse, humilité, offre à l’homme un spectacle qui le désarme et, pour ainsi dire, l’adoucit, le “ retourne ” et de maître fait de lui un “ obligé ”, un “ déférent ”, un doux. La vertu de religion, de piété conjugale, de fidélité, humble et silencieuse, de pardon scelle définitivement l’union conjugale dans un sacrifice d’amour, qui la rend indépendante des aléas de la vie.
SOUMISSION HÉROÏQUE
Saint Paul affirme la volonté de Dieu : « Que les femmes soient soumises à leurs maris comme au Seigneur ; et les maris soumis au Christ » (cf. Ep 5, 22-25). Tant que la volonté de l’homme demeure fixée dans le devoir conjugal, familial, professionnel et religieux, cette fidèle soumission est joie mutuelle. Mais que faire si le mari n’est pas soumis au Christ et garde ses défauts dominants, naturels : orgueil, égoïsme ? Face à cette situation, la femme n’a qu’une possibilité de salut ! La vertu de religion, de piété conjugale, de fidélité humble et silencieuse, de pardon : elle continuera à être soumise à son mari comme si c’était le Christ.
Dieu a voulu que les choses soient ainsi. L’homme étant l’image de Dieu, même s’il se dévoie, même s’il ne répond pas à sa vocation, il reste le chef de la famille. Si sa femme se révolte contre lui, c’est la ruine de la famille. Il faut faire de nécessité vertu. Dieu a voulu que la femme donne le spectacle de cette vertu particulière : la soumission jusqu’au sacrifice. Dans les cas de trahison conjugale, etc. c’est la seule conduite que l’Église recommande.
Mais si l’homme veut imposer ses crimes à sa femme, la rendre complice de ses mensonges, de ses vols, de ses adultères, etc ? Elle refusera ce qui est contre Dieu, mais elle se soumettra pour le reste, l’empêchant de se libérer d’elle et sauvant ainsi le ménage, la famille. Refuser cela n’est pas chrétien. L’accepter, c’est la voie de la sainteté.
II. LA MAUVAISE FEMME
Passons rapidement sur les violations évidentes de la morale, par la femme orgueilleuse ou sensuelle. La première possède beaucoup de caractères du mâle : intelligente, physiquement forte, d’une volonté énergique, c’est une “ dominante ” qui refuse la sujétion propre au sexe féminin et s’érige en rivale de son mari. C’est détestable, invivable. La seconde est d’une beauté sans cœur et d’un égoïsme énorme qui peut aller jusqu’au refus de la maternité et même jusqu’à l’adultère ou à la prostitution.
LE PÉCHÉ DE LA FEMME QUI SE CROIT « HONNÊTE »
Quantité de femmes que l’on juge honorables, qui elles-mêmes se jugent très honorables, sont pourtant de mauvaises femmes ! Le péché qui fait la mauvaise femme, c’est la rancœur, la déception qui se loge au centre même de sa vocation de femme, d’épouse si bien comprise, voulue, rêvée, vécue pendant un temps. Cette vocation à l’amour, qui est le rêve essentiel de la femme, voici qu’il est brisé ; cette brisure va mettre la peine, la révolte ou l’amertume au cœur de son cœur, et tout empoisonner.
LES FRUITS EMPOISONNÉS DE LA RANCŒUR
Juste ou injuste – allez donc savoir ! – la rancœur produit dans un foyer un ensemble de désordres et de maux catastrophiques.
La femme s’érige en juge, mais c’est trop de prétention : juge et partie, elle plaide sa cause avec des accents de procureur. Elle attribue au mari la responsabilité première, puis toutes les accélérations de la mésentente, présentant ses propres coups de boutoir comme des actes défensifs ou vengeurs. Sa jalousie, naturelle dans tout amour de femme, aggrave sa détresse, mais du coup, sa méchanceté vis-à-vis de tous : mari, femmes suspectées, ménages heureux... Son orgueil blessé produit un mépris de plus en plus manifeste et scandaleux de son mari. Son malheur justifie son laisser-aller et l’abandon de ses tâches domestiques... et parfois de sa propre fidélité conjugale.
Elle mobilise pour sa défense tous ceux qu’elle peut atteindre : enfants, parents, amis, prêtres. Son attachement soudain à la religion fait craindre qu’elle n’y cherche qu’un tribunal favorable à sa cause. Incapable de soutenir pareille lutte, il arrive qu’elle sombre dans la déprime et généralise son malheur dans un pessimisme universel.
De telles femmes encombrent les mouvements et les associations où elles trouvent une vengeance, un alibi ou un dérivatif à leur échec conjugal. Elles prennent parfois leur revanche en se jetant dans un adultère délibéré et construit en contraste avec le mariage raté ; ou encore par une réussite professionnelle pour faire preuve de ses capacités ou de sa supériorité !
LE REMÈDE À CETTE PROLIFÉRATION DU MAL
Il se trouve dans la morale naturelle et dans la mystique chrétienne, l’une épaulant l’autre, toutes deux adossées à un ordre public et à une autorité ecclésiastique armés pour juger de ces sortes d’atteintes à la loi sacrée du mariage, et pour sanctionner efficacement, au spirituel et au temporel, sa violation de quelque côté qu’elle vienne.
Le remède intime, c’est un surcroît de vertu selon la vocation de la femme : oubli des injures, pardon, générosité, admiration sauvegardée, dévouement accru, silence, patience, attente, charité qui répondent au mal par le bien (...). Sagesse qui suppose une renaissance du cœur !
LA MAGNANIMITÉ DE LA FEMME : SERVANTE ET REINE
La magnanimité de l’homme, image du Père réside dans sa paternité. Il l’exerce avec autorité et puissance, mais en fils soumis à Dieu, en religieux. Sa paternité familiale se prolongera en une paternité sociale, professionnelle, au gré de sa position et de ses initiatives. La magnanimité de la femme, image de la créature dans sa relation à l’homme comme procréateur, se trouve au contraire ou différemment, ou complémentairement dans une soumission consentie, quoique forcée ! et aimée par amour de l’époux...
Soumission, car elle se met dans cet état de subordination, de sujétion, voire d’esclavage, tout d’abord afin de lui laisser “ toute la place ” pour qu’il se “ réalise ”, en second lieu pour lui être une présence sans cesse réconfortante de beauté, d’intuition, d’affection, de plaisir, de joie, de bonne entente et d’union. En troisième lieu pour être le moyen légitime du grand dessein de l’homme : sa paternité (...). Sans en rien montrer, cette magnanimité de soumission de l’épouse peut égaler, en creux, la magnanimité, tout en relief, de l’époux. Son étendue peut être plus grande même : alors qu’elle est si efficace en son domaine propre, elle sert aussi très puissamment la carrière, la sagesse, la force, l’autorité de son mari ; toujours comme un faire-valoir, jamais à la façon d’une dominatrice ou d’une concurrente.
Dans les cas extrêmes d’un mari faible et inférieur à ses tâches, ou d’un mari affaibli par l’âge, ou d’un veuvage, la perfection de l’épouse se connaîtra dans cette forme de magnanimité où elle paraîtra encore et toujours en sous-ordre ; si elle règne en fait, elle saura donner le sentiment que ce n’est encore qu’en fidélité à son mari, sa tête, son chef !
« Je suis la servante du Seigneur. » La Vierge a dit cette parole, une femme ne se dégrade pas à la répéter au jour de son mariage et chaque jour de sa vie : « Je suis la servante de mon seigneur, qui est mon mari. » Mais parce que la Vierge a dit : « Je suis la servante du Seigneur », l’Église l’acclame en chantant : « Salut Reine des Cieux ! » Parce qu’elle s’est abaissée, Dieu l’a élevée.
Que la Bienheureuse Vierge Marie aide nos mères, nos femmes, nos épouses à lui être un peu semblables ; ainsi l’homme, époux et père, n’en sera que porté au bien, c’est-à-dire à l’accomplissement de sa vocation dans la joie d’un amour partagé !
Abbé Georges de Nantes
Extraits de la conférence du 17 avril 1986